En 2015, François Hollande c'est 900 euros de dette publique supplémentaire par français !
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52ème Chronique

Poitiers, une héritière un peu gauche

Kritix, le Friday 2 April 2010 - 5514 consultations - Commenter la chronique

Alain Claeys, premier édile de Poitiers, lors des très délicates orientations budgétaires pour 2010 du conseil municipal du 22 février dernier (voir la chronique précédente), rappela que la gauche rassemblée se devait de calculer au plus juste la hausse de la fiscalité. Et de préciser, comme pour se dédouaner, que les français accepteraient de faire des efforts si ils voyaient des résultats.

Poitiers finance l'essentiel de la pauvreté de l'agglomération

Depuis déjà quelques semaines, le maire de Poitiers est confronté à la grogne toujours plus grande des classes moyennes en voie de disparition. Cette grogne s'est manifestée ouvertement à Poitiers lors des discussions sur la cantine scolaire... Pour innocenter les choix politiques de la majorité poitevine, le député ou plutôt le président ou peut-être même le maire fit de toutes ses prérogatives aux fins contradictoires un plaidoyer d'orientations subies.
       Le plus curieux dans l'affaire, c'est que le premier édile oublia de préciser qu'il lui appartenait, et à lui seul, d'adapter voire de faire des coupes sombres si l'intérêt de la collectivité le nécessitait. L'ubiquité répond de toutes les opportunités : en la circonstance rien de grave ne serait donc à constater puisque la politique reste pour l'essentiel inchangée ! Alors que c'est la disette pour tous les ménages, la ville de Poitiers persiste dans une dépense publique d'avant-crise ! La baisse du train de vie ce sera pour plus tard, quand la douleur sera plus vive... Et quand on est dans l'impasse, on en appèle à la complexité. Enfin, rappelons ce petit détail de bonne gouvernance : un élu de la République est là pour apporter des solutions, non pour suivre le mouvement.

Notre Dame des Dunes protégeant le Clain à Poitiers, décembre 2009.
© kritix.com

Le maire de Poitiers termina sa présentation générale en soulignant que la priorité était l'emploi et la solidarité. Que l'on peut traduire en ces termes : l'emploi de la fonction publique territoriale directe (fonctionnaires territoriaux ou affiliés) et indirecte (associations) et la solidarité (la charité publique). Il est manifeste que la création de nouvelles richesses à Poitiers n'est pas une priorité : l'intérêt général sera pour plus tard !

Inédit à Poitiers depuis longtemps : croissance de l'Épargne brute alias capacité d'auto-financement

Le grand argentier de Poitiers, Francis Chalard, tint à préciser que ces orientations budgétaires étaient menées dans « un contexte économique peu favorable ». Francis Chalard n'est pas homme à s'en laisser compter : sa mission est de rendre les choix politiques financièrement tenables ; ce que cet incontournable homme de l'ombre sait conduire avec maestria. En le recrutant, l'élu Alain Claeys voulait du rigorisme pour que les dérapages du passé restent au passé. Mais puisque l'héritage, il faut bien l'assumer comme il est ; de la dépense, il va y en avoir pour une décennie... Allez, on se sert les coudes camarades !

D'emblée, le préposé aux finances calma les ardeurs. Et de vanter les mérites de son plan : limiter la pression fiscale, améliorer l'épargne brute, lancer un programme d'investissements publics de 10 millions en euros constants. Le bureau du maire a décidé de soutenir le BTP avant de développer le tissu des PME... rôle dévolu opportunément au Conseil Général de la Vienne. Mais le bureau du maire vous vantera les mérites des financements croisés, sorte de démission du pouvoir municipal !

L'adroit Francis Chalard signifia l'entrée de 1% de nouvelles richesses fiscales et dans le même temps, 1,5% de dépenses de fonctionnement supplémentaires. Quant à la dette par habitant, elle serait dans la moyenne des villes de même strate : environ 1078 euros par habitant. Pour lui, le résultat de son équation budgétaire est une dette optimisée sans emprunts toxiques ; ce qui est l'un des bons aspects de l'héritage comptable des mandatures Jacques Santrot. Le maire de Poitiers écouta avec bonheur le bel exercice d'une recrue à l'expertise avenante pour tout bon gestionnaire qui se respecte.

L'Impôt : outil non punitif de redistribution devant répondre de la justice fiscale

L'élu vert Robert Rochaud, effarouché : « La suppression de la taxe professionnelle, après le bouclier fiscal, est un nouveau transfert de la fiscalité des entreprises vers les ménages ! » Il se scandalisa de la hausse inévitable, à ses yeux, de l'injuste impôt qu'est la taxe d'habitation. Il rappela que la somme de 430 000 euros correspondait à un point de fiscalité à Poitiers.

Notre Dame des Dunes à Poitiers, décembre 2009.
© kritix.com

Le conseiller Jean Jacques Guérin, inquiet : « Ces orientations budgétaires sont importantes ! [...] Les bases économiques de la France sont fragiles. Contrairement à ce qu'affirme le gouvernement, le système est en crise... » Tiens, il semble que les citoyens d'en-haut Didier Migaud et Gilles Carrez aient fait passer le mot... Le conseiller continua, alarmiste, « Les salariés paient [la politique de l'État] avec une réalité de 4 millions de chômeurs ! Les collectivités sont dans le collimateur avec une réforme autoritaire et dirigiste ! C'est la démocratie de proximité qui est atteinte. [...] La reprise s'annonce lente et chaotique. [...] Les réponses sont dans la façon de gérer la volonté de résister à cette politique antisociale ! Nos choix sont inverses à ceux du gouvernement. [...] [Il faut] retisser les liens sociaux. [...] Le service public permet de rééquilibrer les richesses. [...] C'est un effort important demandé aux poitevins ! [...] [Il faut] remettre les besoins humains au cœur de nos préoccupations... »
       Après ce développement, le conseiller mit en exergue le respect de la parole donnée, l'émancipation territoriale et la solidarité à mettre en œuvre au quotidien.

Le Medef local considère que l'investissement décidé par la ville de Poitiers permet de maintenir un semblant d'activité. Un dynamisme tout relatif : tout est bon à prendre quand l'appauvrissement de la plupart se généralise.
       L'opposant Modem Philippe Mahou, soucieux : « Le document est succinct. On peut regretter le copier-coller. [...] Il campe sur des positions quand le contexte change ! C'est une pression fiscale supplémentaire dans un contexte de déflation ! [...] Nous proposons de calculer la valeur des recettes, de définir le niveau de pression fiscale et de définir la dépense comme variable. [...] Quid de la création de richesse ? [Nous devons] faire preuve de pédagogie avec l'usager-contribuable. [...] [Pour ce qui est de] l'encours du crédit, nous voyons la barre symbolique des 100 millions d'euros dépassée ! Il faut gonfler l'épargne brute vu les incertitudes sur la rigueur ; vu la clause de compétence en suspend. [...] Pour conclure, les besoins de financements augmentent. La politique c'est le choix. Or, nous craignons une collectivité pas armée. »
       Devant la clairvoyance de son opposant centriste, le président député-maire Alain Claeys, agacé, botta en touche : « Vous ne pouvez pas nous reprocher d'appliquer notre programme ! » L'opposition fut atterrée par l'indigence de l'argument...

Hors d'elle, l'opposante de la gauche alternative Maryse Desbourdes entra dans le débat, essayant de réveiller une gauche conservatrice : « L'État est au service exclusivement des plus riches ! Les différents plans de relance, c'est [pour] maintenir les profits ! Et ça marche ! Ils sont là ! C'est la hausse des impôts et la destruction des services publics ! C'est la crise du Capital et ce n'est pas à la population d'en payer le prix ! C'est la double peine ! »
       Le maire de Poitiers justifia les hausses fiscales : « L'inflation est à 1,2%, le désengagement de l'État est entre 1,2 et 1,5% ! »
       L'édile Maryse Desbourdes ne se laissa pas déstabiliser et poursuivit, plus remontée que jamais : « Vous jonglez avec les chiffres ! Il y a un taux d'imposition qui va grever la fiscalité des ménages ! Votre présentation du désengagement de l'État... »
       Tout net, le maire lui coupa la parole et les yeux dans les yeux, foudroyant : « Comment on fait ? »

Le député-maire Alain CLAEYS et sa première adjointe Christine SARRAZIN-BAUDOUX, lors du conseil municipal du 22 février 2010.
© kritix.com

L'opposante, habituée aux manœuvres hostiles, sut rester à sa place : « On n'est pas à l'école ! Ne faites pas l'imbécile ! [Rires de l'assemblée, NDLR] On a très bien compris comment vous faites votre budget ! [...] Les désengagements de l'État ne sont pas une fatalité ! Battons-nous avant ! Le budget de la ville augmente : [il y a] une embellie de son pouvoir d'achat ! Les citoyens poitevins s'appauvrissent, pas la ville ! Est-ce que les investissements sont faits pour dynamiser ? Quels types d'emplois ? En matière d'investissements, nous sommes pour la relance de l'économie par la consommation. Vous faites une bonne gestion de gauche libérale ! L'objectif est de sortir du modèle imposé par un Capital en crise. Telle est notre conception de la gauche. »

L'opposant UMP Stéphane Braconnier prit alors la parole, se voulant très détaché des mesquineries : « On n'est pas pour polémiquer. [...] Si je devais résumer ces orientations budgétaires... le budget s'inscrit dans une certaine forme de routine fiscale justifiée par le prétendu désengagement de l'État. Moi, je regarde le document : le postulat sur lequel on se base. [...] La France fait bien mieux que ses partenaires européens. [Croire que] les collectivités territoriales [sont considérées] comme variable d'ajustement, c'est risible ! »
       Le maire coupa la parole à son opposant : « Ce que vous avez oublié de dire, [c'est qu'on] a perdu 11 millions d'euros avec France Telecom ! »
       L'élu Stéphane Braconnier, irrité : « Les recettes de la CAP ne baisseront pas ! »
       Le maire au bord de l'apoplexie, « Francis Chalard a beaucoup de défauts, mais il ne triche pas avec les chiffres ! »
       Rendons à César ce qui est à César : le grand argentier de Poitiers a en effet toutes les qualités d'un gestionnaire avisé. Cependant, il faut bien reconnaître que le budget est parfois abscons, voire obscur sur les financements de certaines subventions aux associations ou bien sur les financements de certains budgets de fonctionnements où le strict minimum est indiqué. En cela, il s'agit ni plus ni moins d'une politique explicite, où arcanes et voluptueuses alcôves municipales disposent à l'envi d'un bon plaisir, parfois suranné...

Alain Claeys : « Je crois qu'on sous-estime la gravité de la situation. »

L'opposant Stéphane Braconnier, tonitruant : « La suppression de la taxe professionnelle ne réduit pas les rentrées fiscales ! »
       Le maire navré : « Je crois qu'on sous-estime la gravité de la situation [de la France]. Votre ministre de l'économie est une très bonne ministre libérale ! » Interloqué, l'opposant demanda le pourquoi de cette digression... « Parce qu'on nous en a fait la remarque ! » rétorqua le maire fabiusien; la remise en cause idéologique de la conseillère Maryse Desbourdes ne passait pas...
       Incisif, Stéphane Braconnier reprit : « On a une hausse de la pression fiscale pour faire face à un héritage lourd à porter. [...] Ce n'est pas très glorieux... Les dépenses de fonctionnement croissent de 1,5% contre 1,2% d'inflation ! C'est le coût de l'héritage direct et indirect. Les coûts induits des fermetures : Poitiers va devenir leader dans les structures amovibles et provisoires ! Il n'y a pas de visibilité sur le budget du TAP ! »
       Il est a noter que seul l'UMP conteste le désengagement de l'État au sein du Conseil municipal de Poitiers. Il paraît désormais acquis par tous bons gestionnaires modérés, que le désengagement de l'État est une réalité. Pourtant, les élus de Poitiers acceptèrent de financer la LGV : cet autre désengagement de l'État ! Cette complicité, connivence assouvie, a le vice de la vertu...

Alain Claeys : « J'assume l'héritage ! »

L'élu Alain Claeys endossa toutes ses responsabilités, la voix sentencieuse : « J'assume l'héritage [de Jacques Santrot] ! » Le premier édile fit savoir qu'il fallait avoir quelques qualités pour être élu... Que le suffrage universel ne saurait lui être contesté, ayant été élu brillamment dés le premier tour. Devant l'opposant Stéphane Braconnier qui demandait son droit d'inventaire, le maire indiqua une fin de non-recevoir, lui signifiant : « N'attendez pas de moi le début du commencement [d'un inventaire] ! »C'est dans ces moments que l'on mesure l'état de santé d'une République : la réaffirmation des légitimités et la question des responsabilités des élus... En somme, le linge sale se lave en famille. Circulez, il n'y a plus rien à voir ! C'est l'une des pratiques d'un Pouvoir. Vous voyez bien que la transparence ne peut pas exister...

Conseil municipal "orientations budgétaires" du 22 février 2010, salle des Échevins à l'Hôtel de Ville de Poitiers.
© kritix.com

Le premier édile, courroucé : « C'est insupportable politiquement que de voter contre les dépenses de fonctionnement ! C'est trop facile ! Quant aux investissements, c'est de la routine ce que nous faisons ? [...] D'accord, vous êtes contre les recettes ! [...] Excusez-moi, je me suis un tout petit peu emporté... » Un élu de la République ne doit jamais s'excuser quand ses actes défendent ses concitoyens. C'est une colère saine que la courtoisie ignore. Que voulez-vous, monsieur le maire croyait voir de la faiblesse dans son emportement alors qu'il n'en est rien.

Mélancolie d'une « vallée de croissance »

Passionné, le conseiller Mustapha El Belgsir se porta au secours d'un maire harassé : « Il est difficile d'accepter qu'on puisse, par des interventions, mettre en doute la nature de nos engagements ; [interventions] qui tentent de brouiller. Sans richesses, il n'y a pas de solidarité ! Sans solidarité, il n'y a pas de richesses pérennes. La solidarité c'est l'impôt. » La logique est admirable et juste. Il est regrettable que cet équilibre ne se traduise pas complètement dans les litigieuses orientations budgétaires... Le conseiller poursuivit, « En attendant une majorité meilleure au niveau national, nous n'avons pas d'autres solutions ! [C'est discutable : un choix unilatéral n'est pas un choix, c'est un ordre de mission, NDLR] Nous avons raison d'utiliser l'épargne brute pour l'investissement. Ces orientations budgétaires sont sans concession : nos dépenses vitales représentent les besoins de nos territoires [Avec un constat : +40% de demandeurs d'emplois longue durée, NDLR]. Notre pays se trouve dans une vallée de croissance à cause du gouvernement... »
       L'opposant UMP Daniel Ayrault jadis si vindicatif, lui, le pourfendeur des années Santrot, marqua sa stupéfaction : « Je découvre avec plaisir ce débat animé ! » L'opposant a perdu de sa superbe...

Le comble de la colère

L'opposant Stéphane Braconnier parla sans ambages, « Nous sommes constants. À chaque vote, nous les avons assortis de réserves. [...] On ne veut pas faire un coup politique... [Et le conseiller fixa le maire, NDLR] Ne sur-jouez pas votre colère habituelle ! On peut caricaturer l'opposition, [mais] je suis parfaitement à l'aise avec nos votes... »

Le maire de Poitiers, caustique, « Je me félicite que les subventions soient votées à l'unanimité... » C'est alors que le conseiller de la majorité Aurélien Tricot exprima une vive inquiétude quant à la pérennité des choix politiques du premier édile Alain Claeys, « Il y a la grave réforme territoriale qui s'annonce, qui remettrait en cause la clause générale de compétence... » Est ici remis en cause tout un pan de la politique de solidarité à Poitiers...

L'élu Bernard Cornu trouva Poitiers sur son chemin de Damas

Poitiers se cachait... Poitiers apprivoise dorénavant l'affection d'un poitevin d'adoption, Bernard Cornu, qui sait comprendre et la cité millénaire, et les Poitevins d'aujourd'hui. En cela remercions le maire de Poitiers pour sa perspicacité ; et qui rappèle à son Conseil, dés qu'il le peut, non sans une certaine fierté, que « Poitiers est entre de bonnes mains ». Le maire se gardant bien de préciser que la conduite de son adjoint dépendra essentiellement de ses vœux : ce qui est logique, mais important à préciser pour comprendre d'éventuels malentendus quant aux postures et pratiques politiques que cet élu serait obligé de mener. Cet adjoint, aussi brillant soit-il n'a évidemment pas le dernier mot...
       Il semble que Poitiers ait trouvé en cet esprit républicain et d'écoute, tant la tolérance que l'ouverture d'esprit indispensable au bon renouvellement urbain. « Une ville qui se cache » s'acoquine de sa différence et voit ses rues se paver de Possibles.

Lumière d'automne nimbant la crypte de l'église Sainte-Radegonde de Poitiers, en octobre 2008.
© kritix.com

Bernard Cornu, toujours très consciencieux et pédagogue, la voix claire : « Le PADD est le préambule du futur PLU... C'est sur la ville qu'il faut reconstruire la ville ! » Il invita à mesurer « la densité urbaine, préserver les espaces naturels. Le PLU sera opérationnel dans un an. Il y a eu la première étape du zonage. La seconde sur les orientations d'aménagement territorial. »
       Pour qui peut assister aux réunions publiques de cet élu, peut se réjouir de la liberté de ton qu'il professe, de sa très grande considération qu'il a pour ses interlocuteurs. L'élu Bernard Cornu est tout simplement un élu de la République comme il devrait s'en trouver partout. Poitiers lui fera confiance, à moins qu'il ne soit contraint à ne pas être conforme à l'esprit républicain par cette vanité qui porte tout responsable suprême à concentrer les pouvoirs entre ses seules mains. Il est à craindre que cet élu n'en soit déjà victime : les faisceaux d'indices ne manquent pas dans la pratique du Pouvoir poitevin. À commencer par des silences éloquents en séance publique, des empressements fortuits, etc.

L'opposition, par sa circonspection, montra une fois de plus la compétence de l'élu Bernard Cornu. Sans être dupe du jeu qui se trame, l'opposition se scandalisera plus tard de dérives républicaines et de l'installation d'un gouvernement d'experts ! D'ailleurs le projet « Cœur d'agglo » illustre parfaitement cette pratique du Pouvoir où l'on donne du prémâché idéologique aux poitevins qui n'ont plus qu'à choisir entre rien et... le prémâché idéologique. Que les intentions soient bonnes ou mauvaises, il y a ici un déni patent de démocratie représentative, un abus de pouvoir. La confiance du peuple ne saurait être détournée pour satisfaire la vanité de quelques-uns. En attendant, l'air du temps a gagné Poitiers et officiellement le développement durable serait une réalité poitevine.

Le maire de Poitiers rasséréné par Bernard Cornu « le sage » : « Je crois que les choses bougent. Le préfet vient d'arrêter le périmètre du SCOP, en liaison étroite avec le Conseil Général. Il faudra mener une réflexion sur l'inter-urbain Poitiers-Châtellerault [et] avoir des réponses collectives. Il faut trouver des complémentarités : s'occuper des bureaux de la gare sans le Futuroscope est absurde ! »
       Alain Claeys a tiré les enseignements, désastreux pour l'intérêt général, des conflits de personnes entre les présidents Jean-Pierre Raffarin et Jacques Santrot : autre temps, autres mœurs... Longtemps en retrait, l'élu Alain Claeys a eu le temps de gagner la confiance du Conseil Général de la Vienne. Sa complicité avec le maire de Saint Benoît Dominique Clément, ami de Jean-Pierre Raffarin, en atteste ; tout comme sa considération pour le président du Conseil général de la Vienne Claude Bertaud, qu'il connaît si bien... L'exercice est périlleux tant il est facile d'y perdre son âme.
       Las, le premier Édile, comme désolé devant l'ingratitude de l'héritage urbanistique de Jacques Santrot : « Il faut du temps, c'est comme ça... » Bah ! Cachons ces arrières-pensées que l'on ne sauraient voir !

Ryanair: permis de vendre son âme au diable

La salle des échevins après le conseil de la CAP du 13 févier 2009.
© kritix.com

Jadis, le président Jacques Santrot versait au milliardaire de Ryanair sa gabelle sans sourciller... Depuis, Alain Claeys veut s'émanciper de ces pratiques douteuses et amener la concurrence à réduire les coûts pour la collectivité. Ryanair, c'est la fortune d'un homme construite sur le dos des contribuables ! Et la gauche locale de l'engraisser !
       Le premier Édile se porta sur le délicat dossier Ryanair : « Il faut casser le monopole de Ryanair. [Surcoût de 7 euros par passagers. Il a été décidé un moratoire, NDLR] Le concessionnaire reste la chambre de commerce jusqu'en 2018. [...] Il faut repartir sur des bases claires. [La gestion de Jacques Santrot était-elle obscure ? NDLR] Ne pas financer la LGV aurait été une bêtise : la situation est différente pour Ryanair... » Le maire se trompe : dans les deux cas, il s'agit de désengagements financiers aux logiques nationales et internationales, qui n'ont pas à être supportées par le seul contribuable local. RFF, voilage de la dérèglementation, a plus de crédit aux yeux du maire que Ryanair, voilà tout.

Le proche avenir montrera que les logiques de privatisations mèneront aux promesses non tenues. Il n'est qu'à rappeler comment le premier ministre socialiste Lionel Jospin privatisa à tout va, au nom du suivisme européen. La République Française s'affaiblit par des renoncements, non par la fatalité.

Mise au pas de la démocratie par l'alibi du consensus

Le conseiller MoDem Maxime Huille : « [Au sujet de] la politique de quantification du bilan carbone par services, nous regrettons qu'elle n'apparaisse pas dans le projet urbain. [...] Quel accompagnement sur la transition énergétique ? »
       Bernard Cornu, tendu : « Le PADD n'est pas fait pour ça ! On en est au consensus à l'ensemble de l'agglomération... »
       Maryse Desbourdes, écœurée : « Il sert à quoi ce doc ? Je l'ai lu. Moi non plus, je n'ai pas été au débat ! » Face à l'épreuve des faits, le maire perdit son sang-froid... Mais conseillère tint bon : « Mais on n'attaque pas les personnes ! »
       Bernard Cornu : « On était plus d'une centaine à chacune des réunions, sur invitations, non publiques [Il aurait été intéressant de connaître les noms des invités, NDLR]. C'est le fruit d'une grande concertations. Elle traduit le développement de l'agglomération. Ce n'est pas un document opérationnel mais une vision à mettre politiquement en œuvre. »

En l'espèce, il s'agirait du retour à la politique des experts : les années 90 dans toutes leur splendeur avec les désastreux résultats politiques que l'on connaît aujourd'hui ! On prend les mêmes et on recommence ! En somme, les spécialistes émettent un consensus mis en musique politiquement par la docilité de beaucoup d'élus.
       La concertation en démocratie ce n'est pas des conciliabules entre notables triés sur le volet ! Si l'élu Bernard Cornu applique ce qu'on lui ordonne de faire, il revient aux élus de remettre en cause le consensus en en discutant chacun des points. Cette méthode bureaucratique dégrade dangereusement la démocratie représentative. C'est une dérive qui court-circuite les débats publics.

Henri de Richemont, conseiller régional UMP : « J'ai toujours l'impression que les coopératives ça fonctionne comme les collectivités de communes : personne ne parle et quelques-uns décident ! » (source)

Ornement de la salle du Blason de l'hôtel de ville de Poitiers, en 2009.
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La conseillère Maryse Desbourdes, dépitée par la mauvaise foi des défenseurs de Ryanair :« Je ne me suis pas emballée. Ryanair, il faut arrêter de la subventionner ! Sur les déplacements, ce que l'on met sur la LGV SEA pourrait servir à des déplacements plus écologiques. » Selon le maire de Poitiers, la LGV développera le TER. Il cherche ainsi à convaincre les réticences de la région Poitou-Charentes sur le dossier.

Le conseiller Robert Rochaud, réticent sur les intentions réelles des tractations à huis clos : « Selon le PLU, on va lutter contre l'étalement urbain. Dans les discussions, je sens encore beaucoup d'urbanisation de zones nouvelles. »
       L'élu Patrick Coronas se montra pour le moins réservé.
       Le conseiller Bernard Cornu, impavide : « Ce texte n'est pas normatif. [Il ne fait pas force de loi, mais recommande vivement les orientation à prendre, NDLR] Il traduit l'état actuel du renouvellement urbain en lieu et place de l'expansion urbaine : c'est un point important. » Le maire fit savoir que c'était une vision de la CAP au-delà des sensibilités. Les grands notables de droite ont leur part du gâteau...
       Et puis, au détour d'une délibération, Alain Claeys décora une conseillère Verte : « Ce soir, Christiane [Fraysse], tu as les galons d'une bonne gestionnaire ! »

Alors que la séance publique allait prendre fin, le maire se félicita de l'unanimisme sur la politique de ravalement des façades. Il est vrai qu'un centre-ville défraichi est un titre de gloire pour personne, surtout pas pour les prédécesseurs... L'opposant Stéphane Braconnier fit ricaner, la menace feinte : « On va s'abstenir ! ».

21h30 : le Conseil municipal de Poitiers du 22 février 2010 prit fin, après 3h30 de séance publique.


Trombinoscope de la municipalité de Poitiers (2014-...) [pdf]
Trombinoscope de la Communauté d'Agglomération de Poitiers (2014-...) [externe]
Trombinoscope de la municipalité de Poitiers (2008-2014) [pdf]
Trombinoscope de la Communauté d'Agglomération de Poitiers (2008-2014) [pdf]

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