En 2015, François Hollande c'est 900 euros de dette publique supplémentaire par français !
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26ème Chronique

LGV : l'État Sarkozy c'est la CAP ...itulation ! (acte 2)

Kritix, le Thursday 11 June 2009 - 4881 consultations - Commenter la chronique

Ce que la CAP a caché au contribuable de Poitiers ! Publié par le Canard Enchaîné du 10 juin 2009 dans « Les bétonneurs bloquent les TGV de Sarko » signé par Hervé Liffran, « [Le partenariat public-privé] permet aux groupes industriels de construire puis de gérer [...] des lignes de TGV [...] en échange d'un loyer versé par la collectivité pendant des dizaines d'années [...] Le gouvernement a fait voter une loi qui autorise l'État à garantir à hauteur de 80 % [...] les emprunts levés par les partenaires privés [Ce partenariat sera une charge pour la dette nationale alors que l'opération devrait être neutre pour le contribuable ! ndr] [...] Le plus gros chantier, celui de la ligne TGV Tours-Bordeaux (7,2 milliards), pourrait être financé à 50 % par le gouvernement et les collectivités locales. [...] Les groupes Eiffage, Vinci et Bouygues [...] exigent [...] de profiter de la garantie de l'État. [...] Les éventuels bénefs pour eux, les risques pour le trésor public ». La CAP collabore avec l'ultra-libéralisme du gouvernement Fillon !

Dans le même temps, voyez citoyens à quoi ressemble un débat public en France provinciale de 2009.

Tour de la gare de Poitiers, en mai 2009.
© kritix.com

Madame le maire de Migné-Auxances Florence Jardin (divers gauche), membre du bureau de la CAP, prit la parole en ce début de débat formel du 29 mai 2009 à Poitiers, « Pour Migné c'est douloureux, mais après débats, au moment où on s'inquiète de l'état du service public et de l'absence d'engagements écrits de RFF [Réseau Ferré de France, ndr], pour ma part, je m'opposerai symboliquement en m'abstenant sur la délibération. » Monsieur le maire de Chasseneuil-du-Poitou Claude Eidelstein (divers droite), membre du bureau de la CAP, fut le second à exprimer la position officielle d'une commune de la CAP, « Il y a un progrès, des avancées sur le viaduc de l'Auxances. Les élus de Chasseneuil du Poitou voteront pour ce protocole. »

Monsieur le maire de Biard Anthony Siraut (élu sans étiquette sur la liste vitalité et unité pour Biard, en étant de gauche), membre du bureau de la CAP, la voix serrée, étranglé par la douloureuse discipline de vote et les pressions de la Communauté d'Agglomération, « J'émets un regret sur le déroulement des échanges avec RFF : son incompréhension et son manque d'écoute ! Je ne remercierai pas le préfet [Bernard Tomasini, ndr] : il oublie Biard à la table des négociations alors que la commune est parcourue de part en part ! Nous sommes devant des questions sans réponses. Je suis interrogatif sur le site de Larnay et les cheminements qui restent sans réponses. Je voterai pour [d'une voix fluette, tremblante, traumatisée par la loi du plus fort, ndr] grâce à la nouvelle rédaction. » La réécriture avait été exécutée durant la commission à huis clos qui précéda la séance publique et qui s'éternisa... On comprend mieux pourquoi : Poitiers ne voulait pas de schismes parmi des élus de sensibilités de gauche. Une certaine vision de la solidarité dans l'inter-communalité ; un piteux état des lieux que l'Omerta entérina de bonne grâce...

L'inoxydable conseillère Maryse Desbourdes (élue de gauche alternative) sut parler sans langue de bois, « Pour les habitants, ça ne s'arrêtera pas à la CAP, mais à la région et au département sur un même calendrier ! [Le ministre Jean Louis] Borloo en Limousin [sur la question de la ligne ferrovière Nantes-Limoges, ndr] fera aussi ce marchandage ; ce qui ne devrait pas se faire ! Les collectivités vont s'endetter sur 40 ans, au détriment du TER [Train Express Régional, ndr] ! La LGV c'est la vitrine ; côté cour c'est la friche, avec les fermetures de gares ! Cette délibération n'est pas à la hauteur ! Plus négatif : est-ce que les communes peuvent abandonner ? Non ! De quelles réserves parle-t-on ?! En votant pour, vous allez entériner un concessionnaire privé : les communes ne sont pas propriétaires des réseaux, qu'elles [les collectivités, ndr] récupèreront à l'issue [du remboursement] de la dette ! » En un mot, le scandale n'est pas tant la ligne LGV que son plan de financement.

« On assistera à une recrudescence d'accidents dans le fret. Dans ce dossier, il n' y a aucune transparence ! Il faut respecter nos concitoyens, ne serait-ce que par son coût démesuré. Dans le Limousin, la Creuse, les élus vont-ils passer outre la colère des citoyens ? Nous disons Non à ce projet en lequel nous avons aucune confiance ! De quel progrès parlons-nous ?! Le courage politique serait de reconnaître que nous nous sommes trompés... » Maryse Desbourdes montra avec intégrité que de négociations, il n'y en eut pas ! L'ambiance était électrique, le malaise palpable, dans un silence de mort... Peu d'élus se manifestèrent, par peur des représailles partisanes que la solidarité implique...

La préfecture de Région irradie Poitiers, en mai 2009.
© kritix.com

Monsieur le maire de Buxerolles, Jean-Marie Paratte (socialiste), membre du bureau de la CAP, « Cela fait 140 ans qu'une collectivité ne s'est pas prononcée sur le ferroviaire. [...] En moins de 30 ans, le pays a équipé, a traumatisé les populations ! En Espagne, on construit à marche forcée des lignes à grande vitesse. Que sont les lignes Madrid-Leòn [dans le réseau ferroviaire arc atlantique [pdf], ndr] ? Une construction à marche forcée du LGV.
       Pour illustrer les questions graves et importantes soumises à notre assemblée : jusqu'en 1938, les compagnies étaient privées en France.
       Ce sont des enjeux en terme de développement durable. C'est un projet qui soulève un formidable espoir !
 » Monsieur le maire de Saint-Benoît, Dominique Clément (UMP), membre du bureau de la CAP, ce gentleman, un brin snobe, « La beauté politique est que nous avons l'obligation de regarder à 360 degrés, l'impact de nos décisions. [La délibération] s'inscrit dans une logique temporelle qui nous dépasse. Pour terminer, malgré cette décision difficile, on n'a pas le droit de tourner le dos à l'avenir ! »

Le fidèle conseiller socialiste Aurélien Tricot, membre du bureau de la CAP, « Nous faisons face à une décision historique ! Poitiers, la Vienne, est un territoire tertiaire public. Si les élus du XIXème siècle avaient voulu l'industrie, Poitiers n'aurait pas le visage qu'elle a aujourd'hui. [La LGV] marque en terme d'industrie. Cette décision doit être faite à 100-150 ans ! Il faut voter oui : les perspectives de développement s'imposent. Le débat rail-route ne nous permet pas le recul. La structure économique de Poitiers en dépend ! » Présage d'erreurs... Le TGV est à Poitiers et l'industrie ne s'y installe pas, alors que la technopole du Futuroscope sait faire rougir de honte la Belle endormie... Le transport n'est donc pas, à lui seul, la variable d'ajustement du développement, surtout quand c'est à l'échelle internationale et donc dépasse de loin les intérêts de Poitiers qui peinera à ramasser les miettes de la grande vitesse. Une politique économique se pense dans un programme politique. Observez les programmes politiques qui se donnent les moyens de cette ambition et vous serez extrêmement surpris de l'absence d'ambition de certains barons locaux en la matière. La richesse attendra pour Poitiers !

Le conseiller Jean Jacques Guérin (communiste), membre du bureau de la CAP, « J'approuve cette délibération. Ces volontés de rééquilibrer les modes de transports sont autant de réponses à la sécurité, l'aménagement du territoire. Poitiers, capitale régionale, a ce besoin de rayonnement et de développement. Nous avons la chance d'avoir une gare de centre-ville : je crois qu'il ne faut pas oublier l'optimisation du TER.
       Je ne suis pas satisfait du montage financier. Je crains la privatisation de RFF depuis que l'ouverture à la concurrence est une réalité depuis 2005
[le président Alain Claeys sourit, pensif, désabusé, ndr]. Ce choix de politique nationale est devenu un choix de politique locale. L'éclatement possible de la SNCF sera très grave si c'est comme EDF, la poste... avec la logique du processus : changement de statut, ouverture du capital, privatisation. Cette volonté de transférer ce qui est profitable : ça ne manque pas d'air ! On ne voit pas le bout du tunnel ! Je voudrai demander au gouvernement d'assumer ses responsabilités... qu'il assume ses responsabilités. La solution, je la donne comme éclairage : comme dirait monsieur le président [Alain Claeys, ndr], l'État et l'UE doivent augmenter leur participation. Les collectivités sont ces vaches à lait, possiblement tournées vers la privatisation ! »

Poitiers, hôtel de ville en avril 2009.
© kritix.com

Le conseiller Robert Rochaud (Verts), membre du bureau de la CAP, « Nous les Verts, nous sommes devant un dilemme : nous sommes très attachés au service public et pourtant devant cette novlangue de la privatisation ! La puissance publique ne sera pas maître de la ligne : ce n'est pas acceptable ! Ce maillon est essentiel pour l'UE qui ne consacre que peu de moyens à cette compétence. Avec la baisse des impôts sur les revenus, l'État n'a plus les moyens de sa politique. La situation financière de la CAP impliquera une hausse des impôts locaux ! Nous devrions voter contre, mais nous nous abstiendrons. » Le dépit que constitue la discipline de vote, assomme aussi l'honnête homme.

Le conseiller Yves Jean (majorité socialiste), d'une voix posée, « La politique de l'État, de la SNCF, n'est pas inscrite dans la morale : […] la loi peut changer ! […] Sur la finalité [de la LGV], il y a une mobilisation. Je suis déçu par l'absence de politique européenne que constitue l'enjeu fondamental de l'attractivité. » Le conseiller El Mustapha Belgsir (majorité socialiste), membre du bureau de la CAP, discret, « Nous votons pour un projet structurant. Je n'oublierai pas de militer. J'avais un rêve, celui de l'unanimité, parce que ce projet le vaut bien ! » le président Alain Claeys esquissa un large sourire de contentement cosmétique.

Monsieur le maire de Fontaine-le-Comte, Philippe Brottier, membre du bureau de la CAP, « Le projet a été mal mené, mais est financé. Heureusement que les élus n'ont pas oublié l'humain ! Il y a une urgence à ce que ça se fasse. Les sacrifices pour la Nation, les citoyens savent le faire ! Ce beau projet sera un moyen de revendiquer. » Poitevins, vous l'aurez compris : sacrifiez vous, on vous l'ordonne ! Et perclus, le sort jeté, vous pourrez quémander...

Le conseiller Maurice Monange (socialiste), membre du bureau de la CAP, « Il est rare qu'un petit élu local comme moi... » « Ooooooooh ! » fit, condescendante, l'assemblée délibérante. Ce vétéran de la politique poitevine est très amère du peu de considération que beaucoup lui ont porté en le déchargeant de la plupart des hautes responsabilités... Maurice Monange reprit, imperturbable, avec ce ton calme, très au-dessus de la mêlée, « Il est rare qu'un petit élu local comme moi, puisse avoir la possibilité de peser sur ce dossier. Il n'est pas univoque. Il va coûter aux populations, pèsera sur les contribuables, va peser sur le plan humain. Mais l'enjeu est vital ! Si nous ne faisons rien, l'Atlantique sera marginalisé : en marge de l'UE ! Si cette LGV se fait, […] Limoges sera une amorce vers le centre de l'UE. C'est le choix entre rien et un tremplin de développement. Au nom de l'intérêt suprême, je voterai pour cette délibération ! »

Une petite voix de la commune de Montamisé, « Montamisé votera pour ! C'est la première fois que je prends la parole. Montamisé est dans l'embarras : cette délibération pose question en terme de solidarité vis à vis de la commune de Migné-Auxances. On cherche l'État, on cherche l'UE ! J'ai l'impression de laisser des élus sur le carreau. Cela me gêne terriblement ! » Il fut rappelé que la commune de Migné-Auxances ne votait pas contre la LGV, mais contre les engagements pris !

Poitiers : le président de la CAP songeant aux transparences de l'histoire de sa capitale.
© kritix.com

Le président de la CAP Alain Claeys, affectant une gravité de circonstance, « Je crois que ce débat a été utile, large et illustre bien le combat mené. La solidarité est positive pour la CAP. Je ne me résigne pas du démantèlement du service public. Il va y avoir un besoin de service public. On est à la fin d'un cycle !
       Je suis fatigué... Je remercie le ton de ce débat : la démocratie représentative en sort grandie !
 » Il semble que le ton ait dû être bien différent à huis clos : le linge sale, il se lave en famille, par solidarité...
      
       Le collège de la CAP passa au vote solennel... Le président malicieusement, « Monsieur Tricot, vous n'avez pas de compliments ! » (le conseiller venait de faire quelques erreurs sur le comptage des voix des nonistes sur ladite délibération) Le président, sentencieux au décompte de ce vote à mains levées, « 6 Non, 8 Abstentions... [le comptage des Oui tarda, avec gravité et humour, on se donna du mal à égrainer le nombre de mains levée que le président fit baisser par tranches, de droite à gauche, ndr] On n'est pas en Corse ! 51 Oui ! On est d'accord ! Merci ! » Voilà comment fut adoptée cette séculaire délibération sur laquelle notre bonne Aliénor d'Aquitaine saura nous porter quelque secours, l'amour courtois aidant. Une même antienne que nous sauront toujours psalmodier : Protège notre commune...

21h38, le président joueur, « Je manque à tous mes devoirs ! Je vous présente la responsable de l'urbanisme qui vient de la communauté de Rodez ». Deux délibérations s'en suivirent... Puis le président Alain Claeys, aimant, chérissant ses condisciples « Vraiment, merci beaucoup ! »

21h40, comme sonné, le président de la CAP resta là, dans son fauteuil, hébété, comme prostré, immobile, les yeux perdus dans le lointain, ce vague à l'âme, cette mélancolie de l'aboutissement ; ne semblant plus trop y croire. Lui qui travailla jusqu'à l'ultime commission le détail du dossier... LGV : ça y est, c'est fait ! De guerre lasse, Alain Claeys est un homme soulagé par le devoir accompli et chargé comme un sherpa de ces nouvelles responsabilités devant l'histoire... Depuis son élection, un peu plus d'un an a passé, et déjà son empreinte imprime durablement les comptes de la capitale du Poitou : les poitevins jugeront. Dans les cieux poitevins, l'épée de Damoclès serait perceptible...


       Vous pouvez aussi consulter : LGV Sud Atlantique : Conseils express en Vienne


Trombinoscope de la municipalité de Poitiers (2014-...) [pdf]
Trombinoscope de la Communauté d'Agglomération de Poitiers (2014-...) [externe]
Trombinoscope de la municipalité de Poitiers (2008-2014) [pdf]
Trombinoscope de la Communauté d'Agglomération de Poitiers (2008-2014) [pdf]

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