En 2015, François Hollande c'est 900 euros de dette publique supplémentaire par français !
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37ème Chronique

PLU de Poitiers : un bourgeois, une poule, assis sur un tabouret...

Kritix, le Thursday 15 October 2009 - 6069 consultations - Commenter la chronique

Mélancolique, les paupières lourdes, la conseillère Laurence Vallois Rouet luttait contre la fatigue... 20h56, il était question d'approuver la signature avec l'ANRU. Le conseiller Patrick Coronas fit cafouiller le conseiller Jean François Macaire sur des démolitions ; ce qui amusa. Le conseiller Maurice Monange fit rire le maire comme il le faisait avec Jacques Santrot... On se serait cru à la criée, au marché à l'encan !

La conseillère socialiste Laurence Vallois Rouet, lors de la séance publique du conseil municipal de Poitiers du 5 octobre 2009.
© kritix.com

Alain Claeys, la mine réjouie, « Un micro ! » En effet, les conseillers ont du mal à articuler et à porter distinctement la voix. Il faudrait une formation pour y palier.
       Sur la question des halles, la conseillère Maryse Desbourdes pensa aux oubliés de la délibération, « Il y a des salariés aux halles ! La priorité est d'améliorer les conditions de vie des salariés. »
       Le maire d'une voix doucereuse, « Merci Maryse ! »
       Le conseiller Philippe Mahou, levant le bras, « Je rejoins Maryse ! »
       Le maire magnanime, baissant les yeux sur le vétéran Monange, « Maurice, tu vois : pas trop froid, pas trop chaud [dans les halles] ! »
       Maurice Monange passa laborieusement aux choses sérieuses, au pittoresque d'une association, « 800 € pour la poule pictave ! » Le maire riait comme Henri IV.
       Reprenant ses esprits, le maire dira un peu plus tard que « remettre en état les berges du Clain pour nos concitoyens, c'est très important... » Enfin des lieux qui ne seront plus laissés à l'abandon...

Arrivé à la délibération 21 sur le PLU, le conseiller Bernard Cornu regretta qu'une délibération si importante ait été programmée à une heure si tardive : manière policée de dire que monsieur le maire, le regard noir, avait quelques problèmes avec les priorités. Bernard Cornu présenta scrupuleusement un vaste champ d'auto-critique politique sur le bilan, l'héritage de Jacques Santrot, dont le bienveillant Maurice Monange avait, pour partie, la charge...

Déçu par la décision d'en-haut, le conseiller Bernard Cornu fit son devoir républicain au pied de la tribune d'un maire glacial, « Il faut plus de temps, car c'est une délibération importante ! Je vous en donne les aspects essentiels. Poitiers, c'est 60 % des ménages éligibles au logement social ; ce qui est inquiétant ! Le marché du logement est très détendu. L'offre abondante [À qui la faute ? Peut-être aux permis de construire... NDR], les irrégularités fiscales, le grand nombre d'étudiants qui comptent pour un ménage, sont autant d'objectifs quantitatifs pour Poitiers à l'horizon 2010-2015 ; moment où il faudra construire 553 logements, dont 26 en acquisitions. À Poitiers, on a besoin d'accompagner l'expansion démographique naturelle, tout en tenant compte de l'état du marché, la crise et son impact. »

Escaliers de la gare de Poitiers, en septembre 2009.
© kritix.com

« Le troisième aspect de ce PLU, c'est les conséquences financières de ces actions : avec la production et la diversification de l'offre via le pass-foncier [Accès à la propriété, NDR] ; avec l'implantation globale de la réserve foncière [Décisions politiques, NDR] ; avec l'habitat indigne présent à Poitiers ; avec la production de logements sociaux ; avec la mixité sociale, il faut trouver une meilleure cohérence, un besoin de politique d'ensemble dans les attributions. [Par exemple, par l'instauration d'un dossier unique de demande]. Avec les dispositifs spécifiques destinés aux jeunes. Avec les épiceries et l'habitat très social et ses différents dispositifs.
       Voilà pour être rapide sur le PLH ! »

Tout en se voulant constructif, le conseiller verts Robert Rochaud déplora, lui aussi, un débat tardif pour une délibération cruciale, « le PLH et le PDU sont des projets, pour nous Verts, très favorables. Il y a un volontarisme sur un grand nombre de logements construits et sur le logement social. 28 % de logement social : ce pourcentage est très important hors Poitiers. 26 % à Migné-Auxances et Saint-Benoît : l'effort réduit l'écart [entre les communes de la CAP] sur le logement social, les HLM, même si Saint-Benoît reste sous les 10 %. Le pass-foncier est un outil de fuite : la fuite des ménages vers la deuxième, troisième couronne. »

« Les ménages sont étranglés par l'énergie. La collectivité fait un effort très important sur le logement social en terme d'attractivité du parc social public et ses travaux sur les économies d'énergie. Je ferai une proposition : une association "Toit par toi" est en train de restaurer, par l'auto-construction, avec un revenu mensuel de 1500 €. [L'auto-construction,] c'est construire soi-même avec une mise à disposition du terrain »

Poitiers : son blason au jardin des plantes. Septembre 2009.
© kritix.com

L'opposant Modem maxime Huille, caustique, « Pour exagérer un petit peu, on voit que les voitures sont dans le salon, avec les lotisseurs ! On le voit pour la Mérigotte ! Je ne dis pas que Bel air est raté, mais... » Il s'arrêta.
       L'opposant UMP Stéphane Braconnier, incisif, « Je regrette que ce débat arrive si tard ! » Alain Claeys encaissa, muet. « c'est les aléas du Conseil municpal... Le pilotage du PLU ne doit pas noyer l'info ! »
       Léger, le maire se défaussa, « Faîtes confiance à Bernard Cornu, il a l'esprit sain ! » Pourquoi ? Y aurait-il des conseillers infectés ?
       Stéphane Braconnier continua, d'une voix puissante, « Il faut l'équilibre entre le logement social et le non social. Il faut être prudent, car Poitiers, chose rare, témoigne d'une concurrence forte entre bailleurs sociaux et privés ! Les bailleurs sociaux font des ristournes [Aux frais du contribuable, NDR] ! Ce n'est pas une situation saine ! Il faut un équilibre sur le plan territorial. On s'est peu concerté sur les logements insalubres en centre-ville : [sur le problème de l'insalubrité,] il faut insister davantage que dans ce PLH. On a laissé cette situation se détériorer ! » dit-il en faisant référence à l'héritage des 31 ans de mandatures Jacques Santrot.

Le maire fit un lapsus en appelant son fidèle conseiller Yves Jean, Stéphane, comme si il l'eut prit pour l'opposition... Yves Jean s'associa aux regrets de ses amis de la majorité, pour se désoler de l'ordre des délibérations. Le maire, exaspéré par le manque de discipline de sa majorité, lança, complice, « Vous le connaissiez ! » Le conseiller Yves Jean, imperturbable, poursuivit d'une voix posée, « Je soutiens le PLH. L'attractivité de Poitiers augmente, autant que l'Ouest [de la France]. L'urbanité est renforcée. L'accent est mis sur la mixité sociale. Il faut le lire et en débattre ! » À bon entendeur : il faut sagement et publiquement peser toutes les décisions. Le maire n'insista pas devant cette fronde... spontanée ?

Poitiers : le président de la CAP songeant aux transparences de l'histoire de sa capitale.
© kritix.com

Le conseiller et président de Logiparc, Jean François Macaire, avaleur de couleuvres, d'une voix évanouie, « Bel Air, c'est un projet réussi avec les voitures. Parfois on tente de priver de garage des logements. Nous travaillons à des postes recharges électriques, voire des portiques photovoltaïques. Sur la mixité sociale, nous sommes en recul ! [Les nouveaux arrivants sont plus pauvres que leurs prédécesseurs à leur entrée dans les lieux]. Il faut soutenir le patrimoine existant : là où il y a le moins de mixité. Sur l'auto-construction et l'association "Toit par toi", c'est bien, mais compliqué... Mais on avance sur cette formule intelligente. »
       Le conseiller Patrick Coronas, comme toujours très pédagogue, comme devant sa classe, « Ce qui est particulier à Poitiers, c'est le niveau de revenu. La clientèle, terme bizarre, comprend une forte partie de la population qui correspond aux critères. [...] L'important, comme l'a dit Bernard Cornu, c'est le suivi de ce qui est fait, rapporté aux ambitions du PLH. Aussi, faudrait-il préférer [à la situation actuelle], une répartition homogène des HLM sur l'ensemble de la CAP. [...] Je note la pression forte sur le logement très social et la quadrature du cercle avec les logements HQE. »
       Le conseiller Michel Berthier, « Sur le logement insalubre de centre-ville, on n'a jamais connu une telle avancée en ce domaine. Avec le CCAS, c'est une avancée véritable [Le maire opina du chef, NDR]. On va s'inspirer du PLU de Poitiers, à Châtellerault, pour traiter le logement insalubre ! » Poitiers semble faire école...

Après avoir dignement assumé ses obligations républicaines, le conseiller Bernard Cornu clôtura, « Merci pour l'intérêt que le conseil municipal donne à cette question. On doit veiller à la cohérence du PLU et du PDU : le regard sur le logement induit une meilleure intensité urbaine. Dans l'équilibre entre Poitiers et la CAP, Poitiers apporte sa pierre à ce PLH. Le diagnostic souligne l'inadéquation, en terme qualitatif, de l'offre des logements : moyens [Appauvrissement de la population, NDR], taille du logement pour les familles, [Considération structurelle, NDR] […]. L'étalement urbain que constituent les lotissements de campagnes, induit des inadéquations. Il faut mettre en adéquation le territoire et le logement. Le problème du logement privé qui devient du logement social doit être en adéquation avec les habitants, le vieillissement, la précarisation. Il faut maitriser le logement privé et public. »

Vue de Théâtre-Auditorium de Poitiers (TAP) depuis la grande passerelle de la gare, en juin 2009.
© kritix.com

Un conseiller grisonnant lança, incrédule, « J'en ai vu passé des PLH ! »
       L'opposant Stéphane Braconnier se permit un rappel narquois, « On peut remercier la loi Boutin ! Le logement dépend étroitement de la population et de l'État. C'est un témoignage de ce que l'on vit sur le PLH. Il faut mesurer et prendre des orientations régulières durant le PLH [pour savoir si on va, ou trop loin, ou pas assez] et étudier la faisabilité. Merci pour l'attention portée à ce dossier ! »

Le maire de Poitiers qui n'avait pas fière allure, tenta une honorable sortie, toute en convenances et de bonne police, « Je voudrai féliciter Bernard Cornu et Dominique Clément, car c'est un travail de la CAP. Que le conseil municipal soit unanime sur le PLH, c'est bien que nous avons une vision commune de l'avenir de notre commune ! » Le magistrat Alain Claeys, par l'unanimisme, marqua la prééminence d'une certaine rétention de Pouvoir, que ses conseillers ne voudraient pas absolu. N'oublions jamais que le maire est, à l'origine, l'un des conseillers d'une liste électorale, élue par le peuple. En séance publique, beaucoup l'oublie.

Alain Claeys glorifia sa politique, « La cohérence du pilotage de ce PLH est une vision d'urbanisme fort. Il faut réintroduire une politique d'urbanisme plus forte qu'auparavant. » Le maire s'arrêta, mal à l'aise devant l'un de ceux qui conduisaient la politique contestée pendant des décennies : le conseiller Maurice Monange. Alain Claeys, chassant toute condescendance, « Ceci n'est pas une critique pour toi, Maurice ! » Un peu, quand même... Ce n'est pas très loyal pour ce bourgeois de la garde Santrot, ce notable de la bonne ville de Poitiers. Monsieur le président député-maire de Poitiers, et bourgeois aussi, affubla Maurice Monange de responsabilités qu'il partagea avec son grand ami Jacques Santrot...

Poitiers, église Saint Jean de Montierneuf, buste de saint Maurice. Octobre 2009
© kritix.com

Le maire de Poitiers passa son chemin, « L'ambition urbanistique est un travail sous-terrain, politique, long, parce que discret. La notion d'évaluation doit y trouver toute sa place. » Le Prince appuya, fit son compliment, son hommage à Bernard Cornu, humiliant par devers lui son prédécesseur le conseiller Maurice Monange... Lequel resta digne, ne broncha pas, mais sait ce que le mot ingratitude veut dire... Aucun hommage, rien pour celui qui reste discipliné... Maurice Monange connu pour son humour, laissa le jet de pierre à son lanceur... Aucun conseiller ne lui porta secours, lui qui fut toujours un grand humaniste ! Monsieur Monange tint une posture quasi christique ; les anges passèrent longuement !

Les 22h00 étaient passées depuis déjà un petit moment, quand brusquement Stéphane Braconnier, heurté par la délibération 73, s'écria, « On connait rien de l'association ! Ça sort de nul part ! C'est une situation inconcevable ! »
       La conseillère Christiane Fraysse, gênée, « D'habitude, elle ne sollicite pas la collectivité ! Ce peut être comparé aux jardins collectifs : c'est un circuit court... »
       Le maire, martial, la délicatesse réduite à la portion congrue, « Je connais l'association ! Vérifie si il y a une convention ! »
       L'opposant insurgé signala l'absence d'engagements. Il y eut un flottement... Le malaise crispa la majorité. Et Stéphane Braconnier d'enfoncer le clou, « Je trouve que pour voter 4500 € pour 70 habitants, c'est peu [d'arguments] ; même si c'est un travail pédagogique ! »
       Alain Claeys, pressant, après avoir voulu taire l'information, à l'adresse de sa conseillère Christiane Fraysse, « Actualise la convention ! Ne vous fâchez pas... Stéphane Braconnier n'a pas tort ! Moi, je suis favorable à cette subvention. On repousse le vote. » La réalité du pouvoir se trouve bien entre les mains d'un seul... Pourtant, à l'origine, le premier magistrat de la ville n'est autre que l'un des élus d'une même liste électorale ; et chaque élu de la majorité est souverain de son vote !
       Le maire continua, « Il faut toutes les garanties juridiques et on la passe au prochain conseil municipal. Ce n'est pas un désaveu ! » Évidemment, mais c'est une distribution légère des deniers publiques. Stéphane Braconnier entérina sa victoire en ayant fait plier et reculer le premier édile de Poitiers : monsieur le juriste connait fort bien les artifices règlementaires...

Madame la conseillère municipale et opposante Maryse Desbourdes, lors du conseil municipal du 30 mars 2009.
© kritix.com

Le conseil municipal prononça un vœu sur la conférence de Copenhague où la communauté internationale se mobilise pour réduire les gaz à effets de serre et où elle doit décider d'aides aux pays en voie de développement, pour leur permettre de s'adapter aux conséquences essentiellement dues aux excès des pays industrialisés.
       Le conseiller Verts Robert Rochaud, « Les collectivités territoriales jouent un rôle important dans les comportements et les activités de nos concitoyens ; comme Poitiers a joué un rôle important avec les circuits courts. Nous nous associons à "l'ultimatum climatique", cet appel au président de la République Française signé par, entre autres, les organisations WWF, Greenpeace, la fondation hulot, Action Climat... »
       Maryse Desbourdes s'insurgea contre les mauvaises pratiques procédurales, « Je m'abstiens sur cet appel, car je n'ai pas lu l'appel. Il y a un débat à faire sur le sujet : qui paye le productivisme des vrais pollueurs ?! Si on agit contre les vrais pollueurs, oui ; sinon, non. »
       Alain Claeys, ayant du mal à se contenir, cria, « On va voter ! Adopté ! Je lève le Conseil ! »

Madame Desbourdes s'offusqua que le maire n'ait pas entendu des citoyens militants de « Réseau Éducation Sans Frontières », qui patientèrent durant ces longues heures de délibérations... Le maire, piqué au vif, « Je n'ai pas peur des questions, madame Desbourdes ! »
       Le maire demanda à ce qu'on les écouta. L'organisation se plaignit du refus d'allouer des cartes de séjours aux étudiants étrangers. L'antenne universitaire de RESF demande au conseil municipal une prise de position officielle, à l'endroit de la préfecture de la Vienne. Alain Claeys s'adressa aux deux militants, « Pour l'image de la France, la politique des visas, c'est dramatique ! Je vous soutiens. Je ne fais pas de grandes déclarations, [mais] merci d'être restés jusqu'au bout. »
       Le maire ira rejoindre le collectif et échanger.

Il était 22h15, les conseillers harassés ; la séance terminée.


Trombinoscope de la municipalité de Poitiers (2014-...) [pdf]
Trombinoscope de la Communauté d'Agglomération de Poitiers (2014-...) [externe]
Trombinoscope de la municipalité de Poitiers (2008-2014) [pdf]
Trombinoscope de la Communauté d'Agglomération de Poitiers (2008-2014) [pdf]

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