Il y avait comme un air de nouveau monde... Dissipation sur tous les bancs : une opposition certes pas licencieuse mais distraite, une majorité certes pas conquérante mais sereine... Quand soudain, à la gauche de madame la présidente, chacun put constater la présence du géologue de l'Université de Poitiers Abderrazak El Albani. Madame la présidente, en guise de prolégomènes des débats régionaux, tint à rendre hommage au chercheur poitevin qui sut, et de quelle manière, montrer comment depuis une politique de Progrès l'on pouvait servir le bien commun bien au-delà des certitudes. Poitou-Charentes croit au Progrès qui le lui rend bien.
Lors de la séance publique du conseil régional de Poitou-Charentes du 9 juillet 2010, madame la présidente Ségolène Royal reçut donc le chercheur du laboratoire Hydrasa (Université de Poitiers – CNRS), monsieur Abderrazak El Albani, reconnu pour ses travaux sur les origines de la Vie. Travaux distingués par la revue scientifique américaine Nature.
Poitou-Charentes honore le géologue Abderrazak El Albani envoyé par kritixTV.
La présidente de la région Poitou-Charentes reçoit le Géologue-Sédimentologue poitevin Abderrazak El Albani.
"En 2010, il est à l'origine de l'une des découverte majeure du siècle : A la tête d'une équipe internationale il a découvert l'émergence de la vie multicellulaires eucaryotes dans des roches précambriennes datées de 2.1 Milliards d'années au Gabon." (Wikipedia)
Extrait de la séance publique du conseil régional Poitou-Charentes du 9 juillet 2010.
La présidente Ségolène Royal, radieuse : « J'ai le plaisir, avant d'ouvrir notre commission permanente, d'accueillir le professeur [Maître de Conférence, Ndlr]Abderrazak El Albani. [...] Monsieur Abderrazak El Albani est géologue et sédimentologue du laboratoire Hydrasa de l'université de Poitiers et du CNRS. Il a été récemment mis à l'honneur dans la presse du monde entier... Et à la Une du journal Le Monde. Car en compagnie de deux autres géologues, il a fait une découverte, en janvier 2008, qui révolutionne toutes les connaissances sur les origines de la vie. Puisqu'il a découvert des fossiles d'organismes multicellulaires datés de 2,1 milliards d'années, soit 1,5 millard plus tôt que ce que l'on pensait antérieurement.
Il s'agit — comme l'ont dit plusieurs revues scientifiques, notamment les revues américaines — de la découverte du siècle en géologie. La France et le monde ne s'y sont pas trompés : en Chine, aux États-Unis, en Inde, dans toute l'Europe et bien sûr en Poitou-charentes, Monsieur El Albani a eu vraiment les honneurs de la presse. Et je crois que c'est tout à fait justifié...
C'est une reconnaissance scientifique mondiale également avec la Une du magazine Nature, qui est le magazine scientifique de référence au niveau international. C'est donc une grande fierté pour la Région de vous recevoir car vous êtes chercheur à l'Université de Poitiers... Je signale d'ailleurs que votre laboratoire est associé au laboratoire de paléontologie de notre ami Michel Brunet qui est le découvreur de Toumaï.
Cela montre la qualité de nos équipes de recherche et — comme vous me le disiez tout à l'heure lors de notre entretien — [cela montre] aussi la fidélité de la région Poitou-Charentes dans l'investissement dans l'enseignement supérieur et dans la Recherche. Puisque la Région finance à hauteur de 100 000 euros un programme de Recherche proposé par le laboratoire, dans le cadre d'un appel à projet lancé en 2006 sur le thème de l'Excellence environnementale.
Voilà. J'ai donc le plaisir de vous donner la parole. Et surtout, avant de vous donner la parole, de vous remettre la médaille de la Région Poitou-Charentes. »
La présidente Ségolène Royal et le géologue-sédimentologue Abderrazak El Albani, lors du conseil régional de Poitou-Charentes du 9 juillet 2010.
Applaudissements... De son côté, le chercheur poitevin remit à madame la présidente un fossile pour témoigner, au nom de son laboratoire, de toute sa gratitude : « Si je puis me permettre madame la présidente, j'ai aussi un petit quelque chose d'un peu plus de 2,1 milliards d'années... C'est un plaisir de vous offrir ce petit cadeau. C'est un fossile qui date de 2,1 milliards d'années.
— Merci beaucoup ! » fit la présidente. Les flashs crépitèrent dans la bonne humeur.
Le projet Gabon
Puis, épaulé par une présentation multimédia, le Maitre de Conférence Abderrazak El Albani s'employa à exposer, devant les élus du Conseil Régional, le contexte de sa recherche et l'intérêt de sa découverte en quelques minutes... une prouesse : « Messieurs dames, je vais essayer de faire une petite présentation assez brève sur cette découverte qui a fait, à ma grande surprise d'ailleurs, le tour du monde.
Alors c'est un programme qui s'inscrit tout simplement dans le cadre d'une thèse de l'un de mes étudiants de doctorat [...] sur les origines de la vie. Ce travail a été réalisé avec le soutien financier de l'ambassade de France au Gabon que je remercie au passage. C'était très difficile au départ, parce que faire comprendre à la communauté scientifique internationale que la vie peut exister à 2,1 milliards d'années alors que la Terre était vraiment très primitive, c'était très difficile. Et heureusement que l'on a eu des gens qui étaient ouverts l'esprit ! [Le professeur Michel Brunet avait lui aussi salué certaines personnalités scientifiques qui lui permirent de travailler librement en dehors d'un certain académisme... Ndlr] Autour de çà, j'ai développé une collaboration internationale avec une vingtaine de chercheurs et sept institutions internationales. »
Le géologue-sédimentologue Abderrazak El Albani, lors du conseil régional de Poitou-Charentes du 9 juillet 2010.
« Pourquoi c'est intéressant ce bassin ? [...] Pour différentes raisons.
Tout d'abord, l'archivage des structures. Les structures géologiques sont en excellent état de conservation : il y a très peu de bassins dans le monde où l'on peut avoir ce genre de conservation.
En plus c'est une période où la planète Terre va avoir, pour la première fois, une augmentation d'oxygène dans l'atmosphère, sachant que auparavant il n'y en avait absolument pas.
Un site unique au monde où on a une pile nucléaire naturelle. Il n'y en n'a pas deux. [...]
Le Gabon : les trois quarts du pays c'est de la forêt, des rivières.
Les conditions de travail : on peut éventuellement utiliser les pirogues [...]. »
« Donc je vais faire juste un petit aperçu sur l'état de l'art, par rapport à nos connaissances par rapport à l'origine de la Vie. La Terre est à peu près datée à 4,5 milliards d'années. Et depuis cette période là, jusqu'à 3,6 – 3,7 milliards, on avait que des microbes. [...] Les premières formes de vie unicellulaires sont à 3,2 milliards, récemment publiées. Les deuxièmes formes unicellulaires : 1,6 – 1,7 milliards... Et puis l'explosion de la vie multicellulaire aux alentours de 600 millions d'années.
Donc vous l'avez compris, toute cette période là entre 4,5 et environ 600 millions d'années : il n'y a que des microbes. Et après, vers 600 millions d'années, on voit l'explosion de la vie. Donc vous voyez, ces microbes à quoi ça ressemble : ce sont des petites cellules qui font 400 – 500 microns. Les autres cellules à 1,7 – 1,8 milliard, vous voyez c'est des petites cellules : on a l'équivalent d'un euro. Donc ça reste de l'unicellulaire : il n'y a rien de complexe.
Et puis après, on va entrer dans le projet Gabon... [...] Alors on s'est amusé à faire des reconstructions. La partie où l'on a trouvé nos fossiles correspond à [un delta]. Donc les fossiles, ils ont dû vivre dans un environnement marin à 30 – 40 mètres de profondeur.
Donc l'oxygène, dont je parlais tout à l'heure, est fondamental pour le développement de la vie. Jusqu'à à peu près 2,3 milliards d'années, pratiquement pas d'oxygène dans l'atmosphère... mais là, le premier pulse [d'oxygène] on le voit ici et le Gabon se situe pratiquement au sommet du premier pulse. Mais jusqu'à maintenant on avait jamais rien trouvé.
Le second pulse c'est aux alentours de 600 millions d'années [...]. »
« Sur le site où on a trouvé ces formes là, c'est une carrière en exploitation. Hélas ! Donc [...] c'est vraiment un danger.
Alors ces formes ça ressemble au départ à des formes qui sont comme çà... Donc là on peut marcher dessus sans s'en rendre compte. Ce que j'ai fait, c'est que je me suis adressé à un spécialiste et je ne lui ai pas donné l'âge ; donc je me suis retenu au niveau de l'information. Et il m'a dit : "Bien voilà, vous avez des formes de vie datées de 600 millions d'années". Là j'ai dit qu'il y a un problème puisque je suis à 2,5 milliards d'années. Je retourne sur le terrain, et je reviens avec 250 spécimens [...].
Mais çà ne suffit pas, parce qu'il faut démontrer maintenant que c'est bien de la vie. On a jamais été embêté par les histoires de datation parce que c'est un bassin qui est très bien daté. Par contre, pour montrer que c'est de la vie, il fallait... Donc on a utilisé un microtomographe. Ce microtomographe a été cofinancé par le deuxième CPER : donc là, merci, merci à la Région. Et pourquoi ce tomographe ? C'est un espèce de scanner avec des rayons X qui sont très puissants. Et çà nous permet d'avoir des informations, comme on peut le voir plus ou moins sur ces diapositives... Donc on arrive à bien déduire, à déterminer la structure interne des spécimens. [On a donc constaté] une biodiversité : à peu près une dizaine de formes diverses et variées avec des tailles qui varient de 1 à 12 cm. »
La présidente Ségolène Royal et le géologue-sédimentologue Abderrazak El Albani, lors du conseil régional de Poitou-Charentes du 9 juillet 2010.
« Donc, là ce que l'on va voir c'est le détail de la micro-structure. Parce que lorsque l'on présente à la communauté internationale : "moi j'ai des formes de vie de 2,1 milliards". Ils vont rigoler parce que c'est ce qu'on a appris sur le banc de l'école, dans les bouquins : il est impossible d'avoir des formes de vie [à cette époque] !
Donc vous allez commencer d'abord par leur montrer que ces objets de 1 à 4 cm sont en excellent état — c'est le petit exemplaire que j'ai offert à madame Royal — où on voit le détail vraiment à un point micrométrique : on a une résolution aux alentours de 5 microns. Et là, on s'est appuyé sur la microtomographie X qui nous a permis de voir tous les détails. [...] Et on peut le couper dans tous les sens parce que c'est une méthode qui est non invasive. Alors ça c'est une révolution dans la géologie parce que on peut étudier quelque chose sans le détruire ! Et l'on voit beaucoup plus de détails. Mais la morphologie en elle-même ne suffit pas. On a été confronté à un problème évident, à savoir : démontrer que, au-delà de la morphologie, c'est de la vie. Et là, on s'est appuyé sur pas mal d'éléments au delà de la morphologie. [...]
Parmi les choses que l'on à diffusé, [Il montra l'écran, Ndlr] ce sont des résultats obtenus en collaboration avec des collègues suédois. Donc ici on a 1500 points d'analyses ; et toutes les analyses démontrent très clairement que ce qu'on a ici, c'est de la vie et c'est organique. »
« Alors maintenant on va se positionner sur l'état de l'art. Alors, le Gabon, qu'est-ce qu'il apporte de plus par rapport à ce que l'on connaît déjà ? C'est que, ici, on positionne nos fossiles qui sont en fait des fossiles multicellulaires [...] : c'est à dire une cellule avec un noyau et une membrane. Et vous voyez que l'on a déplacé le curseur de l'origine de la vie de 1,5 milliard d'années !
Alors vous vous rendez bien compte que pour convaincre la revue Nature ou la communauté internationale, il faut vraiment bien [argumenter]. [...]
Donc on a regardé des formes que l'on a pas encore publié [...]. Comme je le disais tout à l'heure, on a une biodiversité assez intéressante. Regardez par exemple celle-là : grâce à la tomographie, on voit une structure symétrique, mais encore une fois de plus, la morphologie ça ne suffit pas ! Donc là, on a développé un programme international en faisant appel à pas mal de compétences ; et on est vraiment dans le registre de la multidisciplinarité. »
La présidente Ségolène Royal et le géologue-sédimentologue Abderrazak El Albani, lors du conseil régional de Poitou-Charentes du 9 juillet 2010.
« Une urgence : protéger le site [gabonais]. Donc je suis en négociation avec le gouvernement gabonais. On va y arriver, on va y arriver... C'est un peu dur, mais on va y arriver. Et ce qui est prévu, c'est que ça se transforme en patrimoine mondial de l'Humanité.
Donc, notre rôle en tant que chercheur c'est étudier, enseigner, communiquer et conserver. Et l'équipe qui travail, c'est une équipe de jeunes composée d'une vingtaine de chercheurs [...]. Et nous souhaitons que ce travail continue dans le cadre d'un programme international : la porte est ouverte à tous les chercheurs qui le souhaitent... Et ils seront les bienvenus.
Le résultat est publié dans la revue Nature. [...] On a fait la Une et la couverture de la revue Nature, avec un certain nombre de chercheurs. Voilà messieurs-dames ! Merci beaucoup ! »
Applaudissements nourris. L'assemblée ne posa aucune question : le sujet peut-être...
Voilà comment une société qui veut réhabiliter la politique, peut se donner les chances de participer à la marche du Progrès : partager pour grandir.
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