Soleil de Printemps, tout le monde en terrasse ; tandis que le Conseil régional de Poitou-Charentes veille, entérine et construit. La séance publique du 19 avril 2010 aurait pu s'inscrire dans la tradition, si la conseillère d'Europe Écologie Françoise Coutant n'avait pas fait une allocution de politique générale, sous la vigilance de la présidente.
Il s'agissait de la véritable première séance de la seconde mandature de Ségolène Royal en tant que présidente de Région. Ce fut une séance rafraîchissante et bon enfant, quoi que... Bien que le ministre conseiller Dominique Bussereau fut retenu à Paris par le nuage islandais, l'UMP prépara à sa façon le renouveau de la politique Royal. Pour l'essentiel, la nouveauté politique tenait en l'avènement du dauphin du sénateur Jean-Pierre Raffarin : le conseiller Olivier Chartier. La présidente ne s'y trompa pas, l'invitant à s'exposer, à démontrer tous ses talents. Lequel y répondit de bonne grâce... Ses premiers pas se firent sous l'œil compréhensif de la présidente.
Dans le même temps, le conseiller Henri de Richemont gagna les faveurs les meilleures de madame la présidente en fin de séance... N'est-ce pas chose naturelle que de marier une droite et une gauche républicaine, désormais unies pour construire l'intérêt général ? Le chevaleresque Henri de Richemont défia la présidente, laquelle répondit favorablement au défi ; gage de l'estime qu'ils ont l'un pour l'autre. Nous trouverons dans cette connivence, toute la tenue qu'il sied à tout bon contradicteur.
Poitou-Charentes : éco-quartiers et citoyenneté envoyé par kritixTV.
La présidente Ségolène Royal innove avec des éco-quartiers comme moteur de citoyennetés et de solidarités, dans le vivre-ensemble.
Extrait de la séance publique du conseil régional Poitou-Charentes du 19 avril 2010.
Eco-habitat, l'écho de la croissance verte
Après que le quorum eût été réuni, la présidente Ségolène Royal, emportée par son élan : « Nous sommes réunis aujourd'hui pour notre première session de travail... Et en complément de l'organisation de nos travaux prévue par la loi, j'ai souhaité que nous saisissions l'opportunité de cette session pour avancer concrètement sans tarder et rendre les premières décisions qui nous permettrons de mettre en œuvre le programme qui a été accepté, si ce n'est plus, par les électeurs. »
« Je passe donc à la première délibération concernant la mutation écologique de l'Habitat. Comme vous le savez, notre assemblée a mis en œuvre des politiques d'excellence environnementale depuis 2004... Et je vous propose de franchir une nouvelle étape, pour encourager cette mutation écologique de l'Habitat. Nous avons lors du précédent mandat, lancé des actions significatives : notamment avec le programme des 1 000 maisons bois économes en énergie et 500 maisons basse consommation ; Et la réalisation du parc de logement social avec la programmation sur 3 ans de plus de 8 000 logements sociaux, avec notamment la bonification des prêts de la caisse des dépôts et avec le FEDER. À cet égard, je voudrais rappeler que la politique régionale d'excellence environnementale qui s'attache aux enjeux majeurs que représente le réchauffement climatique, la gestion économe des ressources en eau ou la préservation de la biodiversité, se décline pour un habitat durable autour des principes suivants...
D'abord : valoriser le bâti existant. Par des [valorisations] énergétiques très performantes et des dynamiques de renouvellement urbain.
Ensuite : prévenir l'étalement urbain qui est consommateur d'espaces, d'énergies et de matériaux. Ce sont des investissements qui sont générateurs de déplacements toujours plus coûteux pour les ménages...
Troisièmement : construire des logements en bâtiments basse consommation, en privilégiant des éco-matériaux, [...] [pour préparer l'après pétrole].
Et enfin, quatrièmement élément important de ce travail sur l'habitat durable : l'idée est de faire participer les habitants à l'effort de maîtrise énergétique et de production d'énergies renouvelables. »
« Je vous propose aujourd'hui d'amplifier ces actions sur la base d'une orientation que vous avez signé le 5 février dernier, avec deux appels à projets... Comme vous le savez, cette technique des appels à projets à donner des résultats très positifs en région... C'est grâce à ce système des appels à projets que nous avons avancé sur les éco-matériaux, sur la filière bio, sur la maison écologique à 80 000 euros, sur la voiture électrique ; et d'autres exemples pourraient être pris dans les filières de l'excellence environnementale... Cet un outil de mobilisation des acteurs économiques qui favorisent l'innovation, tout en étant économe des deniers publics... Puisque que l'on va, [...] grâce aux appels à projets, sur les projets plus innovants, les plus performants... ce qui permet aussi de transformer rapidement un projet en réalisation exemplaire et définir des références qui servent ensuite aux autres partenaires publics et privés. [Nous retrouvons ici la quintessence d'une formation d'énarque : rigueur politique et sens de l'État. NDLR]. Tout ceci est une conception de la gouvernance de la région. Il s'agit de faire appel à l'intelligence des territoires, à l'imagination des acteurs des territoires... plutôt que d'imposer des règlementations à priori de la région, concoctées entre nous. Mais au contraire, il s'agit aussi d'appliquer la façon de faire de la région aux projets concrets qui ont émergé sur le territoire et qui répondent à des objectifs d'Excellence environnementale. »
« C'est pourquoi je vous propose un premier appel à projets qui porte sur la conception des éco-quartiers. Le constat, en effet, que nous avons fait est qu'il est nécessaire d'agir sur l'habitat en travaillant sur l'urbanisme. En liaison avec l'Ademe, en lisant le travail préparatoire qui a été fait avec l'Ademe, je vous propose de lancer un appel à projets "urbanisme et quartiers durables en Poitou-Charentes". Il concerne des projets alternatifs de lotissements, d'extension de centre-bourg, en traitant tout spécialement des enjeux de localisations de proximité, des bonnes utilisations de l'espace à vivre, de qualité des espaces publics, de réflexion sur les déplacements... En allant plus loin sur les questions d'énergies et de déplacements et en apportant des réponses plus fortes aux enjeux de paysages, de plantations, de biodiversité et d'accessibilité pour les personnes à mobilité réduite.
Ce que je vous propose c'est de sélectionner huit opérations pilotes, que la région avec l'Ademe soutiendront dans des démarches exemplaires, dans le cadre du fond régional d'Excellence environnementale. »
Les villages de Poitou-Charentes au cœur de la citoyenneté verte
Église de Radegonde, Sainte et Reine de France. Poitiers, novembre 2009.
La présidente continuait : « En complément de cette action structurelle, je vous propose, avec des effets immédiats, de lancer un second appel à projets, mobilisant plus directement les habitants de la région. Il y a en effet un désir important de participer aux économies d'énergie, à la production d'énergie renouvelable... Et effectivement les barrages, les coûts, les interrogations, les procédures sont importantes pour les personnes ou les familles individuelles. Et donc l'idée, c'est de les inciter à se regrouper pour contribuer à l'objectif d'un triplement de production d'énergie renouvelable en région. Et ce second appel à projets s'intitule "Économie d'énergie et production concertée d'énergie renouvelable" pour que les habitants des villages, des quartiers ou propriétaires occupants et non-occupants, se regroupent pour mettre en place des actions fortes de maîtrise de l'énergie, ou de production locale d'énergie renouvelable. Il s'agit d'une démarche citoyenne, partant des quartiers et des villages, qui va permettre à des groupes d'habitants d'agir collectivement pour réfléchir ensemble aux économies d'énergie... La région prendra ainsi en charge le coût de l'expertise [...]. Il y a beaucoup de demandes, par exemple, de personnes retraitées qui ont de très petites retraites, et qui ont souvent les maisons à plus forte consommation énergétique en milieu rural, [...]. [Nous permettons] à ces personnes d'accéder à des installations d'énergies renouvelables en province.
Et donc on développe à la fois une accessibilité facilitée au savoir-faire, à la connaissance des nouvelles méthodes d'énergies renouvelables... Et en même temps, sortir de l'isolement des personnes, qui trouvent ainsi l'occasion de réfléchir ensemble à leurs modes de vie, à leur mode de consommation, à leurs modes de déplacements. Il revient souvent que la réflexion sur la consommation énergétique entraine aussi une réflexion sur les difficultés concernant les déplacements, notamment en milieu rural. »
La présidente Ségolène Royal conclut son intervention : « Donc suite aux échanges que nous avons eu la semaine dernière, [...] avant de passer au vote, bien évidement, je vais ouvrir le débat en donnant la parole aux conseillers régionaux qui le souhaitent. Et puis en tout premier lieu à Georges Stupar qui est chargé de ces questions énergétiques. »Georges Stupar est ancien élu Verts, désormais apparenté divers gauche. La conseillère Françoise Coutant n'a guère apprécié que certaines lignes puissent bouger à son détriment...
Le vice-président Georges Stupar, à un tournant dans sa carrière politique : « Merci madame la présidente ! La délibération est clair, me semble-t-il, dans ses objectifs... On est dans la continuité de l'Excellence environnementale que nous avions programmé il y a 6 ans. Nous sommes dans l'aménagement durable du territoire régional... La bonne formule : ce sont les appels à projets qui ont montré leurs preuves, vous l'avez dit, sur le photovoltaïque et les maisons bois notamment... On est dans la continuité. Le FREE — Fond Régional pour l'Excellence Environnementale — est le fer de lance de cette politique...
Nous avons jusqu'ici essayé d'agir sur la production. Cette fois, on va encore agir sur la production, mais de manière un peu détournée... On lance un peu le marché aussi, en créant une association, pas de consommateurs, mais de coopérateurs si ils veulent fonctionner ensemble dans les éco-quartiers... Nous bouclons un peu la boucle, si j'ose dire, même si rien n'est jamais terminé, en disant : [organisation urbaine] de l'habitat, le mieux vivre ensemble de manière écologique... Les populations vont pouvoir devenir actrice de la mutation écologique de l'économie. Nous accélérons la croissance verte — si on veut réutiliser ce vocabulaire — par l'urbanisme écologique participatif. »
Henri de Richemont hume l'air du jardin d'Éden
Le conseiller UMP Henri de Richemont lors du conseil régional de Poitou-Charentes du 19 avril 2010.
Le conseiller et opposant UMP Henri de Richemont, très en forme : « Oui, madame la présidente ! D'abord, je voudrais excuser Dominique Bussereau qui est à un conseil inter-ministériel des transports à la suite des problèmes du volcan d'Islande...
Je vous ai écouté avec toute l'attention que mérite vos propos... J'ai écouté également notre collègue monsieur Stupar qui nous parle de continuité... Madame la présidente, moi j'ai retenu un élément important de votre discours... Vous avez dit que le rapport qui nous est proposé fait suite aux échanges que vous avez eu la semaine dernière ! Nous avons, nous, été convoqué à aucun échange la semaine dernière et j'aimerais savoir quels sont les échanges auxquels vous faites référence ? Parce que ces échanges ont surement guidé le rapport que vous déposez... Et à ce sujet-là, je voudrais faire une petite remarque en disant que nous attendons toujours une proposition de session de formation pour les membres de notre groupe.
Mais j'en reviens au fond du problème. Moi, j'ignore tout des échanges que vous avez eu la semaine dernière et vous indiquez que les dossiers que vous nous proposez font suite à la politique qui était menée par le précédent mandat et à la délibération du mois de février dernier... Alors, parmi le groupe de l'opposition, il n'y a guère que mon collègue Xavier Argenton et moi-même qui avons eu la chance et l'honneur de siéger dans le précédent mandat ; et je dois dire que tous mes collègues ignorent absolument tout de ce qui a été décidé et pointé lors du précédent mandat... Mais je lis dans leurs regards leur aspiration la plus totale de savoir exactement ce qui a été décidé : le contenu, la valeur... Et ils ne demandent qu'une chose : c'est d'être convaincus par vos propos et par vos projets. »
Le conseiller Henri de Richemont poursuivit, toujours en quête d'arguments tangibles : « Cela étant, à partir du moment où ils n'ont pas eu cette chance, ils souhaitent avoir cette possibilité... C'est la raison pour laquelle, je vois avec plaisir mon collègue et ami Yves Debien... Et lorsqu'il avait la chance d'être dans l'opposition, [Ce qui fit rire : un charentais est toujours audacieux. NDLR] à chaque fois qu'il y avait une difficulté, il demandait un renvoi en commission ! C'était sa spécialité et j'ai envie de reprendre l'exemple à ce propos [La présidente est sous le charme... NDLR] et dire que c'est vraiment le type de sujet qui demande un renvoi en commission...
Mais avant de demander le renvoi en commission, madame la présidente, je voudrais d'abord féliciter les services de la région, parce que en règle générale, souvent, les propos sont un petit peu technocratiques et on a du mal à comprendre... Et là je dois dire que c'est d'une limpidité absolument totale ! Et en lisant votre rapport, toujours avec attention fidèle, c'est la première fois que je vois sous votre signature, au lieu d'avoir un langage technocratique, que le fonds régional environnemental s'apparente au jardin d'Éden ![L'ironie serait-elle feinte ? NDLR] ; quand je lis "la préservation du ciel nocturne", "des circulations douces et pourquoi pas calines", [...].
Alors il est bien évident que nous souhaitons nous, encourager ce genre de dispositif. Même si, madame la présidente, je dois vous indiquer que [...] les personnes qui ont envie de construire et de venir investir dans nos villages, ils souhaitent non pas un regroupement politique mais ils souhaitent au contraire avoir suffisamment [de terrain] pour avoir un habitat et un jardin... Et je me demande si, véritablement, les dispositifs qui sont préconisés ici sont adaptés à la demande de toutes les personnes — et souvent des personnes âgées — qui souhaitent vivre dans le monde rural et qui souhaitent disposer du territoire nécessaire pour pouvoir construire...
Cela étant, il est bien évident que ce sont des objectifs qui rejoignent en grande partie ceux du Grenelle de l'Environnement. Je comprends que ceux qui ont envie de se regrouper, peuvent se regrouper et que ceux qui veulent rester seuls, vont pouvoir rester seuls... Je suis complètement d'accord avec vous pour respecter la liberté de chacun. C'est la raison pour laquelle nous ne contestons pas les objectifs tels qu'ils sont définis dans ces rapports... Nous souhaitons pouvoir participer à l'élaboration d'un jardin d'Éden idéal... C'est la raison pour laquelle nous nous abstenons en demandant le renvoi en commission ! »
Parfum de violette pour le dos fin de Raffarin
Madame la présidente Ségolène Royal lors du conseil régional de Poitou-Charentes du 19 avril 2010.
La présidente Ségolène Royal marqua un temps puis répondit : « Merci, monsieur de Richemont... Quelques éléments de réponses... Il vous a été demandé si vous aviez des observations sur le rapport... Le directeur général des services à vu à deux reprises monsieur Chartier pour demander si il y avait des observations sur le rapport... [Le conseiller Henri de Richemont tenta d'intervenir... NDLR] Vous n'avez pas la parole ! Vous permettez !
Sur la deuxième observation concernant le renvoi en commission, je pense que les électeurs et les citoyens de la région Poitou-Charentes ont choisi le projet que nous mettons actuellement en place et ont pris connaissance du bilan [...]. Ce bilan qui est bien sûr à votre disposition : nous vous le communiquerons le plus rapidement possible ! Monsieur de Richemont, vous qui siégez justement dans cette assemblée, il [est embêtant] que vos collègues ne connaissent pas le bilan de la région. Même s'ils n'étaient pas élus, ils étaient citoyens de la région Poitou-Charentes... Nous pourrons faire une séance de rattrapage et communiquer à tous et à toutes...
— J'espère ! railla l'opposant UMP.
— ...le bilan dans lequel les électeurs se sont retrouvés... Maintenant nous sommes dans l'action, Monsieur de Richemont. La campagne électorale est terminée ! Nous essayons de nous mettre tous ensemble, au-delà des clivages politiques, au service des habitants de la Région... Nous entamons donc une nouvelle étape [...]. »
« Bien évidement, il ne s'agit pas de contraindre les personnes qui ne le souhaiteraient pas, à entrer dans de l'habitat regroupé. C'est un complément de ce que nous avons déjà fait... Puisque nous avons déjà lancé — je l'ai rappelé tout à l'heure — le premier appel à projets sur les maisons individuelles et en bois en particulier. Nous allons lancer le second appel à projets sur 8 000 logements sociaux... [...] Et là nous avons deux choses : à la fois des nouveaux quartier en éco-construction [...] qui sont donc des quartiers économes en espace consommé et en déplacements... Et d'autre part, dans les communes de moins de 10 000 habitants... Dans les commues rurales, il y a en effet beaucoup de retraités qui n'ont pas les moyens d'accéder ni aux coût de l'expertise en économie d'énergie de leur logement, ni aux travaux d'économies d'énergie, ni à l'accès aux énergies renouvelables — filières bois, géothermie, éolienne, énergie solaire, etc. — ; nous allons les aider à se regrouper, non seulement à la fois pour échanger entre elles — c'est la dimension humaine de la démarche des éco-quartiers — et en même temps de permettre à la région d'intervenir sur plusieurs maison — au minimum 5 maisons — individuelles donc, qui peuvent se regrouper. Et comme ça, nous aurons à la fois une évaluation collective [...] et le travail en commun avec les citoyens sur le choix de l'énergie renouvelable. [...] En fonction de la configuration, [ça sera] une combinaison de ces différentes énergies.
Et on voit bien que dans la région, les personnes qui ont le plus difficilement accès à cette mutation écologique, aux énergies renouvelables, sont précisément les retraités ; parce que ils se disent : "Est-ce que c'est pour nous ? Est-ce que ça vaut encore le coup ? Ça coute chère ! etc." Parce que les retraites, comme vous le savez, sont très basses. Et paradoxalement, c'est là où les dépenses en énergie sont les plus élevées, puisque les maisons de l'habitat ancien sont des passoires énergétiques bien connues...
Il est évident qu'aux vues des résultats de l'appel à projets, nous pourrons bien évidemment — après les travaux en commission — rééquilibrer les politiques que nous mettons en place... Mais aujourd'hui, bien évidemment, il n'est pas question de reporter la délibération, de repartir en commission. Je crois que ce sont des idées très simples qui ont été débattues au cours de la période qui s'achève, que nous mettrons en place... Et bien évidemment, je réponds à votre préoccupation : les résultats des appels à projets passeront bien évidemment en commission, et nous pourrons, à la lumière de ces remontées des premiers appels à projets, rectifier le tir, comme nous l'avons toujours fait, à l'écoute des territoires ; bien réadapter nos réglementations et nos engagements financiers en fonction de l'efficacité de ce qui se passe sur les territoires... Voilà monsieur de Richemont, j'espère avoir répondu à vos préoccupations. »
Europe Écologie au zénith : This is it !
De gauche à droite : le DGS Jean-Luc Fulachier, la présidente Ségolène Royal et le premier vice-président Jean-François Macaire, lors du conseil régional de Poitou-Charentes du 19 avril 2010.
Françoise Coutant, le verbe clair comme de l'eau de roche, devant une présidente soucieuse : « Merci madame la présidente... Chers collègues, je souhaiterais en préambule faire une déclaration de politique générale. C'est le moment !
Le groupe "Europe-Écologie- Les Verts" souhaite prendre toute sa place dans l'élaboration et la réalisation des projets au sein de la majorité du Conseil régional. Nous saurons apporter nos spécificités et notre vision novatrice de ce que doit être une Région, aujourd'hui, au XXIème siècle. Afin de répondre aux urgences sociales, environnementales et climatiques, faisons preuve d'audace ! Travaillons avec tous les acteurs du territoire — associatifs, entreprises, administrations et collectivités locales — dans le respect mutuel, pour trouver ensemble les solutions adaptées aux enjeux...
Coopérons ! Autant nous sommes convaincus que les solutions naissent d'un travail approfondi avec les acteurs de terrain... Autant nous pensons qu'il est indispensable de travailler de concert avec les autres Régions, afin de renforcer l'efficacité de nos actions.
Dans un contexte où le gouvernement nie l'importance des valeurs environnementales et sociales en remettant en question les propositions issues du Grenelle de l'Environnement ainsi que les acquis sociaux, il nous revient le devoir de rassembler autour de projets alternatifs afin de redonner de l'espoir aux citoyens de notre région.
La baisse des dotations de l'État entraine une diminution de l'autonomie financière des Régions, impactant de façon importante le budget de notre collectivité. La politique du gouvernement ne relève d'aucune pensée écologique ! Ce n'est qu'une volonté d'habillage, comme le prouvent les récents reculs face au lobbys routiers, pétroliers, nucléaires, agricoles et même pharmaceutiques ! Ne renonçons pas à une fiscalité écologique ! Une contribution climat-énergie peut être juste et efficace.
Aujourd'hui, nous sommes confrontés à une forte régression sociale ! L'augmentation du chômage, la baisse du pouvoir d'achat, la réforme des retraites : tout cela nécessite de changer ce système économique, qui nous a conduit dans le mur ! Nous, les élus, avons le devoir de proposer autre chose à nos concitoyens ! Nous souhaitons mettre en œuvre la conversion écologique à l'économie ; celle-ci permettra d'envisager d'autres modes de consommations, de productions et d'échanges.
La formation doit accompagner cette conversion en différents domaines que sont : les économies d'énergie dans l'habitat, les énergies renouvelables, le transport ou encore l'agriculture. Pour cela, nous devons mettre en place des conventions de l'emploi et de l'économie dans chacun de ces secteurs, de manière transversale à l'échelle des territoires.
Nous, Europe Écologie, pensons que face à des politiques nationales de plus en plus dures, les régions et la présidente doivent coopérer afin de constituer un véritable contre-pouvoir. Europe-Écologie-Les Verts et de nombreux écologistes de toutes les régions se réuniront les 21 et 22 mai prochain afin de poursuivre le travail de coopération inter-régional. »
La main et le dos fin de Raffarin
Le conseiller UMP Olivier Chartier, encore fasciné par l'intelligence de la main : « Oui madame la présidente, [je voudrais vous dire] la satisfaction qui est la mienne de pouvoir siéger dans cet hémicycle avec bon nombre d'élus nouveaux... Même si nous n'avons pas siégé au dernier Conseil régional, nous avons cherché bien évidemment à nous renseigner. Et je voudrais vous dire que la position — évidement que je partage — qui est la position d'Henri de Richemont sur l'abstention à la première commission, n'a que pour objectif, effectivement, d'exprimer à la fois une demande d'information supplémentaire [...]. Mais aussi, effectivement, le doute sur un certain nombre d'opportunités, notamment par exemple, le critère de 5000 habitants ; quand on connait un village de 5 000 habitants, on ne voit pas très bien ce que veut dire un habitat regroupé et une intégration réussie... De même que sur la question des déplacements, j'avoue que je n'y vois pas très clair. Et donc je maintiens cette position d'abstention au nom du groupe "pour le renouveau du Poitou-Charentes".
Je voudrais dire aussi, pour répondre aux attaques de l'État que vient de faire madame Coutant, vous dire que nous sommes ici dans une approche, bien sûr pour la région, constructive... Mais nous ne laisserons pas systématiquement, pour des raisons très politiques, se voir attaquer l'État sur tous les sujets. Et donc nous interviendrons à chaque fois qu'il sera nécessaire, donc, à ces attaques...
Et je voudrais vous dire, madame la présidente : il y aura tout à l'heure un rapport, aussi, sur la question de l'économie environnementale... la conversion écologique dont vous venez de parlez. Nous avons fait, pendant la campagne, vraiment notre cheval de bataille, l'économie et l'emploi. En en abordant ce premier rapport — et c'est aussi une motivation de notre abstention — nous nous rendons compte que le parent pauvre de la façon dont va être organisé le travail au Conseil régional, c'est l'emploi ! Effectivement, nous aurions aimé, le groupe de l'opposition, qu'il y ait une véritable commission de l'emploi, de l'industrie, du développement économique et du tourisme qui porte vraiment ces termes... Parce que pour nous, les mots ont un sens et pour vous aussi, je le sais ; et c'est vrai que je ne vois le mot "économie" que dans la "commission croissance verte". [...] Mais en tout cas, je m'interroge sincèrement sur la lisibilité de ces travaux et de l'organisation de nos commissions. Et je trouve qu'il est dommage que le mot "emploi", que le mot "industrie" — au moment où la crise mondiale frappe l'Europe et la France, la Vienne dont je suis ici un élu […] — soient aussi, et bien, en dehors du champ de ces commissions telles que je les ai compris...
Donc pour ce premier rapport, cette position d'abstention est aussi motivée par le choix de cette "croissance écologique" que vous mettez un peu partout dans les rapports que nous avons à débattre aujourd'hui. Et c'est une façon pour nous de nous exprimer... et aussi de marquer notre différence sur les questions de l'emploi et de l'industrie ; et la façon de créer dans notre région, et bien, de l'emploi durable, et pour nous emploi durable ce n'est pas que le, effectivement, le prisme écologique. C'est aussi les grands chantiers et c'est aussi tout un tas de mécanismes favorables au développement de l'emploi dans les très petites et petites et moyennes entreprises...
Voilà mes impressions... Bien sûr, nous débutons ! Nous allons essayer d'être à la hauteur et de rattraper le retard du dernier mandat sur toutes les politiques que vous continuez... Mais en tout cas, notre position est clair et nous nous abstenons sur ce premier rapport, pour les raisons que je viens de mentionner. »
Clémence présidentielle sur le noviciat
Madame la présidente Ségolène Royal lors du conseil régional de Poitou-Charentes du 19 avril 2010.
La présidente Ségolène Royal, le rictus en coin : « Merci monsieur Chartier... Je ne sais pas ce que vous entendez par "rattraper le retard du précédent mandat" ? Si c'est par rapport à vos collègues, [c'est pas particulièrement gentil] ? [Rires et applaudissements de la majorité, NDLR] En tout cas, je ne vous en veux pas mais les sujets que vous avez évoqué dans votre seconde partie d'intervention concernant l'organisation de nos travaux dans l'assemblée [...] : là j'ai appelé la première délibération concernant l'habitat. Bien évidement, [on pourra donner] des explications supplémentaires sur la structuration d'une commission : tout à l'heure, vous serez bienvenu dans ce débat.
Pour l'instant, je mets aux voix la mutation écologique de l'habitat dans la région Poitou-Charentes ! » La présidente ne voulut pas porter la contradiction au dauphin : peut-être y voyait-elle la voix de Raffarin...
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