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11ème Chronique
Croissance verte et polémique Bernard Tomasini chez Ségolène Royal
Kritix, le Thursday 2 July 2009 -
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Ségolène Royal, lors de la séance publique du conseil régional Poitou-Charentes du 22 juin 2009.
© kritix.com
Les esprits s'échauffaient, le conseil régional Poitou-Charentes du 22 juin 2009 battait son plein (voir la chronique Remboursement de la dette selon Ségolène Royal). La conseillère écologiste Marie Legrand, « Sur ce dossier qui nous intéresse particulièrement, la conversion économique, écologique, de l'emploi par, notamment, la filière photovoltaïque [...] ; sur cette étude à venir sur les énergies marines, la valorisation de la paille et la mutualisation ; il y a obligation d'une conversion majeure de notre mode de vie rendu possible car l'autre moitié de la planète vît dans la pauvreté. L'empreinte écologique est à réduire : aller l'encontre de la logique des productivistes de tous bords. Quelle est la réalité du Monde, monsieur de Richemont ? [ndr : Henri de Richemont, opposant UMP, s'énerve de la rodomontade] C'est vrai ! Le quart des plus pauvres n'a pas bougé depuis un siècle au profit du mythe productiviste de la croissance : toutes les collectivités ont opéré la conversion écologique de l'économie pour plus d'emplois induits. [...] C'est une croissance qui va dans le mur ! La politique régionale est efficace sur la biodiversité, le rectorat, l'éducation à l'environnement. Ce qui me fait mal, c'est le discours de Chirac « la maison brûle », les écarts de revenus en France qui vont de 1 à 400. En France rien a bougé depuis le discours de Johannesburg ! On n'accepte pas la vérité du Giec ! » Henri de Richemont, « Nous avons voté le plan photovoltaïque que je trouve positif dans la politique régionale. Vous pouvez nous en donner acte, mais je considère que ce plan, que tout espoir par ce plan... [ndr : Henri de Richemont se reprend] Ce sont des projets horriblement très cher, si si... [ndr : la majorité s'agite] c'est ce que dit le conseil économique régional dans son rapport ! L'inquiétude que nous pouvons avoir c'est effectivement sur la pérennité. Est-ce que nous sommes sûr que demain EDF continuera à acheter l'énergie au prix qui existe aujourd'hui ? Personne n'en n'est sûr ! Le problème est de savoir si le contribuable, le consommateur que nous sommes est prêt à payer des sommes nécessaires pour développer ce type d'énergie alternative : là est toute la difficulté, la limite. Simplement, je voudrai attirer votre attention sur le fait que le budget du Grenelle de l'environnement c'est quand même 440 millions d'euros d'ici 2020. [...] Je considère que l'intérêt de la région, c'est véritablement d'accompagner l'effort de l'État dans le cadre de la politique du Grenelle de l'environnement et je pense qu'il est profondément regrettable, madame la présidente, qu'il y ait d'un côté une politique de l'État, de l'autre côté une politique de la région. » Ségolène Royal, plaida pour sa visionnaire croissance verte, « Juste, peut-être, pour que les choses soient bien précises, notamment des interlocuteurs qui font échos de nos débats ; pour vous dire qu'en ce qui concerne le photovoltaïque, la renégociation des prix ne sera opérant qu'en 2011, c'est très important ! Tous les contrats actuels que l'on fait pourront être signés jusqu'en 2010 et garantis pendant 20 ans ! C'est pour ça que nous disons aux acteurs de la région, pour les élus, les territoires [ndr : notamment les communautés de communes] et à la presse que l'ensemble des opérateurs intéressés fassent rapidement leur choix d'ici la fin 2010, puisque à cette date, les contrats sont garantis sur les prix actuels d'achat de l'électricité : après il va y avoir une renégociaion des prix. C'est la raison pour laquelle la région est en position de force, puisque les autres régions qui n'ont pas négocié avec la banque européenne d'investissement [ndr : la BEI] leur enveloppe de plan photovoltaïque, vont se voir décaler [dans le temps]. C'est la région qui garantie l'ensemble de ces prêts, c'est pourquoi c'est très efficace ! » Puis Ségolène Royal regretta l'énergie considérable que la région doit déployer pour répondre des carences de certains services de l'État sur le dossier Heuliez, « [Je me réjouis de] la mise en place d'une garantie pour sécuriser et garantir les repreneurs de l'équipementier Heuliez. Mes chers collègues, vous voyez que ce dossier avance, moins vite certes que ce que nous aurions souhaité, mais nous aurions souhaité que l'État fasse comme la région, c'est à dire à travailler avec le fond d'investissement stratégique [ndr : le FSI] dans le capital de l'entreprise. Et petit à petit, nous reposons les bases pour refonder Heuliez et le projet de véhicules électriques, pour que tout cela se mette en place. [...] Soyons optimistes pour mettre la pression sur tous les acteurs et obtenir le meilleur projet industriel et social, tant il est évident que la construction à grande échelle d'un petit véhicule électrique grand public et bon marché, corresponde non seulement à un besoin national, mais aussi à un marché mondial considérable. [...] Et je crois que ça a singulièrement manqué de capacité visionnaire que de ne pas donner tous les moyens aux entreprises de se développer. » Un peu plus tard, l'accessibilité aux transports ferroviaires fut adopté à l'unanimité.
Brusquement, depuis les profondeurs de la tactique UMP, par la voix tonitruante du tribun Henri de Richemont, la maladresse du préfet de région devint polémique : Bernard Tomasini n'aurait pas envoyé dans les temps de courriels informatifs sur sa venue à la maison de la région (siège du conseil régional), rue de l'ancienne Comédie ; ça ne s'invente pas, Molière en eut été ravi. Hors de lui, Henri de Richemont, réagissant à la virulence de certains conseillers, « Il est inadmissible de dresser les conseillers contre leur présidente ! » Ségolène royal fit savoir que le préfet Tomasini fait beaucoup attention à elle, à ne pas la froisser, à la ménager... La présidente fera maintes fois remarquer que le contexte national ne réclamait pas de polémiques politiciennes que les enjeux surpasseraient grandement. En clôture, deux vœux sur la crise du lait et la crise automobile, c'est à dire des débats publiques sans votes, ne répondant pas de délibérations. Celui sur l'automobile fut convenu.
Ségolène Royal, lors de la séance publique du conseil régional Poitou-Charentes du 22 juin 2009.
© kritix.com
La conseillère Carmouse, « La crise du lait, la crise des élevages, la crise pour les fruits et légumes : c'est la crise du capitalisme qui a mené à ça ! Je ne sais pas ce qu'il faut faire pour ces gens-là, je me suis sentie vraiment démunie devant la demande de RSA d'un agriculteur et de l'étalement de ses dettes. J'ai discuté avec des responsables syndicaux : actuellement, c'est bien cette couche sociale des agriculteurs où il se passe le plus de suicides ; on me disait que ça se passait dans le silence parce que les agriculteurs, ils se renferment ! C'est une situation dramatique ! Ce qui les a mis dans cette situation-là, ce sont bien sûr les directives européennes, mais aussi les lois qui ont été faites en France : la loi de modernisation économique, votée il y a un an par les autorités actuelles et le parlement, pour pas dire l'UMP ! Cette loi est mise à profit par la grande distribution pour pressuriser les producteurs de lait de viande et de légumes. [...] Je crois qu'il faut qu'on parte sur un autre système qui permette une rémunération stable des producteurs agricoles et [des prix] raisonnables pour le consommateur, parce que entre les deux, il y a quand même des gens qui s'endettent. [...] Cette logique a été mise en place par des libéraux qui sont actuellement au pouvoir. » Bernard Grasset, « Le problème se pose aussi pour les producteurs de lait dans les marais qui sont mis en danger si il n'y a pas d'accompagnement, ni de solutions spécifiques. [...] Si le marais n'est pas rentable, in fine, soit il faudra l'aider, soit il faudra s'en arrêter là ! Je crois qu'il faudrait insister que l'agriculture dans les marais est en danger de mort ! » Et la séance se clotura. Le préfet Bernard Tomasini est attendu de pied ferme par la présidente Ségolène Royal qui se place résolument dans un louable « esprit républicain »... |
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