En 2015, François Hollande c'est 900 euros de dette publique supplémentaire par français !
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7ème Chronique

BHNS et ANR : l'élixir de richesse poitevine

Kritix, le Sunday 31 October 2010 - 6311 consultations - Commenter la chronique

Le Salut public ANR de l'édile du Grand Poitiers El Mustapha Belgsir, fut sans doute aucun la première pierre véritable de la stratégie nouvelle voulue par le président de l'agglomération. Le pari de l'Intelligence s'imposa ; Poitiers savante dispose à nouveau... Il était temps. C'est en l'absence du premier édile, évident éloge, que le missionnaire El Mustapha Belgsir sut convaincre le très réceptif citoyen vice-président Claude Eidelstein.
       À tous ceux qui douteraient de Poitiers la Rabelaisienne du Connaître et du Savoir-faire, appréciez combien il arrive que le bon sens s'affranchisse des obscurantismes. Grand Poitiers sera la communauté des savoirs recouvrés par l'économique et la formation... Les racines urbaines n'ont d'autre chimie que celle des Poitevins. L'atout maître de Poitiers reste et restera 1431.

Adoption du BHNS Grand Poitiers

Tour médiévale de la Porte de Paris, à Poitiers, en septembre 2009.
© kritix.com

Voici quelques mois, lors du conseil communautaire du Grand Poitiers du 30 avril 2010, le président Alain Claeys en son Conseil poursuivait méthodiquement la reconquête du prestige d'une capitale en haillons, d'un quartier de Beaulieu qui n'en a plus que le nom — l'exode en témoigne. L'attrait des actifs, peu coutumiers des transports en communs, par un réseau performant, semble bien faible. Les négligences urbanistiques du passé sont sur la table... Les doutes et certitudes s'exposent fièrement... C'était un printemps politique des plus revigorant.

La conseillère Les Verts Christiane Fraysse, très remontée sur une délibération du schéma directeur des transports en commun :
       « Le bilan carbone réalisé en 2005, a montré que, sur le territoire de la CAP, 33% des émissions des gaz à effets de serre étaient dues aux transports ! »

Le président député-maire Alain Claeys, impatient, lui qui vit trop longtemps sa ville croupir dans une économie pétrifiée :
       « Le problème de fond, c'est que vous êtes contre le Viaduc. Vous voudriez laisser la grande passerelle aux piétons et aux vélos ! Je dis que si l'on avait fait cela, c'était une erreur historique. De même que ça serait une erreur historique d'ouvrir ce viaduc aux voitures individuelles. Je pense que notre position est juste. Elle s'inscrit dans le développement durable. Et elle contribue, à son échelle, à réduire les gaz à effets de serre. »

L'élu Jean-Jacques Guérin témoigna que la BHNS (Bus à Haut Niveau de Service) n'aurait pas d'incidence, en terme de trafic, sur les autres lignes. Elle permettrait par an « de gagner 60 000 kms : ça évite de passer par la porte de Paris. Gagner 146 jours de conduite pour les chauffeurs de Vitalis, soit 211 000 euros. Et d'économiser 95,5 tonnes équivalent CO2. Rien que le fait d'utiliser le Viaduc ! »

Boulevard Solférino à Poitiers. Avril 2010.
© kritix.com

Le conseiller Jean-Marie Paratte fit savoir toute la dynamique du transport :
       « Nous sommes une agglomération intermédiaire et multipolaire avec une géographie particulièrement complexe. [...] Il ne s'agit pas d'apporter des solutions stéréotypées, mais de réfléchir [...], de bien comprendre la réalité du : pourquoi le réseau actuel ne peut pas aller beaucoup plus loin en terme d'efficience et d'efficacité. [...] La mobilité est l'un des composants essentiels du lien social. [...] Le niveau de service, c'est des véhicules, mais d'abord et avant tout des fréquences et une vitesse sur le réseau. [...] Ce nouveau réseau constitue bien un saut qualitatif extrêmement important. »

Conjecturer sur le BHNS, c'est donner à entreprendre pour qui sait innerver économiquement un territoire. Le BHNS est la solution à la mesure de Grand Poitiers : celle de ses moyens. Croire que le sort d'un territoire peut s'affranchir de ses réalités intimes reviendrait à sacrifier ses destinées. Le BHNS n'est que le prolongement logique d'une ville qui croît : ni plus ni moins. Il est un continuum, évidemment perfectible.

L'obscur pôle de compétitivité MTA : quitus amoral faisant d'un mal un bien

L'opposante Maryse Desbourdes, de la Gauche Alternative, intervint vivement sous l'impassible présidence de Claude Eidelstein :
       « Aujourd'hui, on fait comme si rien ne s'était passé ! Or, il y a un certain nombre de questions qui se posent sur l'utilité d'un pôle de compétitivité. [...] À quoi vont servir ces pôles ? Pour répondre à quels besoins ? Ceux des industriels ou ceux de la population ? La réponse, je pense que vous la connaissez... Mais il faut le dire ! Et combien de fonds publics ont été engloutis dans cette nébuleuse ? En fin d'année dernière, personne ne voulait renflouer le pôle… En début d'année, hop, on a sauvé le pôle ! Au Conseil général [de la vienne], on a dit : on change les têtes et on continue ! On est à 590 000 euros... Plus 161 000 euros d'indemnités de licenciements ! Ce n'est plus une indemnité de licenciement, c'est quelque chose d'assez phénoménal. Et en 2006, on avait déjà versé 180 000 euros pour licencier un directeur !
       C'est quoi cette histoire ? C'est un pôle pour mettre en place des directeurs successifs qui sont nommés par, avant, Raffarin, maintenant, peut-être Bussereau et après Claeys... C'est scandaleux ! Combien la CAP a donné de fonds publics à ce pôle ? Posons les questions et on attend des réponses... Quand je dis on : la population attend des réponses. D'un côté, on nous tient un discours absolument catastrophique sur le fait qu'il y ait des désengagements de l'État ; ce qui est vrai. Que l'on ne peut pas faire ci, on ne peut pas faire ça... Et de l'autre côté, sans contrôle, sans savoir à quoi servent ces pôles de compétitivité, comme pour Ryanair, comme pour d'autres sujets, on balance des milliers d'euros ! C'est inconcevable ! Moi, je voudrais des réponses et pas pour moi : pour la population. »

Le conseiller communiste Patrick CORONAS (à gauche) et la conseillère Les Verts Christiane FRAYSSE (à droite) lors du conseil municipal de Poitiers du 29 mars 2010.
© kritix.com

Christiane Fraysse, conseillère Les Verts, visiblement irritée :
       « Les missions de ce pôle ne sont pas en adéquation avec la politique de conversion écologique de l'économie voulue par les élus Verts. »
       Patrick Coronas, conseiller Communiste, dubitatif :
       « On a du mal à voir la pertinence économique de ce pôle... »

L'argent public est sacré : son emploi impose les débats les moins classiques. Au-delà des représentativités et des intégrités, Grand Poitiers entra politiquement dans une nouvelle ère. Ce pas en avant était presque inespéré. Et si Grand Poitiers aimait à se faire surprendre...

Le Grand Poitiers parla politique des experts quand, de concert avec le CNRS, le milieu universitaire supplée officieusement la réflexion des élus ; officiellement elle la complète... L'abus de pouvoir doit être surveillé tant la tentation d'amicales pressions est si naturelle à huis clos. Les pouvoirs locaux intègrent pleinement à leurs politiques les préceptes du Medef, un patronat soucieux de partager le risque économique du développement des territoires.

Pourtant, le paradoxe de la dérive corporatiste du patronat dessert plus qu'elle ne sert les prétendus objectifs de croissance. Le monde de l'entreprise doit être acteur fiscal du lien social, en proximité, pour asseoir sa productivité. Le bien-être social d'un territoire est aussi et surtout la fierté d'hommes et de femmes pour leurs entreprises de proximité. Produire sur un territoire, c'est financer la politique de territoire décidée par la représentation locale : c'est rendre à ses concitoyens le fondement de la prospérité acquise par la liberté d'entreprendre garantie par la loi nationale. Une entreprise apatride n'a pas de réalité humaine, ne peut accéder à la paix des échanges : gage absolu de prospérité.
       Aujourd'hui, le patronat français demande aux contribuables d'assurer les risques d'investisseurs soucieux d'obtenir une rentabilité de court terme... Souvent, la complaisance de certains élus à cet égard est à pleurer. Parfois, le pragmatisme de certains provoquent l'étonnement, voire la persuasion.

Palais des Congrès du Futuroscope, près de Poitiers.
© kritix.com

Le conseiller El Mustapha Belgsir manifesta son dégoût du passif de la CAP et engagea la collectivité dans un plan offensif de conquête de l'activité :
       « L'appel d'offres des pôles de compétitivité, c'était en 2005. L'État a lancé un appel d'offres [...] qui devait servir à un pôle de compétitivité [qui pouvait s'étaler de Lille à Marseille]. [...] Suite à cela, les territoires se sont appropriés ces pôles et en fait on les a territorialisé. Et on s'est retrouvé avec un peu plus de 68 pôles sur le territoire national. Et ces pôles se sont adossés sur les compétences et l'économie des territoires.
       En 2008, [...] sur la soixantaine de pôles de compétitivité existant sur le territoire national, il y en a 13 qui devaient, soit disparaître, soit fusionner avec un autre pôle de compétitivité. Parmi ces treize, il y avait le pôle de compétitivité Mobilité et Transports Avancés
[Situé sur la technopole du Futuroscope, NDLR]. [...] Ce n'est pas lié a un problème structurel de la Région puisque nous avions, en Région, les compétences de recherche et de développement au travers des laboratoires universitaires et un tissu économique composé par des PME et des PMI qui sont des acteurs importants dans la filière mobilité et transports avancés. »

« À quoi sert un pôle de compétitivité ? [...] Il s'agit, pour le pôle de compétitivité, de rapprocher la recherche fondamentale aux entreprises. Aujourd'hui, pour un laboratoire universitaire, s'il veut mener une recherche en liaison avec une industrie, le projet doit être déposé auprès de l'Agence Nationale pour la Recherche. L'ANR demande au déposant s'il est labellisé par un pôle de compétitivité. S'il est labellisé par un pôle de compétitivité, son dossier a plus de chance de passer... Et en plus le projet reçoit un petit peu plus d'argent pour être réalisé. Donc l'importance d'un pôle de compétitivité sur le territoire est justifié. »

« L'appel d'offres [de l'État] de 2005, c'est un appel d'offres qui avait été territorialisé. C'est à dire que l'on se retrouvait, par exemple dans la biologie, avec des gens qui déposaient des projets de recherche auprès de l'ANR, et qui labellisaient leurs projets de recherche dans des pôles qui étaient en Alsace ou en Provence Alpes Côte d'Azur. L'idée de maintenir ce pôle, de maintenir la prérogative d'un pôle de compétitivité reconnu nationalement sur notre territoire, c'est permettre à nos laboratoires universitaires de profiter de la labellisation d'un pôle local et de profiter de la filière entre les laboratoires universitaires et les PME-PMI. »

Salle des Pas Perdus du Palais de Justice de Poitiers et ancienne grande salle du Palais Comtal. Avril 2009.
© kritix.com

« L'effort financier de la CAP, depuis la création de ce pôle, est de 180 000 euros. C'est à dire 500 000 euros par an pendant 3 ans. [...] Nous avons souhaité faire nos meilleurs efforts pour conserver la prérogative d'un pôle de compétitivité labellisé national sur le territoire de Poitou-Charentes. C'est extrêmement important pour les laboratoires de recherche, mais aussi pour le tissu industriel des PME et des PMI qui interviennent dans la filière mobilité et transports avancés. [...]
       Nous avons considéré que l'audit qui a conduit à faire de ce pôle, un pôle parmi les 13 à qui on a demandé d'être déclassé ou de fusionner... Pour moi c'était simplement une question management ! Ça c'était en 2008... et ça le reste encore. C'était incompréhensible de voir un pôle managé comme il l'a été ! Et nous avons pris des décisions... Et c'est des décisions que l'on ne peut pas prendre comme çà ! Il y a une loi, un cadre juridique [...]. Je ne peux pas dire [...] : on fout tout le monde dehors ! Non ! Il y a un déroulé opérationnel qui permet de changer le management, de prévoir une autre stratégie de développement de ce pôle, etc. Aujourd'hui, on y travaille ; on y est presque ! »

« Bien. Merci Mustapha pour ces explications très intéressantes. Je mets aux voix après cette éclairage magnifique... » souligna, sans réserves, le vice-président Claude Eidelstein, présidant la séance, la voix invariablement monocorde, le soucis du débat contradictoire en principe. Ce vice-président distribue la parole, la geste tout en retenue, selon la sage posture de l'arbitre.

Quand la réforme universitaire se veut marchande, l'habileté, l'adresse du républicain encore debout trouve parfois, autour et devant lui, le ressort pour domestiquer à dessein la cupidité de la politique de boutiquier.


Trombinoscope de la municipalité de Poitiers (2014-...) [pdf]
Trombinoscope de la Communauté d'Agglomération de Poitiers (2014-...) [externe]
Trombinoscope de la municipalité de Poitiers (2008-2014) [pdf]
Trombinoscope de la Communauté d'Agglomération de Poitiers (2008-2014) [pdf]

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