En 2015, François Hollande c'est 900 euros de dette publique supplémentaire par français !
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4ème Chronique

Patrick Coronas ne veut plus d'un CCAS opaque

Kritix, le Monday 20 September 2010 - 5898 consultations - Commenter la chronique

Le titre de métropole est interdit aux villes moyennes, Poitiers et Angoulême verront donc les choses en Grand. Si le Grand Poitiers fait feu de tout bois en ce début de septembre 2010, c'est en raison du préalable budgétaire du conseil municipal du 29 mars 2010 qui, en son temps, avait fourbi ses armes...
       Les armes de Claeysie avait l'éclat du neuf... C'est comme toujours, dans le plus grand secret, que le maître de Poitiers avait préparé sa garde. Affublé de son œcuménisme, cet unanimisme aux accents de huis clos, le grand élu Alain Claeys prit grand soin de laisser au grand argentier le privilège du premier tir.
       Quand la rigueur des temps confine aux pleurs des ans ; que le Poitiers de maintenant s'éprend de comptes de bilans... apurés. Poitiers se donnera-t-elle sa chance, celle d'ambitions perdues ? Lointain, le premier édile écoutait son argentier égrainer la bonne gestion, lascive, tellement impérieuse, carnassière, débonnaire... Puis écouta son opposition marteler ce qui doit l'être.

Alain Clayes s'auto-censure : le MoDem débattra en aparté des abattements

Philippe Mahou, président du groupe MoDem :
       « Manifestement les impôts locaux, la taxe d'habitation en particulier, ont progressé fortement en moyenne partout en France en 2009. [...] Ce fut peut-être plus raisonnable en terme d'augmentation sur Poitiers ; encore faut-il voir d'où l'on part ! [...] En 2008, [...] le taux de la taxe foncière à Poitiers était de 30,70% alors que le taux moyen [...] est de 23,90 ; soit un écart de 28%. Pour la taxe d'habitation, l'écart est encore plus important puisqu'à Poitiers nous étions en 2008 à 27,03 et 18,58 pour la moyenne nationale ; soit 9 points d'écarts, c'est à dire 45%, au bénéfice de Poitiers. »

Le maire Alain CLAEYS lors du conseil municipal de Poitiers du 29 mars 2010.
© kritix.com

Alain Claeys, interjeta, bien triste :
       « C'est le problème, on y reviendra tout à l'heure, des abattements. Certaines communes y reviennent... On pourra en parler en aparté. [...] C'est un sujet important ! »
       Est ici résumé, pour partie, l'essentiel de la pratique du pouvoir du président député-maire. C'est une boîte de Pandore, un creuset électoraliste...

Philippe Mahou expose une note salée

Philippe Mahou déterminé, irrité par les circonvolutions jargonnesques :
       « Par rapport à 2009, en terme de pression fiscale, permettez moi une addition ; c'est à dire la progression moyenne des taux (+1,3%), la progression moyenne des bases que l'on ajoute (1,8%), ça fait bien 2,5%. Et puis bonus : bien sûr, la nouvelle taxe additionnelle du Grand Poitiers, de la CAP, 0,9%. Égal +3,4% de pression fiscale supplémentaire ! C'est à dire quasiment 3 fois l'inflation ! Alors vous nous dites que pour conserver son pouvoir d'achat, la ville aurait pu décider d'augmenter le taux de 1,7%. Il augmente de 1,3%. Ce qui montre bien que vous vous préoccupez de la pression fiscale et vous avez raison ! Il reste que pour conserver son pouvoir d'achat, la ville de Poitiers diminue celui des poitevins !
       Alors oui, la situation en France, elle empire... Et le médiateur de la République, Jean Paul Delevoye, dans son rapport remis le 23 février dernier, évoque une paupérisation croissante des français ! "Jamais le risque de basculer dans la précarité n'a semblé si grand à autant de nos concitoyens", écrit-il... Et il évoque je cite, "la nécessité d'aboutir à une utilisation optimale des deniers publics". Alors je l'ai dit à plusieurs reprises, je préfèrerais qu'on bâtisse le budget selon une hypothèse, une philosophie différente... Je veux dire, sans poser comme hypothèse que la progression des taux soit la variable d'ajustement. Je préfèrerais que le maire dise à ses adjoints : débrouillez-vous dans vos secteurs respectifs, je veux une augmentation égale à zéro des taux cette année ! »

Le conseiller MoDem Philippe MAHOU lors du conseil municipal de Poitiers du 29 mars 2010.
© kritix.com

« Alors loin de moi l'idée de donner une quelconque leçon. [C'est curieux : le rôle d'une opposition constructive est de dénoncer les déviances de la majorité et de lui suggérer des alternatives à ses dérives... Et en la matière, la leçon est nécessaire ; il ne faudrait pas trop l'oublier, au risque de s'oublier... NDLR] Je sais trop la difficulté qui consiste à mener de front tous les chantiers, à soutenir nos associations, la vie culturelle, sportive, sociale de la cité... et à garder le même niveau de service. Et d'ailleurs, je prends acte des efforts consentis... »
       On pourra remarquer qu'un élu au service de ses concitoyens doit décider sur tous les problèmes. À défaut, il doit se retirer de la vie publique. C'est une question de salubrité publique : laisser entendre que le fatalisme pourrait gouverner les peurs, revient à laisser la chose publique aux mains de la loi du plus fort.

« En participant aux différentes commissions, nous voyons bien les efforts qui sont faits en ce sens. Ainsi, par exemple, le niveau des subventions versées, tous budgets confondus et je l'indiquais tout à l'heure, est stable. Mieux, la part des subventions dans les dépenses, passe de 25% à 24,1%. Je sais bien, par ailleurs, que l'augmentation automatique des dépenses de personnels liée au "glissement vieillesse-technicité", en particulier, représente une hausse automatique de 2% des coûts de la masse salariale, à effectif constant ; et qu'il devient alors bien difficile d'équilibrer le budget. Nous reconnaissons donc que le pilotage est meilleur que par le passé. Néanmoins, l'augmentation de la pression fiscale au-delà de celle de l'inflation, n'est pas une bonne nouvelle pour nos concitoyens !
       Pour finir je vous remercie de ne pas caricaturer mon propos. Je ne veux pas brader le service rendu par la ville. Je ne veux pas priver les associations de subsides. Je ne veux pas que la ville cesse d'investir. Je dis seulement qu'en resserrant encore un peu plus la gestion, vous pourriez proposer aux poitevins un budget équilibré sans augmenter le taux des impôts, puisque l'augmentation des bases compense déjà celle de l'inflation. Au regard de la nouvelle hausse des taux, nous voterons contre le budget cette année. »

Sur la leçon, Alain Claeys n'en rajouta pas:
       « [J'ai entendu] vos encouragements et je vous en remercie beaucoup. »

Poitiers peine sur l'inventaire social de sa politique

Le conseiller communiste Patrick Coronas, lors de la séance publique du conseil municipal de Poitiers du 5 octobre 2009.
© kritix.com

Le conseiller communiste Patrick Coronas mit en garde contre l'autoritarisme en requérant une transparence plus grande sur les résultats des missions de la politique sociale de Poitiers :
       « Le budget de la ville rappèle les priorités sur lesquelles on s'était engagé en début de mandat : la solidarité [...], des investissements qui ont lieu dans tous les quartiers pour éviter les effets de loupe sur cœur d'Agglo [...], et puis la rigueur de la gestion liée aux baisses des dotations. C'est vrai qu'on peut toujours essayer d'imaginer la plus faible augmentation possible. La fiscalité locale est ce qu'elle est : le choix qui est fait par l'équipe, c'est de continuer à rendre un certain nombre de services. Et pour rendre un certain nombre de services, il faut à la fois les financer [...]. Et ces services publics, ces associations qui drainent la vie poitevine, c'est aussi du pouvoir d'achat qui est redistribué ! Il ne faut pas voir seulement le pouvoir d'achat qui est pris d'un côté, mais [il faut voir aussi] le pouvoir d'achat qui est redistribué : c'est là le principe même de l'impôt. L'argent de l'impôt n'est pas là pour disparaître dans les profondeurs du néant, mais il est là pour être redistribué au profit de ceux qui en ont le moins. »

« La baisse régulière de la dotation de l'État, fait que — que ce soit une collectivité gérée par la gauche ou par la droite, de toute façon, ça ne change pas grand chose — les difficultés qui commandent les collectivités locales à gérer leurs budgets, à gérer leurs missions, soient de plus en plus grandes ; c'est un premier point d'inquiétude.
       Mon deuxième point d'inquiétude c'est sur le budget social. Même si la politique sociale rend les services attendus, les difficultés économiques qui touchent notre population, [...] [font que] cette orientation nécessitera une réflexion sur le long terme. Et je pense qu'il serait intéressant, pas aujourd'hui avec les 74 délibérations mais au cours de l'année, que l'on puisse avoir une vision du budget du CCAS qui soit donnée en Conseil municipal, permettant à l'ensemble des élus et à la population — puisque le Conseil municipal veut aussi que l'information passe à la population, via la presse, via la présence de la population dans ce conseil — soit informée des actions de ce CCAS et de son devenir et des difficultés et de ce qu'il fait aussi pour la population.
       Et troisième point : c'est sur la masse salariale. Effectivement, on l'a remarqué : cette masse salariale est contrôlée. De toute façon, dans un budget de rigueur que l'on est obligé de faire, puisque l'on ne peut pas augmenter les impôts de façon plus importante, c'est une chose obligatoire. Je tenais juste à signaler que pour les salariés, c'est une forte pression [...] : il faudra y être attentif [...] pour leur permettre de travailler au mieux. »

       Les mots choisis du conseiller communiste traduisent à eux-seuls ce mécontentement latent. Les qualités de diplomate s'imposent.

Le conseiller communiste Patrick CORONAS (à gauche) et la conseillère Les Verts Christiane FRAYSSE (à droite) lors du conseil municipal de Poitiers du 29 mars 2010.
© kritix.com

Alain Claeys redoubla de prudence et ne voulut pas rendre public les aboutissants d'un budget social difficilement maîtrisable et rétif aux réformes :
       « Sur le budget du CCAS [...], ce que je vous propose [...] c'est que Régine Laprie et Michel puissent ensemble vous présenter globalement le budget de la solidarité : c'est à dire le budget du CCAS et le budget social de la ville. On essaie, depuis deux ans, de rendre les choses plus faciles et ça fonctionne aujourd'hui très bien. [...] On fera çà le plus rapidement possible pour que vous ayez un aperçu d'ensemble. [...] C'est la première politique du budget que nous voterons ce soir. »

À Poitiers, la pauvreté gagne du terrain, comme en campagne

Robert Rochaud, épris de gravité :
       « Avant de mettre en évidence ce qui constitue, pour nous élus Verts, les éléments forts de ce budget, nous allons revenir sur le contexte [...]. La crise financière des subprimes de l'année 2008 continue de faire sentir ses effets. Le chômage à plus de 10% de la population active, atteint son plus haut niveau. Les inégalités s'aggravent chaque jour un peu plus. Des pays comme la Grèce sont au bord de la faillite. Les menaces sur le dérèglement climatique sont de plus en plus prégnantes. Et les grandes institutions financières internationales continuent de promouvoir la dérégulation de l'économie, la diminution des déficits publics, la diminution drastique des dépenses publiques comme si le remède proposé n'était pas la cause principale de cette situation. Le gouvernement est un adepte et est un promoteur de ces orientations. Pour obliger les collectivités locales à réduire leurs dépenses, [l'état réduit les dotations]. Pour 2010, [...] le manque à gagner pour la ville est de 711 000 euros. Soit 1,4 points d'impôts. »

Le conseiller Les Verts Robert ROCHAUD lors du conseil municipal de Poitiers du 29 mars 2010.
© kritix.com

« Les services collectifs que nous offrons à nos concitoyens : sportifs, culturels, sociaux... sont des remparts au délitement de la société. Il est impératif de les conserver, voire de les renforcer. C'est ce que propose le budget : c'est pourquoi nous le soutenons. Nous le soutenons parce que nous allons renforcer les actions de solidarité avec les citoyens les plus touchés par la crise : l'aménagement de deux nouvelles épiceries sociales en Centre-ville, en est un exemple probant !
       Nous allons poursuivre nos efforts d'investissements en les augmentant de 40% par rapport à ceux initialement prévus. Ils contribueront ainsi au maintien de l'activité, donc du maintien de l'emploi, comme nous l'avons fait en 2009. Nous doublons les investissements dédiés aux travaux d'amélioration du patrimoine pour économiser de l'énergie : 2,254 millions d'euros y seront consacrés. Nous allons relancer la reconquête des berges et rivières : 450 000 euros y seront consacrés. »

Des caisses vides qui ne font plus recette

« Au-delà du vote de ce budget, il nous semble que nous devons réfléchir aux moyens de desserrer l'étau dans lequel la ville est enserrée, entre les dépenses qui continuent de croître avec la demande de plus en plus de services des citoyens et les dotations de l'État qui diminuent régulièrement.
       Premier axe de reflexion : la richesse de la ville. Cette année encore, la création de la richesse constatée par les services fiscaux sur l'exercice antérieur, n'est évaluée que de 0,08% ! Ceci ne correspond pas au nombre de permis de construire attribués sur la ville ces dernières années. Et les constructions que nous avons pu nous tous constater. Nous demandons qu'un audit soit mené sur ce sujet.
       Deuxième axe de réflexion : celui du service de stationnement. Nous avons voté une indemnité de 442 000 euros du budget général vers le budget parking. À cette somme, une délibération va nous proposer d'ajouter une subvention d'équilibre de 119 000 euros, pour compenser le déficit de fonctionnement de l'année 2009. Au total, c'est là 561 000 euros à prendre sur le budget général vers le budget annexe des parkings. Dans le même temps, notre proposition de mettre la première heure de stationnement à 1,30 euros, à égal avec le ticket de bus, n'a pas été voté. Nous devons mettre en place une politique tarifaire de stationnement qui permette à la collectivité de boucler son budget parking. Soit en incitant le plus grand nombre à utiliser les parkings par une politique tarifaire attractive. Et aussi en sanctionnant plus systématiquement les automobilistes qui utilisent les trottoirs comme des places de stationnement gratuites. Si tel était le cas, nous n'aurions pas été obligé d'augmenter les impôts cette année. Ces droits de stationnements constituent une marge de manœuvre pour la collectivité. Et l'augmentation de ces droits, en plus de permettre de diminuer les impôts, donnerait un signe en faveur de l'utilisation des transports collectifs pour venir en ville et contribuerait à la lutte contre l'émission des gaz à effets de serre. »

Poitiers : Veillée de Notre-Dame-la-Grande.
© kritix.com

« Troisième axe de réflexion : le financement de la réhabilitation du parc énergétique. Nous allons investir 2,25 millions d'euros dans la réhabilitation des bâtiments en recherchant la meilleure efficacité énergétique. C'est rien ! Comme je l'avais dit pour les Orientations budgétaires, c'est largement insuffisant ! Puisque à ce rythme, il nous faudra 50 ans pour réhabiliter le patrimoine de la ville ! Il nous faut réfléchir à une solution qui permette de ne pas comptabiliser dans la dette publique, nos emprunts pour financer les travaux d'économies d'énergie, dont le taux de rentabilité serait équivalent à l'annuité de la dette générée. Cette action nous permettra aussi de créer des emplois non délocalisables en luttant efficacement contre l'émission de gaz à effets de serre et le dérèglement climatique.
       Enfin, en conclusion. Comme le remarque le rapporteur, nous nous réjouissons du montant de l'épargne brute qui nous permet de faire face à nos investissements. Toutefois, nous serons attentifs à ce que les dépenses de fonctionnement qui sont aussi des investissements pour l'avenir — l'éducation, l'environnement, la santé — et le personnel qui concourt au bien-être des poitevins, ne fassent pas les frais de cette épargne brute. »

Alain Claeys, le verbe lent :
       « Sur le sujet des permis de construire, c'est un échec. Moi, je souhaite qu'une étude soit menée : qu'on y voit clair ! Sur les déficits de parkings, j'en ai parlé : nous allons voir comment, cette année, nous allons redresser les choses. »

[La suite du Conseil Municipal du 29 mars 2010 : Stéphane Braconnier exaspéré par l'alibi national]


Trombinoscope de la municipalité de Poitiers (2014-...) [pdf]
Trombinoscope de la Communauté d'Agglomération de Poitiers (2014-...) [externe]
Trombinoscope de la municipalité de Poitiers (2008-2014) [pdf]
Trombinoscope de la Communauté d'Agglomération de Poitiers (2008-2014) [pdf]

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