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10ème Chronique

Tony Blair : retour armé à la "case UE" par la CIG !

Kritix, le Saturday 29 November 2003 - 5010 consultations - Commenter la chronique

"Sécurité mondiale", voilà l'alibi diplomatique, le cache-misère qui satisfait les Puissants. Voilà ce qui cache les hostilités feutrées des ambassades, là où se joue les tractations sur la futur patition du Monde géostratégique de Demain... L'UE se fait l'OTAN, ou plutôt, l'UE s'affranchit du joug militaro-industriel US ! Quelques heures auparavant, le président US terminait sa visite officielle au Royaume-Uni. Celle-ci précéda de peu le 26ème sommet franco-britannique qui s'est ouvert à Londres le 24 novembre 2003. Signe de sa volonté de détendre des relations parfois difficiles par le passé entre les deux hommes, Tony Blair a accueilli Jacques Chirac en lui offrant une photographie encadrée de son petit dernier, Léo. «Léo, c'est mon copain!», a alors lancé le président français aux photographes présents. Selon une source française, le président a fait une nouvelle fois part de son émotion et de la solidarité du peuple français après les attentats qui ont frappé des intérêts britanniques à Istanbul. Il a également félicité Tony Blair pour... la victoire de l'Angleterre en Coupe du monde de rugby. Diplomatie en grande pompe, si il en est une!

De son côté, la ministre déléguée aux Affaires européennes, Mme Noëlle Lenoir, est intervenue le 26 novembre 2003 au Sénat français, dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances 2004, afin de présenter le projet de budget de l'UE et ses conséquences sur le budget de l'Etat français, au travers du prélèvement communautaire. Le Rapporteur spécial pour la Commission des Finances, M. Denis Badré, et le président de la Délégation pour l'UE, M. Hubert Haenel, ont introduit la discussion. La contribution française au budget communautaire devrait s'établir en 2004 à 16,4 milliards d'euros. La France est le deuxième contributeur au budget de l'UE, ainsi que le deuxième bénéficiaire. La France mène l'UE, que cela plaise ou non, outre-Manche... Les choses étant posées retournons à Londres...

Jacques Chirac et Tony Blair, accompagnés du premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, sont ensuite passés aux choses sérieuses lors d'un entretien d'une heure et quart consacré essentiellement aux questions européennes. Français et Britanniques ont notamment évoqué la politique européenne de défense, et l'éventuelle création d'un état-major européen, prônée par la France et l'Allemagne. Soumise à la pression du président US, G. W. Bush, qui voit dans cette proposition une menace pour l'OTAN, Londres réserve encore sa réponse, même si on se voulait optimiste du côté français. Chirac et Blair ont évoqué par ailleurs la situation en Géorgie, pour souhaiter le maintien du calme et de l'unité du pays, selon une source diplomatique française. Ils ont également condamné d'une même voix le terrorisme et plaidé pour une perspective politique dans le conflit israélo-palestinien. Le dossier irakien a été abordé dans l'après-midi, avant la conférence de presse conjointe des deux hommes d'État qui a clôturé le sommet.

Peu après, les ministres des Affaires étrangères réunis à Naples pour les négociations sur la future Constitution européenne semblaient bien parties le 28 novembre 2003, pour enregistrer des progrès substantiels en matière de Défense, à défaut d'avancées marquantes dans les autres dossiers. Le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin a annoncé que les trois poids lourds de l'UE en matière de Défense -- Allemagne, France et Royaume-Uni -- avaient "défini les bases d'une proposition commune" en la matière. Cette proposition devait être présentée aux 25 dans la soirée, mais l'accord des trois pays est probablement la clef pour débloquer les discussions, comme le montre la réaction du ministre polonais des Affaires étrangères Wlodzimierz Cimoszewicz. M. Cimoszewicz a déclaré à la presse qu'il avait parlé de l'accord avec ses homologues britannique et français, et qu'il en était a priori satisfait. "Ces propositions sont vraiment très proches de ce que nous attendons". M. de Villepin n'a pas détaillé le contenu de l'accord, mais un diplomate britannique a confirmé que les trois parties s'accordaient dans les grandes lignes sur une structure capable de planifier des opérations militaires à l'étranger de manière autonome par rapport à l'OTAN. Outre cette question sensible, l'accord devrait également couvrir la "coopération structurée" entre pays désireux d'aller plus loin que les autres en matière militaire, et la question d'une clause de solidarité entre les Etats qui le veulent.

La France et l'Allemagne, soutenus notamment par la Belgique, insistent pour que l'UE se dote d'un quartier général autonome, capable de planifier et de contrôler une opération militaire d'envergure à l'étranger, sans utiliser les moyens de l'OTAN. Mais le Royaume-Uni et les pays très attachés à l'Alliance atlantique ne veulent pas d'une structure qui apparaîtrait en concurrence avec l'OTAN, par ailleurs véritable chiffon rouge pour Washington. "Toute capacité de planification d'opérations doit être compatible avec l'OTAN", a souligné le diplomate britannique interrogé. Pour le reste, le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini est resté très prudent sur les résultats de cette journée de discussions, qui devait en principe permettre de débroussailler la voie en éliminant des points de divergence secondaires. "Toutes les opinions ont été constructives et positives, mais il y a toujours des améliorations à faire" sur le compromis présenté par la présidence italienne, a-t-il résumé.

A deux semaines du sommet européen de Bruxelles, censé aboutir à un accord sur le projet de Constitution, les négociations entre les vingt-cinq gouvernements se poursuivent dans un climat de plus en plus pesant. Les ministres des Affaires étrangères ont entamé, le 29 novembre 2003 à Naples, deux jours de discussions intensives sous un ciel pluvieux. Pour la première fois depuis l'ouverture des travaux de la conférence intergouvernementale (CIG), le 4 octobre 2003 à Rome, la présidence italienne a soumis aux diplomates un texte de compromis en espérant débroussailler le chemin menant à un accord. Elle a pris en compte certaines réclamations des délégations, mais seulement sur les points les moins controversés du projet de Constitution.

Dès le début de la séance, les Néerlandais et les Espagnols sont venus bouleverser le bel ordonnancement prévu par les Italiens. Les premiers ont dénoncé une nouvelle fois le «coup de force» franco-allemand qui a conduit cette semaine à la mise entre parenthèses du pacte de stabilité budgétaire. «Cet incident place le conclave dans une tout autre perspective, a estimé le ministre néerlandais des Affaires européennes, Nicolai Edzo. Il faudrait commencer par régler la question du pacte avant de poursuivre les négociations. Il s'agit d'une question de confiance.» Une demi-douzaine de délégations ont également estimé que la crise du pacte pouvait avoir des répercussions sur la CIG. La sagesse l'a toutefois emporté, la majorité des ministres refusant que le débat sur le pacte ne vienne polluer les négociations en cours.

De leur côté, les Espagnols ont adopté une attitude offensive sur leur revendication principale: le maintien de leur pouvoir de blocage au sein du Conseil des ministres de l'UE. «La seule question qui préoccupe l'Espagne, c'est la pondération des voix au Conseil», a insisté Ana Palacio, le ministre espagnol des Affaires étrangères. «Le compromis ne prévoit rien de nouveau sur ce point. Pourquoi ce silence?», a-t-elle demandé. «Nous n'avons pas de proposition alternative au projet de Constitution», a rétorqué Franco Frattini, le chef de la diplomatie italienne, chargé de présider les débats. Le texte de Constitution élaboré par Valéry Giscard d'Estaing prévoit un système où une majorité simple d'Etats (13 sur 25) serait suffisante pour prendre une décision, à la condition qu'ils représentent 60 % de la population de l'UE. Ce schéma dit «de double majorité» favorise les pays les plus peuplés, au premier rang desquels l'Allemagne. Sur ce sujet, comme sur la composition de la future Commission européenne, contestée par les dix futurs Etats membres de l'Union, la présidence italienne s'est engagée à ne pas modifier le projet de Giscard. «Nous n'avons pas l'intention d'accepter un compromis au rabais», répète la présidence italienne à l'intention des Espagnols et des Polonais qui s'obstinent à refuser le système de vote prévu par la Convention. «L'Italie doit faire un effort de compromis sur ce point. Si la Pologne restait face à la seule alternative de la double majorité, elle répondrait non au texte, et ce serait désastreux» a déclaré, peu avant la réunion de Naples, le vice-ministre polonais des Affaires étrangères.

La présidence italienne a organisé un tour de table sur la manière d'aborder cette question et les autres points sensibles des négociations (notamment la composition de la Commission européenne, la référence ou non aux racines chrétiennes dans le préambule de la Constitution). Sur ce dernier point, Franco Frattini a estimé qu'il y avait une majorité de pays favorable à une référence à l'héritage chrétien de l'Europe, mais qu'une "minorité" de pays (les plus peuplés) considérait qu'elle n'était pas opportune. Malgré le pessimisme ambiant, la présidence italienne a engrangé un accord hier sur la majorité des amendements qu'elle a proposés, à l'exception de celui concernant la politique étrangère. Sa proposition audacieuse consistant à étendre à ce domaine sensible la prise de décision à la majorité qualifiée a été rejetée par les Britanniques, qui tiennent à leur droit de veto. Les débats du conclave se sont achevés aujourd'hui par un nouveau tour de table sur les sujets sensibles, notamment le système de vote au sein du Conseil. Mais la présidence italienne devrait se garder de faire des propositions précises, en préférant attendre le sommet de Bruxelles les 13 et 14 décembre 2003. La réunion ministérielle de Naples, la cinquième depuis le début de la CIG, n'aura guère fait avancer les débats.

Bien que la Défense soit un sujet majeur de l'agenda ministériel de Naples, les ministres ne pourront pas discuter de ce dossier clé avant que les USA n'aient été consulté, ont révélé plusieurs officiels européens. Le Royaume Uni, la France et l'Allemagne se sont mis d'accord sur un plan de défense européen qui tout à la fois ne bousculerait pas les relations transatlantiques et permettrait de renforcer la coopération européenne. Les USA avaient exprimé leur inquiétude quant à la création d'un QG européen autonome qui saperait l'autorité de l'OTAN. Des détails de l'accord franco germano-britannique ont été révélés par le quotidien français Le Monde. Il est question entre autres de permettre à l'UE de s'impliquer dans des opérations militaires dans l'hypothèse où l'OTAN se serait refusé à le faire. Londres semble finir par choisir la Raison, en voulant intégrer l'UE dans toutes ses dimensions, quelque ait été les intérêts britanniques avec ceux des USA. L'UE s'affirme, s'émancipe, quoi qu'en disent les nord-américains... L'Euro est une monnaie à l'attitude cinglante: il faut 1,2 dollar pour 1 euro, au 28 novembre 2003 ! La roue tourne, l'étalon US n'est plus la seule référence ! Londres l'a bien compris...
      


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