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2ème Chronique

L' UE-nord en rose !

Kritix, le Sunday 29 September 2002 - 4676 consultations - Commenter la chronique

Vague rose en Europe ? Suède, Allemagne, Macédoine… Reconduit dimanche dernier dans les urnes, le chancelier allemand Gerhard Schröder aura la lourde tâche de réformer la première économie européenne, toujours avec ses alliés verts mais avec une majorité plus étroite. "Cela ne sera pas une sinécure", a reconnu Schröder, pourtant rayonnant, à l'aube, devant les sympathisants du Parti social-démocrate. Le SPD n'a décroché dans les urnes qu'une courte majorité, réduite à neuf sièges contre 21 au Bundestag sortant.

Le gouvernement de centre-gauche pourrait avoir du mal dans ces conditions à réformer l'économie allemande, la troisième du monde après celles des États-Unis et du Japon. Certains économistes la jugent asphyxiée par trop d'impôts et de réglementations et menacée de stagnation à l'instar de l'économie nippone. "Victoire précaire pour les rouges-verts", écrit lundi le quotidien populaire Bild. "Jamais un parti au pouvoir n'avait connu de telles pertes après seulement quatre ans."

Les sociaux-démocrates et les Verts devront convenir d'un programme économique pour les quatre années à venir et former un gouvernement qui devrait comporter un certain nombre de nouveautés. "Dans trois semaines le gouvernement sera stable", a promis le secrétaire général du SPD, Franz Müntefering, à la radio allemande. Il a ajouté que la réforme du marché du travail serait la tâche la plus importante de la nouvelle équipe. Schröder devra aussi s'atteler à l'amélioration des relations entre Berlin et Washington, mises à mal par son opposition farouche à une intervention militaire américaine contre l'Irak et par un article rapportant les propos de la ministre de la Justice SPD, Herta Däubler-Gmelin, comparant les méthodes politiques du président George W. Bush à celles d'Adolf Hitler. Ses propos, rapportés par un journal régional et qu'elle dément avoir tenus, ont provoqué l'ire de Washington.

Selon des résultats globaux, le SPD perd 2,4 points en réunissant 38,5% des suffrages. Les électeurs allemands sanctionnent ainsi la persistance du chômage au-dessus de la barre des quatre millions pendant les quatre années du premier mandat de Schröder.

Les sociaux-démocrates font jeu égal avec les conservateurs, qui pour leur part sont en progression de 3,4 points, à 38,5% des suffrages également. Le score historique des Verts, qui progressent de 1,9 point à 8,6% des suffrages, sauve donc in extremis la coalition rouge-verte qui est reconduite à la tête du pays avec une majorité réduite. Les alliés putatifs de la CDU/CSU, les libéraux du FDP, ont fait un score décevant en ne réunissant que 7,4% des suffrages. En tout, la coalition "rouge-verte" se trouve à la tête de 306 des 603 sièges que compte le Bundestag, devant le bloc conservateurs-libéraux, qui en détient 295. Le PDS des néo-communistes enregistre un cuisant échec en ne conservant que deux sièges au Bundestag.

L'Allemagne se prépare à un hiver morose, avec une croissance économique qui ne devrait pas excéder les 0,75% et la perspective d'une partie de bras de fer avec Bruxelles sur la question de son déficit budgétaire, qui devrait dépasser la limite fixée par l'Union européenne au sein de la zone euro. "Le prochain gouvernement aura une majorité très, très courte et cela va rendre difficile tout changement", estime Julian Callow, économiste en chef pour l'Europe de la CFSB. L'euro n'a pas souffert dans un premier temps des résultats du scrutin, s'échangeant à 98,10 cents en Asie contre 98,18 cents à New York vendredi. Mais la bourse allemande était en baisse lundi matin, déçue par la réélection de la coalition rouge-verte et par la faible majorité dont elle dispose au Bundestag.

Les résultats allemands semblent faire écho à ceux de Macédoine le 16/09/2002. Les électeurs macédoniens ont rejeté dimanche dans l'opposition les Nationalistes, au pouvoir lors du conflit ethnique de l'an dernier, et ils les ont remplacés par des modérés de gauche. Aspirant elle aussi au changement, la minorité albanophone de Macédoine a retiré sa confiance au Parti albanais qui avait fait partie ces quatre dernières années d'un gouvernement de coalition, et elle l'a remplacé par un nouveau parti dirigé par d'anciens maquisards. Le scrutin s'est déroulé sans violence ethnique, au grand soulagement des puissances occidentales qui se sont efforcées, ces 18 derniers mois, de stabiliser la poudrière macédonienne.

Le Premier ministre macédonien Ljubco Georgievski, au pouvoir depuis les précédentes élections, il y a quatre ans, a concédé la défaite à l'opposition sociale-démocrate conduite par Branko Crvenkovski, qui a été Premier ministre pendant les six ans qui ont suivi l'indépendance de l'ancienne République yougoslave, en 1991. "En ce moment, il apparaît que le VMRO (Organisation révolutionnaire macédonienne intérieure, au pouvoir) et le Parti libéral (partenaire de coalition) ne formeront pas le nouveau gouvernement", a dit Georgievski à la télévision nationale. Georgievski, dont le gouvernement a été accusé de corruption, a félicité les sociaux-démocrates et il s'est réjoui de la tenue pacifique des élections malgré les craintes d'une nouvelle flambée de violences ethniques. "Demain, nous ferons la fête, et après-demain, une lourde tâche nous attend", a de son côté déclaré peu après minuit Crvenkovski à des partisans en délire, au siège du parti.

Un sondage sortie des urnes parrainé par l'Institut républicain international, basé à Washington, crédite les sociaux-démocrates et de petits partis alliés de 41% des suffrages contre 24% au VMRO. Il montre aussi que, avec 12% des suffrages, l'Union démocratique pour l'Intégration de l'ancien chef rebelle Ali Ahmeti devient le premier représentant de la communauté albanophone, à laquelle est garanti le partage du pouvoir. Le Parti des Albanais, partenaire de coalition du VMRO, n'aurait obtenu qu'un peu plus de quatre pour cent des voix. Alors que les semaines précédant les législatives avaient été marquées par une recrudescence des tensions, avec notamment la mort de trois policiers, seuls quelques incidents isolés ont été signalés au cours des douze heures qu'a duré le scrutin. Les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ne se sont néanmoins pas encore prononcés sur le caractère libre et équitable du scrutin. Dimanche dernier, un militant du Parti albanais a essuyé des tirs d'un membre d'un groupe albanophone rival dans un village au sud de Skopje, mais son parti a dit que ses jours n'étaient pas en danger.

Par ailleurs, des hommes armés ont fait irruption dans un bureau de vote de Lesok, un village de l'ouest du pays, ils ont agressé un assesseur et ont volé l'urne en tirant en l'air. Mais ces incidents sont restés isolés et il n'y a eu aucune tentative coordonnée par des extrémistes d'entraver le scrutin. Le vainqueur des élections devra affronter de lourds problèmes, notamment économiques, avec un Produit intérieur brut qui a chuté de 4,6% en 2001 et un taux de chômage de 40%. La corruption et le crime organisé dissuadent en outre les investissements étrangers. Reste aussi à voir comment la majorité macédonienne réagira à l'entrée au Parlement du parti d'Ahmeti dont l'Armée nationale de libération a déposé les armes l'an dernier en échange de mesures juridiques visant à améliorer le statut de la minorité albanophone.

Terminons par les résultats suédois du16/09/2002, desquels l'actuel Premier ministre social-démocrate suédois Goran Persson a obtenu un troisième mandat consécutif à l'issue des élections législatives de dimanche. Les Suédois ont opté pour le maintien d'une politique généreuse d'aides sociales plutôt que pour la baisse des impôts et les privatisations proposées par l'opposition de centre-droite.

La "vague bleue" qui a emporté plusieurs gouvernements de gauche de l'Union européenne ces dernières années n'aura donc pas touché la Suède, toujours attachée à son modèle d'Etat-providence. Ce résultat a d'ailleurs encouragé la coalition de centre-gauche du chancelier allemand Gerhard Schröder, qui prit une légère avance sur les chrétiens-démocrates dans les intentions de vote, à six jours des législatives. "La semaine prochaine, nos camarades allemands pourront suivre nos traces", a lancé dimanche soir le chef du gouvernement. La victoire de Persson va désormais lui permettre d'organiser un référendum sur l'adhésion de son pays à la monnaie unique européenne. La progression du Parti libéral, qui avait introduit le thème de l'immigration dans la campagne électorale, ne se sera faite qu'aux dépens d'autres partis de centre-droite.

A l'annonce de la victoire des sociaux-démocrates et de leurs alliés, les Verts et le Parti de Gauche (ex-communiste), Persson a promis de s'efforcer, avec l'appui des puissants syndicats, d'apporter davantage d'égalité dans la société suédoise. "Nous travaillerons ces quatre prochaines années à rendre la Suède plus juste et plus égalitaire, et nous nous efforcerons aussi de faire entendre (la voix de la Suède) sur le plan international et en faveur de la solidarité internationale". L'une des premières tâches de Persson sera de faire en sorte que son Parti social-démocrate - de loin le plus important du pays avec 40% des suffrages - dispose au Parlement de suffisamment de soutien pour gouverner.

Il a formulé l'espoir de coopérer à nouveau avec le Parti de la Gauche et avec les Verts, comme les quatre années précédentes, mais il a aussi proposé aux membres de l'opposition de le rejoindre. "Il pourrait y avoir d'autres partis qui souhaitent être avec nous et assumer des responsabilités pour la Suède, mais bien sûr, je veux coopérer avec le Parti Vert et avec le Parti de la Gauche - peut-être aussi avec d'autres", a dit le Premier ministre. Après dépouillement de pratiquement tous les bulletins, les Sociaux-démocrates et le Parti de la Gauche réunissaient 48,4% des suffrages, soit 174 des 349 sièges du Parlement unicaméral, les Verts, 4,6%, soit 17 sièges, et les quatre partis de centre-droite, 43,8%, soit 158 sièges. Globalement, l'équilibre entre les blocs n'a guère changé par rapport aux élections de 1998, les Sociaux-démocrates ayant ravi des voix au Parti de Gauche, tandis que les Libéraux bénéficient d'un repli des Modérés.

Persson a exclu une coalition officielle avec la Gauche et les Verts parce qu'ils sont tous deux opposés sur l'appartenance de la Suède à l'Union européenne. En ce qui concerne le référendum sur l'adhésion à l'euro, Persson peut compter sur le soutien de la majeure partie du Centre-droite à défaut d'avoir l'appui des Verts et de la Gauche. Persson, fervent partisan de l'euro, a annoncé qu'il inviterait les autres dirigeants de partis à se mettre d'accord sur la date d'un référendum qui pourrait intervenir au printemps ou à l'automne de l'an prochain. D'après les sondages, l'adhésion à l'euro l'emporterait de peu.

La principale surprise du scrutin est la bonne performance des Libéraux dont le chef, Lars Leijonborg, a déclaré que tout étranger en mesure de trouver du travail en Suède devrait y être accueilli, mais qu'en cas de chômage, il devrait partir au bout de trois mois. Leijonborg a aussi préconisé que les immigrés souhaitant être naturalisé suédois soit tenu d'apprendre la langue. Les Libéraux ont pratiquement triplé leur score.


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