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3ème Chronique

Vatican franquiste !

Kritix, le Monday 7 October 2002 - 5777 consultations - Commenter la chronique

Le droit canon comprend maintenant en son sein une secte: l'Opus Dei ! Ce 6 octobre 2002, le fondateur de l'Opus Dei, Mgr Josémaria Escriva de Balaguer, le directeur de conscience des époux Franco et du général Pinochet, a été canonisé par le pape Jean Paul II devant 300.000 fidèles rassemblés place Saint-Pierre, une des plus grandes foules jamais réunie pour une telle cérémonie. "Après mûre réflexion, invoquant de nombreuses fois l'aide divine et écoutant nombre de nos frères, nous déclarons Josémaria Escriva de Balaguer un saint", a déclaré le souverain pontife en latin. Vêtus de costumes de ville et de longues robes, les hommes et femmes de 80 pays, dont beaucoup d'Espagnols, avaient convergé aux premières heures pour assister à la cérémonie. Escriva a fondé l'Opus Dei, un ordre catholique conservateur controversé, en 1928. L'ordre compte aujourd'hui 1.800 prêtres affiliés. Le reste de ses 84.000 membres sont des catholiques ordinaires. Escriva est le 468e saint proclamé par le pape Jean Paul II, qui a canonisé davantage de personnes que l'ensemble de ses prédécesseurs de ces quatre derniers siècles. Le fondateur de l'Opus Dei a été béatifié en 1992, soit très peu de temps après son décès en 1975, signe selon certains de l'influence très forte de cet ordre au sein du Vatican, ainsi que dans les milieux politiques et financiers. Le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls, en serait membre. De nombreux observateurs présentent l'Opus Dei comme une organisation dangereuse et secrète au programme fondamentaliste. Ils reconnaissent cependant que l'ordre a donné quelques signes d'ouverture ces derniers temps. Une ancienne membre devenue journaliste, Isabel de Armas, a toutefois publié un livre dans lequel elle dénonce une dérive vers le culte de la personnalité, comparant même l'Opus Dei à la secte Moon. Dimanche, l'ambiance place Saint-Pierre, calme et silencieuse, contrastait fortement avec celle qui avait marqué la canonisation de Padre Pio en juin dernier, ponctuée de feux d'artifice et d'ovations bruyantes. Mgr Escriva de Balaguer fonda, pendant la guerre civile espagnole, une confrérie catholique secrète, l'Opus Dei (Œuvre divine) pour combattre les communistes, les anarchistes et les francs-maçons. Après la Seconde Guerre mondiale, l'Opus s'installa à Rome et agrégea autour d'elle tous les anciens réseaux religieux fascistes et oustachis. Elle exfiltra les criminels les plus voyants vers l'Amérique latine et participa à l'instauration de diverses dictatures catholiques. Simultanément, elle s'adapta aux régimes démocratiques en Europe et aux États-Unis, réussissant à s'infiltrer dans les rouages économiques et politiques du pouvoir. Elle pousse aujourd'hui à la "guerre des civilisations" contre l'Islam. Cet extrémisme caractérisé n'est pas nouveau !

Les années 1930 avaient marqué un essor important et une grande étape pour l'Action catholique et pour ses mouvements de jeunesse, qui formaient leurs membres à un apostolat spécialisé par milieux (ouvriers, étudiants, paysans...) pour "refaire chrétiens" ceux qui ne l'étaient plus et une société qui s'était détournée de l'Église. Dans le même temps, l'Opus Dei adopte une démarche tout autre. Il s'adresse à ceux qui, ayant dans ce monde leur vie familiale, professionnelle et civique, attendent une spiritualité qui réponde à leurs responsabilités et à leurs conditions respectives. Au départ, il se présente donc comme une association à vocation internationale (dont le siège est à Rome depuis 1946) comprenant des fidèles laïques et des prêtres qui en sont issus (les trois premiers d'entre eux, dont le successeur du fondateur, Mgr Alvaro del Portillo, ont été ordonnés en 1944). Son statut juridique dans l'Église a connu plusieurs étapes: pieuse union du diocèse de Madrid (1941); institut séculier de droit pontifical (1947) - le premier du genre, voulu par Pie XII; enfin, prélature personnelle (1982), la seule à ce jour, selon une formule prévue par le concile de Vatican II et inscrite depuis 1983 dans le nouveau Code de droit canonique.

L'Opus Dei est ouvert sans distinction à tous ceux qui acceptent l'esprit et les engagements prévus par ses statuts: "Sanctifier notre travail, nous sanctifier dans notre travail et sanctifier par notre travail" (Mgr Escrivá). Un petit livre du fondateur, Camino (Chemin), paru en 1934 sous le titre Considérations spirituelles et en 1939 sous sa forme définitive, en exprime la substance: 999 courtes maximes, conseils ou préceptes dont l'extrême simplicité a sans doute fait l'immense succès (l'ouvrage a été diffusé à 3 500 000 exemplaires, en trente-huit langues), et où l'on chercherait en vain une philosophie sociale ou politique. C'est assez pour laisser aux membres de l'association la liberté qui leur incombe, non pour convaincre une opinion persuadée du contraire. La question des véritables objectifs de l'Opus Dei s'est surtout posée quand, après dix ans d'incubation, l'institution a pris son essor, coïncidant avec la victoire du franquisme. Dans l'Église d'Espagne, la consigne fut alors l'engagement des élites catholiques dans les affaires publiques, contre l'opinion de ceux qui pensaient pouvoir être bons chrétiens en privé mais pas en politique. De là le rôle joué, en particulier au sein du gouvernement espagnol, par des membres de l'Action catholique, puis, de 1957 à 1973, par ceux de l'Opus Dei. Ces derniers ont favorisé la modernisation économique, préparé la libéralisation politique, mais ils ont aussi vu leurs noms mêlés à des "affaires" qui ont défrayé la chronique. On a parlé de "sainte mafia" et de "groupe de pression" au service d'un régime réactionnaire et d'intérêts privés; ainsi s'altère une réputation et s'affermissent des soupçons qu'un goût déclaré des membres du mouvement pour la discrétion a longtemps entretenu.

La structure de l'Opus Dei est complexe. Ses membres partagent une même vocation, mais sous des formes diverses; il n'y a pas pour eux de régime de vie uniforme et ils sont mariés pour la plupart. On les dit numéraires, agrégés ou surnuméraires selon leurs engagements et leur disponibilité; coopérateurs, s'ils soutiennent l'œuvre sans lui appartenir. À la branche masculine s'est ajoutée en 1930 une branche féminine, d'égale importance numérique. Mais surtout lui est organiquement unie la Société sacerdotale de la sainte Croix, association de prêtres dont les uns sont membres numéraires ou agrégés de l'œuvre, tandis que les autres restent attachés à leurs diocèses. Outre la formation et le soutien de ses membres, l'Opus Dei assume des engagements qui s'exercent principalement dans l'enseignement universitaire, la recherche scientifique et les sciences sacrées, mais aussi dans la formation professionnelle et l'action éducative. Fondée en 1952, son université de Navarre, à Pampelune, jouit d'une réputation internationale. En France, depuis 1947, l'œuvre compte en 1990 environ 1 400 membres. Mgr Escrivá de Balaguer a été béatifié en mai 1992, après une dizaine d'années de procédures. Son successeur depuis septembre 1975, Mgr Alvaro del Portillo, décédé en mars 1994, a été remplacé en avril de la même année par le prêtre espagnol Javier Echevarria.


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