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12ème Chronique
LGV : Ségolène Royal résiste au désengagement de l'État
Kritix, le Friday 30 October 2009 -
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De par sa lettre ouverte du 20 octobre 2009 [pdf], la présidente de région Poitou-Charentes entre dans une résistance frontale au sarkozysme ! « Je demande la démonstration de la pertinence de ce projet en matière d'économie et d'aménagement du territoire, après une comparaison avec des projets alternatifs » Le 27 octobre 2009, à la nuit tombée, Poitiers était témoin d'une réunion publique mémorable. Réunion orpheline du président-député-maire de Poitiers Alain Claeys et de la députée Catherine Coutelle qui brillèrent par leur absence, à l'image de quasiment tout son conseil municipal et communautaire. Exception faite de quelques élus, tels Jean François Macaire (qui porta la parole de Ségolène Royal), le maire de Smarves Philippe Barrault ou Maryse Desbourdes (conseillère municipale de Poitiers dans l'opposition « gauche alternative »), nous avons ici un déni patent de démocratie représentative. L'amphi J du Campus de l'Université de Poitiers dans lequel se déroulait la réunion était comble, les médias étaient nombreux, les opposants à la ligne LGV Poitiers-Limoges étaient mobilisés... LGV : désengagement de l'État sur les rails envoyé par kritixTV. Suite à la lettre ouverte de la présidente de région Ségolène Royal, le désengagement de l'État est clairement démontré. Extraits de la réunion publique de RFF sur la LGV Poitiers-Limoges, le 27 octobre 2009. 20h33, RFF déclara, « Le TGV, ça va vite ! »
Durant ce débat publique, la communauté d'agglomération de Poitiers ne fut pas représentée. Voici donc bien la preuve que la majorité socialiste de Poitiers soutient la politique de désengagement de l'État avec cette posture de la chaise vide devant les électeurs ! Le collectif de Smarves, « On nous fait déplacer, alors que vous nous dîtes que la décision est prise ! Les Verts de la Vienne disent NON à la LGV ! » Le citoyen devrait payer presque 2 milliards pour gagner une demi-heure...
Préfecture de la région Poitou-Charentes, à Poitiers, en septembre 2009.
© kritix.com
RFF jargonna à tout va devant un mécontentement persistant. Des citoyens outrés par l'autisme de RFF, feront des interventions intempestives, tout au long des lieux communs égrainés d'une voix chevrotante par les locuteurs de Réseau Ferré de France. Les contribuables deviennent nerveux, s'impatientent : cette transparence absconse à des allures hiéroglyphiques. Des grands élus, seule Ségolène Royal se fit représenter par son vice-président Jean François Macaire. Les députés dédaignèrent le débat publique ! Les parangons de la transparence s'illustrent une fois de plus comme une piètre complaisance avec le pouvoir sarkozyste en place. Le sarkozysme achète les consciences ! C'est la raison pour laquelle Ségolène Royal entre en résistance et ne collabore pas avec le désengagement de l'État. L'Élysée veut faire payer aux régions socialistes les prérogatives régaliennes de la nation française ! Le président de la République française n'assure plus son rôle de protecteur des institutions nationales. Que fait la majorité des députés ? Ils entérinent !
Réunion publique sur la LGV Poitiers-Limoges, le 27 octobre 2009.
© kritix.com
Un contribuable, un cofinanceur de plus, porta haut la voix, « Vous proposez une LGV cul de sac ! À l'Est, il y a Limoges et la montagne et elle est dure [Ricanements kafkaïens, NDR]. On va attendre une centaine d'années [pour glaner les financements rêvés] ! Sur la ligne TGV de La Rochelle-Poitiers, il y a [encore] des passages à niveau. On peut [donc] adapter les lignes existantes ! [...] Il y a des milliards partout, il n'y a qu'à se servir [Une ironie dépitée parcourue l'amphi J, NDR] ! […] On a les bons copains du béton, vous savez les trois [Bouygues, VINCI et Eiffage, NDR]. [...] Ils vont la construire et on y fera ce qu'on veut dans la maison France ! » Le dépit fut partagé par un public écœuré que l'on en vienne à ironiser sur la paupérisation des français dû à quelques potentats faisant le jeu des privilégiés. L'intervenant se tourna vers le public et dit avec amertume et sarcasme, « Merci à vous tous ! Vous serez toujours là pour payer ! » La salle scanda son mécontentement... Le préfet Bernard Tomasini, absent, sans doute tourmenté par l'Angolagate et la condamnation de son ami le ministre de l'intérieur Charles Pasqua (L'ancien ministre de l'intérieur est condamné, le 28 octobre 2009, à un an de prison ferme et 100 000 euros d'amende. Il a fait appel.), avait endossé la responsabilité du projet LGV Poitiers-Limoges. Pour contenter Claude Guéant, secrétaire général de l'Élysée, il n'avait eu d'autre choix que de nier la légitimité des maires de campagne qui, en très grande majorité, refusèrent d'avaliser ce projet de LGV en l'état ; le maire de Smarves en tête. Les sans grades et les petits élus s'indignèrent contre le gouvernement Fillon : « RFF doit s'en tenir à la seule lettre de Ségolène Royal ! La LGV, on n'en veut pas ! On n'en veut pas ! » Ainsi, par le gouvernement Fillon et sur injonction de Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa, RFF fut jeté en pâture aux citoyens en colère. La Sarkozie, c'est voter une politique puis laisser les fonctionnaires l'appliquer et encaisser les dérives de ces politiques dont ils ne sont que les exécuteurs.
Affiche de protestation lors de la réunion publique sur la LGV Poitiers-Limoges, le 27 octobre 2009.
© kritix.com
Dans le projet LGV Poitiers-Limoges, la région Poitou-Charentes est donneur d'ordre : un cofinanceur de taille entre autres collectivités territoriales. En tribun, impassible dans cette atmosphère électrique, le vice-président Jean François Macaire prit ses distances avec les unanimismes de Poitiers. Les députés Alain Claeys et Catherine Coutelle furent hués. Les citoyens contribuables et cofinanceurs lancèrent pèle-mêle « ce n'est pas les mêmes utilisateurs pour les mêmes trajets ! » « Merci d'être venu, enfin, dans les terres poitevines ! » Ironie contre le grenelle de l'environnement : « Tout le monde sait que se déplacer plus vite c'est écolo ! » La charivari et le chahut possédait l'amphi J : « Une réponse ! Une réponse ! Une réponse ! » RFF finit par provoquer : « Vous faites les questions et les réponses ! » Authentique alchimie que ce lynchage de la concentration des pouvoirs et que cette condescendance des grands élus face à l'exception portée par l'élu Jean François Macaire, représentant l'incontournable donneuse d'ordre Ségolène Royal. La présidente a le pouvoir de renégocier le projet des grands élus d'ici quelques jours.
Alors que la délégation de RFF égrainait des lieux communs rébarbatifs, un citoyen lança excédé, « T'es en train de lire un livre ! » Le locuteur à l'allure très méprisante, dédaigneuse et technocratique, avec ce pince sans rire des heures sombres de notre histoire, « Désolé, je n'ai pas de papier ! »
Bureau du préfet de la région Poitou-Charentes, septembre 2009.
© kritix.com
C'est dans l'anarchie et dans un climat insurrectionnel que se terminera cette réunion publique, sous les cris, RFF conspuée ! « Menteur, vous n'étiez pas disponibles ! Nous réclamons, comme l'a réclamé monsieur Macaire, un vrai débat publique ! Vous n'êtes que des pantins ! C'est de la propagande ! Vous êtes des nuls ! On n'en veut pas ! », la passion l'emporta devant la placidité des technocrates à l'efficacité éprouvée. A 23 h, la salle se leva comme un seul homme, se vida ; l'autorité renversée, les citoyens mirent fin à la mascarade sarkozyste et appelèrent de leurs vœux une démocratie réellement participative.
ANNEXE Au soir du 2 novembre 2009, le préfet Bernard Tomasini et RFF tenaient nuitamment à la préfecture de Poitiers, une concertation inédite avec les associations et collectifs opposés à la LGV, mais sans les grands élus !
Bernard Tomasini observa contraint par la présidente de région Ségolène Royal, ce formalisme, avant la délicate réunion du comité des financeurs, composé des collectivités territoriales et de l'Etat, devant se tenir le 6 novembre 2009 à Limoges. |
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