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7ème Chronique

Le neurologue poitevin Roger Gil et la bioéthique (acte 2)

Kritix, le Saturday 21 March 2009 - 5187 consultations - Commenter la chronique

[Les propos présentés ci-après sans italique, sont pour l'essentiel ceux tenus par le chercheur Roger Gil lors de la conférence du 10 décembre 2008 à l'Espace Mendès France de Poitiers]

Un blastocyste, embryon humain de quelques jours (5 à 7), au coeur duquel on peut prélever des cellules souches. Image en pseudo-relief réalisée avec un microscope électronique à balayage. Le blastocyste a été découpé par micro-chirurgie.

Les Recherches sur les embryons tardent en France comme à l'étranger. Ces divisions, ces tumeurs qui propagent le cancer... Les cellules souches sont en revanche prometteuses de par la mobilité des destinations des caractères des cellules « in vivo ». Le député-maire de Poitiers Alain Claeys, membre de la commission mixte paritaire sur le projet de loi bioéthique se trompe quand il se dit ,selon de le rapport de 2004, « favorable à ce que des recherches puissent être menées sur l'ensemble des embryons surnuméraires ». La condition d'autorisation de ces recherches, à savoir qu'elles permettent des progrès thérapeutiques majeurs, est impossible à satisfaire à priori . Le législateur avait autorisé, dés 1994, la destruction des embryons surnuméraires. Alain Claeys s'est dit le matin du 10 décembre 2008 que le débat serait à nouveau posé... ce qui n'est pas sincère. Si la recherche est étendue, il faut une recherche fondamentale sur l'embryon, sur la vie, sans objectifs thérapeutiques. Les parlementaires voudront un haut degré d'encadrement, c'est à dire une agence de biomédecine, alors qu'il faudrait quitter pour un temps la science appliquée !

Le but final est-il de soigner ? Si oui, alors il faut une recherche libre sur l'embryon : quitter l'expérimental pour le fondamental. Il y a paradoxe : en régulant, la loi édicte des bornes variables de transgressions et les transfère par subsidiarité via l'agence de biomédecine. Tout ce qui n'est pas scientifique, n'est pas éthique ; mais toute science est-elle éthique ? On en est amené à parler de philosophie des sciences.

Au procès de Nuremberg en 1945 et 1946, les découvertes, les avancées scientifiques furent non éthiques. Et pourtant elles furent de grandes recherches utiles, récupérées par les USA et l'URSS. La science a sa logique. Logique qui n'est pas de nature éthique. L'éthique commence à Nuremberg en 1946, ce que partage le député-maire de Poitiers Alain Claeys. Les juges disposent d'un code isolant la science de la société. Ce champ sociétal a un équilibre difficile. La politique scientifique a besoin de la Nation, cette substance irrigante. La Recherche est l'affaire de la Science !

Une société laïque se réfère à des systèmes de valeurs. Le soucis de l'ordre public procède d'un système idéologique comme règle. Le consensus n'est pas possible, il faut faire des choix. Le député-maire de Poitiers est pour le consensus. Alain Claeys [qui a pour Roger Gil une profonde estime] considère le consensus inopérant tant les menées éthiques sont contradictoires dans leurs finalités. Les principes de la déclaration des droits de l'Homme au palais de Chaillot en 1946 sur la dignité humaine ; article 1 « les hommes sont libres et égaux en droits » dans un soucis de fraternité (soucis du bien commun). En France, aujourd'hui, l'égalité s'illustre, trouve son fondement dans l'exception par cet exemple de la SECU. Parce qu'il y a respect de la vie... Parce qu'il y a le soucis des individus et des personnes... On y peut constater le respect de la dignité humaine et le soucis du bien commun.

Le principe d'autonomie est présent tant aux USA qu'en France où il ne s'agit pas que de bienfaisance. Ainsi en France, selon la loi Huriez, le consentement du malade est « libre, express, éclairé » et attribué à une personne de confiance. La loi de 2002 sur le droit des malades, parle de partenaires, non d'objet de soins. L'implication est que le corps humain est indisponible (exempt de toute considération commerciale, de marchandisation ), d'où la gratuité, le don. En un mot, le corps est support de la personne. Le philosophe Kant souligne l'opposition de la personne à la chose, exception faite des animaux... Selon la convention d' Oviedo, non signée par la France, le respect de la dignité se pose contre l'utilitarisme du plus grand bien pour le plus grand nombre : on tolère les exclus ! Son esprit c'est le bien commun avec primauté de l'être humain.

Quand une recherche est admise, le clonage n'est pas possible... Méfions-nous des principes, nous on utilise ! [Le neurologue Roger Gil se moque de ces principes, lui si souvent en butte aux innombrables obstacles lors de ses recherches !] Quelle pourrait être une possible articulation ? Si pas de conflits de valeurs, pas d'éthique, sorte d'aphorisme d'un Paul Ricoeur appauvrit.

Roger Gil, professeur d'université en Neurologie au CHU de Poitiers.
http://grevic.labo.univ-poitiers.fr/spip.php?article20

Où peut-on déterminer ce qui est vie de ce qui ne l'est pas encore : à la naissance ou avant ? La loi de 1975 dit que la vie commence à la fécondation ; celle de la vie humaine, de l'être humain, de la personne humaine. Il y a une pluie de débats sur la reconnaissance de la personne humaine. Tout le monde est d'accord sur l'ambiguïté : l'embryon est une personne potentielle ; les lignes de fractures subsistent comme le « Verre de cristal de Freud ». Il y a polysémie de la dignité humaine sur la fin de vie. C'est la loi du passage de l'abstraction à la concrétude qui s'enfonce dans le domaine règlementaire. Selon qu'il y a pléthore de débats, selon que les désaccords diffèrent ou bien sur la dignité ontologique (le Savant), ou bien sur la dignité par rapport à l'estime de soi (le Public). Il y a impasse si l'on prend ce cas d'école, où dans un couple l'homme meurt, la femme peut-elle commencer une grossesse avec un embryon congelé ? La loi doit-elle présager de la grossesse ? Le député-maire Alain Claeys ne l'entend pas sur la conduite du deuil. Il y a renvoi à la conscience du couple. Problème d'héritage... les pesanteurs règlementaires parcourent le champ de la psychologie...

La valeur performatrice de la Loi. La mort faisant partie de la Vie, la Loi se mêle de tout, trop, malgré, en toute hypothèse, le bon travail du législateur. Si la loi œuvre pour le bien commun, l'Éthique doit y discerner les conflits de valeurs par des conquêtes. Le danger c'est l'apport de réponses, de certitudes. Le questionnement de l'Éthique est ce qui compte, ce qui est admis par tous, selon la philosophie kantienne. La pertinence siège en « dedans de nous », ordonnant notre réflexion. La France ne doit pas perdre sa diversité [recherche expérimentale et recherche fondamentale]. La conscience éthique réclame une formation, un effort. Les USA avaient 30 questions éthiques sur les embryons. Les américains ne sont pas comme nous puisque les fonctionnements fédéraux et privés n'ont pas les mêmes conduites. Le candidat Barack Obama est « pour », alors que le candidat Mac Cain est « contre »sur la conduite fédérale relative aux cellules souches et la recherche. [Le président US Barack Obama a choisit en février 2009 d'accélérer ces choix de recherche fédérales sur les cellules souches, visant à rattraper le retard prit par l'administration Bush sur ces domaines de recherches appliquées et fondamentales. Le professeur Roger Gil cite ce qui se passe aux USA et ce qu'il a vu.] L'Éthique est l'affaire de tous ! C'est tout l'intérêt de ces journées, de ce cycle de conférences.

Une articulation serait donc possible avec le droit à la parole, non celui d'anathème. L'axe axiologique, cette ligne de force que constitue l'ouverture de champ sur le respect de l'embryon, de la Vie. Affirmer un système de valeurs progressistes avec les apports de chacun pour une cohérence de la pluralité dans le sens de la tolérance.

Le danger serait de faire de la Loi, un traité moral ! Ce qui est permit par la Loi n'est pas obligatoirement moral, dans la tolérance d'autrui. Le constat des différences incite à la parole, travailler l'argumentation, la posture éthique, dans un monde où il y a plus d'humains, d'humanité. Chacun de nous, toujours responsable et parfois coupable parce que heureusement l'Éthique est toujours insatisfaisante. L'éthique c'est le tâtonnement dans la recherche du plus d'humanité : l'humilité doit s'imposer à nous tous.

La question, la visée thérapeutique majeure est que l'on constate que la recherche sur l'embryon ne produit que des cancers et que dans le même temps le cordon ombilical est une réussite ! Il y a une grosse pression sur les chercheurs avec le Téléthon ; sorte de chercheur pré-chomsky. Il faut accepter les confrontations, la distribution de l'argent de la Recherche, la tolérance mutuelle... mais où va l'argent ?

Suite et fin de la conférence dans l'acte 3


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