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6ème Chronique
Le neurologue poitevin Roger Gil et la bioéthique (acte 1)
Kritix, le Thursday 19 March 2009 -
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Commentaires (1)
Le professeur Roger Gil devrait être au chevet d'une politique française de recherche égarée. Si rares aujourd'hui, il est de ces humanistes patriotes des droits de l'Homme. La noblesse de sa posture force l'admiration : il a ce sens du bien commun, celui de l'intérêt général, tellement étranger à la plupart de nos dirigeants politiques... Roger Gil, figure de Poitiers ,chef du service de neurologie et président du comité d'éthique du CHU de Poitiers, fit une conférence sur les discours éthiques et la bioéthique dans le cadre d'un cycle de conférences sur la loi et la bioéthique, organisées à l'espace de culture scientifique Mendès France de Poitiers, le 10 décembre 2008.
Un blastocyste, embryon humain de quelques jours (5 à 7), au coeur duquel on peut prélever des cellules souches.
(source : http://www.gfmer.ch/Livres/FIV_atlas/FIV_ICSI.htm )
H. Lucas
Une centaine de poitevins s'étaient pressés jusqu'à la salle de conférence du niveau -1, un espace confiné. Le public allait de la trentaine alerte aux personnes âgées, en passant par quelques étudiants, journalistes, scientifiques et enseignants, réunis dans une atmosphère feutrée, policée, qu'il convient aux initiés. A la tribune, le professeur Roger Gil patientait déjà depuis un bon quart d'heure avec bienveillance, cette bonhomie caractéristique des hommes intègres : le quart d'heure poitevin oblige... De physionomie robuste, d'une voix fluette, le professeur fit son entame sans esbroufe, avec le ton qu'il convient à celui qui, épris de sagesse, a su construire une si longue carrière, le sens aigu de l'abnégation aidant. Il était 20h45. [Les propos présentés ci-après sans italique, sont pour l'essentiel ceux tenus par le chercheur Roger Gil lors de ladite conférence] Le professeur Roger Gil commença par les « deux philosophies aux aspects astringents » en synthétisant les différentes conférences de la journée : « ...D'une part l'éthique de la vieille Europe avec sa configuration partagée, cette contestation heureuse : les tissus humains d'un côté, le cerveau de l'autre. D'autre part, la philosophie morale avec la chaire de bioéthique où il faut se méfier des approximations : l'éthique n'en réclame pas ! En France, la confusion va grandissante. L'éthique précède la délibération permanente, pulsative de la loi ; ce modèle d'ordre moral de la nation. Le pays donne à voir les comportements approuvés ou réprouvés. La loi, cette régulation des comportements susceptibles de poser des problèmes éthiques : siège des conflits de valeurs. Comme peut l'illustrer le cas des mères porteuses, la loi ouvre ou ferme un champ de permissivité. On peut l'illustrer par le diagnostic préimplantatoire, par le problème de l'accès à l'origine, par le désir d'enfants d'une personne seule... D'aucuns s'élèvent contre certains grands principes via des autorités intermédiaires, sous le principe de subsidiarité avec des protocoles ; L'objet étant de substituer à la loi-structure (exégèse de la loi), une loi-cadre. Ce qui nous amène à nous questionner sur ce qu'inspire l'Éthique dans les lois bioéthiques. Dans un premier temps, nous verrons les motivations de ces lois. Dans un second temps, les principes de ces lois. Dans un troisième temps, le discours de ces lois et l'action performative (ce que fait la loi ?). » Le professeur Roger Gil continua avec éloquence et persuasion : « La motivation d'une loi c'est l'ordre public : ce qui structure la société, ce qui ne cause pas de troubles. Toutes ne sont pas contradictoires. D'autres sont permissives. Leur opposition (dichotomie) montre cet état non complet ; elles sont toujours issues des interdits, sauf exceptions. Ainsi, pour la loi de 1996, la république française garantie le respect de la vie humaine dés son commencement. L'exception est la détresse d'une femme confrontée à une grossesse non désirée. C'est pourquoi la loi encadre l'exception ; elle décline le « pas de loi sans peine ». Des conflits de valeurs impliquent des conditions, sinon sanctions punitives, sinon pas de loi. Voilà ce que l'on peut déterminer comme constituants de l'ordre public.
Roger Gil, professeur d'université en Neurologie au CHU de Poitiers.
http://grevic.labo.univ-poitiers.fr/spip.php?article20
Citons la limite de l'IVG ; comment apprécier la détresse d'une femme ? Il faut chercher à se déterminer par rapport au moindre mal, entre ce qui est acceptable et ce qui ne l'est plus. Il faut éviter le libre-arbitre, ne pas affirmer un droit absolu. Quant à l'appréciation, la détresse est évidée pour se réduire au souhait d'IVG. La détresse devient alors implicite. Par voie de conséquence, de cette détresse il n'appartient pas d'en faire la mesure. Pour ce qui est d'une loi permissive, les limites sont dans le compromis d'une société plurielle. Dans le milieu du courant pragmatique, on trouve à la fois le courant intangible sur la conception et à la fois le droit absolu de l'enfant qu'elle porte (position de l'avocate Giselle Halimi) ; Utopie que le rêve de bioéthique d'une abbaye de Thélème ? Mais la société ne veut pas laisser le champ-libre à la cacophonie des comportements individuels. On préfère le respect de la vie avec exception, non la confiance. D'un autre côté, l'encadrement remplit une fiction acceptable et inacceptable : on repère ainsi les types de sociétés. Les bornes sont que l'on ne peut pas tout faire : aussi y-a-t-il absence de libre-arbitre en France. Prenons l'exemple de l'embryon humain : le risque se trouve dans le passage du clonage clinique au clonage reproductif. Ce risque de réification de la loi de 1975 se trouve à l'article 16 du code civil. Les juristes s'accordent en ce que la loi a du mal avec la primauté de l'individu. En ce sens, la France fait exception. L'interdiction de recherche sur l'embryon est invention de crime contre l'espèce humaine : trente ans de réclusion et 7,5 millions d'euros... C'est du folklore après les crimes contre l'humanité dévoilés lors du procès de Nuremberg ! Rappelons les dissensions Chirac-Jospin, une opposition brève sans invectives. Le président Jacques Chirac défendait la recherche à partir d'embryons congelés, tandis que son premier ministre Lionel Jospin défendait le clonage thérapeutique. Si il y a possibilités de savoir la provenance des ovocytes, alors le champ social de jeunes femmes pauvres qui peuvent vendre pour 900 € en Espagne leur embryon devient possible, en l'absence du don ; Et là il y a danger ! Sur cette question du don en France, on constate une absence de heurts politiques. On constate un constant consensus sur le don et la bioéthique. C'est une exception française dans le monde.
La loi de 2004 prescrit : Il est a déplorer la sagacité de l'agence des agréments en biologie et génétique, avec le concours du directeur général, assisté d'un comité d'éthique de l'agence de biomédecine composé de parlementaires, associations et hauts fonctionnaires ; ils ne sont que représentants des corps constitués et non la Nation ! La disposition même de la loi de 2004 est étrange car elle n'a aucunement fait mention d'un quelconque progrès thérapeutique : rien n'en n'a surgit ! Cette science [voulue par cette loi] relève du « café du commerce » ! Il y a manifestement un conflit de valeurs entre le respect de la Vie et les éventuels progrès thérapeutiques. Tout déterminer par la Loi est une erreur, parce que l'aspect thérapeutique est non envisageable... »
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