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1ère Chronique
Et les centrales nucléaires tremblèrent !
Kritix, le Monday 18 November 2002 -
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En êtes vous de ceux, secoués du Nucléaire ? Un rapport de la Criirad rendu public le 18 octobre dernier, souligne l'insuffisance des contrôles effectués par la centrale nucléaire du Blayais, en Gironde, pour mesurer l'exposition des populations aux rejets radioactifs. La Criirad (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité) estime dans ce rapport que les "résultats sont très discutables et que les modélisations utilisées par EDF méritent d'être affinées car elles comportent de nombreuses lacunes". Ce rapport a été rendu public à Etauliers, petite commune proche de la centrale, lors de l'assemblée générale de la commission locale d'information (CLI), et présentée par son auteur Bruno Chareyron, ingénieur de la Criirad. L'étude a été financée par le Conseil général de la Gironde à la demande du collectif "Sortir du nucléaire", après la tempête de décembre 1999 au cours de laquelle la centrale a été inondée. Selon le document, les mesures effectuées avant rejets des éléments radioactifs présents dans l'eau et l'air ne sont pas "suffisamment pointues pour permettre d'identifier et quantifier tous les radionucléides présents". La Criirad trouve notamment surprenant l'absence de toute mesure du carbone 14, un élément radioactif à la durée de vie de 5.730 ans et qui va, une fois rejeté dans l'environnement, "intégrer le cycle du carbone et se retrouver au cœur de nos cellules". La commission dit avoir tenté "de reconstituer une liste de tous les radionucléides susceptibles de se trouver dans le cœur du réacteur du fait des réactions de fission et d'activation" mais constate qu'EDF "ne semble pas disposer de toutes les informations nécessaires à la réalisation d'un inventaire exhaustif", alors que "les centrales nucléaires sont exploitées depuis plusieurs décennies". Si la Criirad reconnaît que la centrale du Blayais a comme d'autres sites du parc nucléaire "réalisé des efforts conséquents depuis plus de dix ans en matière de réduction des rejets", elle souligne que la révision prochaine des autorisations de rejet doit être l'occasion d'une "amélioration réglementaire". Le rapport souligne également que les rejets de tritium, l'un des trois principaux radionucléides avec le carbone 14 et les gaz rares, restent stables et que les rejets concernant les gaz, les halogènes gazeux et aérosols et les liquides hors tritium sont restés inférieurs à 3% des autorisations sur l'ensemble de la période 1994-2000, et qu'un tel décalage "ne constitue pas une incitation forte à la réduction des rejets". Michel Maschi, directeur de la centrale nucléaire, a répondu que "les niveaux de rejets sont très faibles", dans "les limites réglementaires", et a rappelé que "le nucléaire est l'industrie la plus contrôlée". Il a cependant reconnu que ce rapport "pointe des éléments intéressants et identifie des pistes". EDF souligne toutefois dans un communiqué que depuis 18 ans, les contrôles effectués montrent que "l'écosystème terrestre n'est pas touché par les rejets de la centrale". La Criirad évoque également "la sortie de matières contaminées via la circulation des personnes et des matériels" où des "efforts importants" ont été faits par EDF, et "le transport des matières radioactives". "Étant donné que ces matériaux (déchets irradiants ou combustibles usés) transitent par le domaine public" et que "les rayonnements gamma et de neutrons" traversent "en partie les blindages", le rapport estime qu'EDF doit procéder à une "estimation de l'exposition externe" et "apporter la preuve que tout est fait pour éviter que des personnes du public stationnent à proximité de ce type de véhicule ou de wagon" d'autant que les doses fixées par les règlements "sont trop élevées". EDF répond que sur les 15 convois effectués en 2002, aucun défaut de "propreté" n'a été constaté. Plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Strasbourg deux jours plus tard, pour demander l'abandon du nucléaire et la promotion des énergies alternatives à l'appel du réseau "Sortir du nucléaire". Les manifestants étaient plus de 3.000 selon la police, et 10.000 selon "Sortir du nucléaire", qui fédère 650 associations et partis politiques. Les antinucléaires, venus majoritairement de France mais aussi d'une dizaine de pays européens, ont formé une double chaîne pour relier le Conseil de l'Europe et le Parlement européen avant de succomber au rituel du "die-in", déclenché par les hurlements d'une sirène. Tous les participants se sont couchés au sol pendant quelques minutes, simulant l'hécatombe consécutive à une catastrophe nucléaire. Un mur de "déchets nucléaires", des boîtes de conserves recouvertes du logo de la radioactivité , a été érigé le long du canal de la Marne au Rhin qui relie les deux institutions. "Le danger, ce sont les déchets et l'hypothèque qu'ils font peser sur nos enfants et sur les autres générations", a dit Hildegard Breiner, commerçante à la retraite et représentante d'une association de protection de la nature du Land autrichien du Voralberg. "L'Autriche est 'atomfree' (sans énergie atomique), mais autour de nous, tous les pays ont des centrales nucléaires", a-t-elle ajouté pour expliquer sa présence. La promotion des énergies alternatives à l'appel du réseau "Sortir du nucléaire", fédère 650 associations et partis politiques. Les manifestants, venus de plusieurs pays d'Europe, se sont donc rassemblés à proximité des institutions européennes. Sortir du nucléaire demande en particulier l'abandon du projet de réacteur nucléaire européen (projet EPR), mis au point par le Français Framatome et l'Allemand Siemens, qui doit assurer le renouvellement du parc nucléaire français au cours de la prochaine décennie. Pour les manifestants français, l'actualité de cette manifestation résidait plus dans le changement de gouvernement et les craintes d'une relance du projet de réacteur nucléaire européen (EPR) qui doit assurer le renouvellement du parc nucléaire français au cours de la prochaine décennie. Christian Abgrall, négociant en matériaux naturels de Rennes, a ainsi fait 900 km pour que la Bretagne reste vierge de centrale nucléaire. "Aujourd'hui, ils veulent remettre de nouveaux réacteurs qui permettent d'installer des centrales plus petites sur des rivières plus petites. On a un peu peur de ça, avec ce gouvernement qui est plutôt favorable au nucléaire", a-t-il dit. Même position pour le député vert Yves Cochet, présent dans la manifestation aux côtés de Dominique Voynet, à qui il avait succédé comme ministre de l'Environnement au sein du gouvernement Jospin. "Du temps de la majorité plurielle, on a fait ce qu'on a pu pour résister au lobby nucléaire et on voit bien que Mme Bachelot et sans doute M. Raffarin sont beaucoup plus sensibles maintenant (à ce lobby) que nous l'étions", a-t-il dit, en ajoutant craindre notamment la relance du projet EPR. La présence des deux anciens ministres Verts n'a toutefois pas été du goût de quelques manifestants, qui les ont apostrophés en les accusant d'avoir notamment permis le démarrage du chantier du centre expérimental de stockage souterrain de déchets nucléaires de Bure, dans la Meuse. "Il y a quelques militants qui pensent qu'on aurait pu sortir du nucléaire du temps où on était dans la majorité, mais malheureusement, nos partenaires socialistes et communistes n'étaient pas, eux, antinucléaires comme nous l'étions", a répondu Yves Cochet. "Maintenant, on va essayer de les convaincre que la prochaine fois, comme en Allemagne et en Belgique, on peut sortir du nucléaire", a-t-il ajouté. Des militants allemands, moins nombreux que lors de précédents manifestations en Alsace, ont, de leur côté, mis en doute, la sortie du nucléaire décidée voici deux ans par l'alliance des socio-démocrates et des Verts au pouvoir à Berlin. "Ils ont essayé de faire croire que c'était une sortie réelle", a estimé Jacques Schuler, porte-parole d'une association antinucléaire allemande, en s'insurgeant contre les délais octroyés aux centrales nucléaires avant d'engager leur démantèlement. Les Allemands ont donné rendez-vous aux manifestants pour un nouveau rassemblement européen, le 9 novembre, sur le site du centre de stockage de déchets nucléaire de Gorleben, dans le nord de l'Allemagne. Ce sera à l'occasion du retour d'un convoi de déchets retraités dans l'usine française de la Cogema, à La Hague. Les systèmes de sécurité de 11 centrales nucléaires (soit 34 des 58 réacteurs nucléaires français) sont déficients et pourraient être inopérants en cas de séisme, affirme le réseau "Sortir du nucléaire" le 3 novembre 2002. Dans un communiqué, l'association affirme que ces informations datant d'octobre dernier émanent de l'Autorité de sûreté nucléaire elle-même mais qu'elles ont été diffusées dans une "incroyable discrétion". Elles étaient "noyées parmi une foule de données banales dans le site internet de l'Autorité de sûreté nucléaire. Elles sont pourtant d'une importance exceptionnelle pour la sécurité des populations", écrit-elle. Le séisme de San Giulano di Puglia, en Italie le mois dernier, rappelle que "nous ne sommes pas à l'abri de séismes importants", souligne "Sortir du nucléaire". Dans un tel cas de figure, les systèmes de sécurité de sept centrales - Blayais, Chinon, Dampierre, Saint-Laurent, Tricastin, Fessenheim et Bugey - n'assureraient plus le refroidissement des réacteurs, avance l'association. Pour quatre autres centrales - Cattenom, Flamanville, Golfech et Saint-Alban - des "anomalies pourraient rendre le système de commande à distance inopérant", en particulier dans le cas d'un séisme. Pour "Sortir du nucléaire", de telles déficiences pourraient "conduire à une catastrophe", surtout si l'épicentre d'un séisme était proche d'une centrale nucléaire. "Il est avéré qu'aucune mesure efficace ne peut être mise en oeuvre en cas de catastrophe nucléaire (...) Nous avons donc eu de la chance depuis 20 ans, mais la sécurité des populations ne doit pas dépendre du hasard", ajoute le réseau. Il demande en conséquence la fermeture immédiate des onze centrales concernées. |
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