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1ère Chronique

Ca n’IRAK à la catastrophe !

Kritix, le Wednesday 22 January 2003 - 4360 consultations - Commenter la chronique

IRAK: la Guerre n’aura pas lieu !?!!! Ils en ont fait qu’une BUSHée ! Encore une Bush à nourrir,... à mourir. Mettons les bouchées double et désarmons Bush ! Alors que les bruits de bottes s'intensifient aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, le 20 décembre 2002, le chef des inspecteurs des Nations unies, Hans Blix, demande aux Etats-Unis, qui accusent l'Irak de "violation patente" de la résolution 1441 du Conseil de sécurité, d'étayer leurs accusations. Dans un premier rapport au Conseil de sécurité, Blix a relevé des incohérences et des redites dans la déclaration de l'Irak sur ses programmes d'armement, mais il s'est gardé d'accuser Bagdad de disposer encore d'armes de destruction massive et il a dit n'avoir reçu ni des USA, ni d'aucun autre gouvernement, de preuve convaincante de l'existence de telles armes. Interrogé par la BBC, il a réclamé davantage de coopération des USA et de la Grande-Bretagne, les principaux accusateurs de l'Irak. "Si le Royaume-Uni et les USA sont convaincus, et ils disent avoir des preuves, alors on s'attendrait à ce qu'ils puissent nous dire où se trouvent" ces armes de destruction massive, a-t-il dit. "On nous fait nombre d'exposés sur ce qu'ils croient que les Irakiens détiennent, mais bien sûr, ce qu'il faut vraiment, ce sont des indications sur l'endroit où ces choses sont entreposées - s'ils le savent", a insisté Blix. De son côté, Washington a assuré qu'il fournissait d'ores et déjà aux experts en armement les informations requises. "Nous fournirons aux inspecteurs toute l'aide et tout le soutien dont ils ont besoin pour réussir dans leur mission cruciale. Et c'est ce que nous faisons", a déclaré un porte-parole du département d'Etat. Mark Gwozdecky, porte-parole de l'Agence internationale de l'énergie atomique, a déclaré que l'AIEA était dans la même situation et n'avait pas reçu beaucoup d'informations des pays membres. Il a ajouté que l'Irak n'avait de son côté manifesté aucun empressement à fournir des informations qui contribueraient à prouver son innocence.

Amériques
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Les indices de préparatifs d'une possible intervention militaire se multiplient. Tony Blair a invité les soldats britanniques à se préparer à une possible guerre, ajoutant néanmoins qu'à l'heure actuelle, on ne sait "si l'Irak sera déclaré en infraction avec la résolution de l'Onu". Washington a par ailleurs demandé à Berlin de fournir 2.000 hommes pour garder fin janvier les bases américaines en Allemagne. La Maison blanche a réaffirmé vendredi que l'objectif était de contraindre l'Irak à se désarmer, mais que s'ils n'y parvenaient pas, les USA prendraient la tête d'une coalition militaire contre Bagdad. "Saddam Hussein honorera ses engagements envers le monde (...) faute de quoi, les Etats-Unis dirigeront une coalition qui le désarmera", a dit Ari Fleischer, porte-parole de la Maison blanche. L'Irak de son côté continue de protester de sa bonne foi. Le général Hussam Mohamed Amin, officier chargé des relations avec les Nations unies au sein de l'état-major irakien, a jugé "exagérée" la réaction américaine. "C'est purement politique, avant même qu'ils aient été en mesure de lire et d'analyser la déclaration (irakienne), ils lui ont trouvé de nombreuses lacunes", a-t-il dit. Al-Thaoura, organe du parti Baas, écrit que les récentes inspections de sites mentionnés dans un dossier britannique sur les programmes d'armement irakiens ont "dévoilé les mensonges et les allégations de l'administration Bush et de son allié Blair".

Dans un éditorial, al-Thaoura met en demeure les gouvernements américain et britannique d'étayer leurs accusations. "S'ils disposent d'autres informations, ainsi qu'ils l'affirment, pourquoi ne les donnent-ils pas aux équipes d'inspections pour qu'elles puissent vérifier?", s'interroge le journal. Les Etats-Unis ont été les seuls, à accuser l'Irak de "violation patente" de la résolution 1441, un terme qui pourrait justifier une intervention militaire. La Grande-Bretagne s'est pour sa part déclarée "profondément déçue" par la déclaration irakienne sur l'état de son armement. L'ambassadeur de France à l'Onu, Jean-Marc de la Sablière, a quant à lui soutenu l'appréciation portée par les inspecteurs en disant que la déclaration irakienne "ne répond à l'évidence pas aux questions en suspens". L'ambassadeur de Russie, Sergueï Lavrov, a souligné qu'aucun membre du Conseil de sécurité ne pouvait décider seul s'il y a "violation patente" et que les inspecteurs ne devaient pas être "poussés dans une direction qu'ils jugent eux-mêmes peu judicieuse". Pékin, dans sa première réaction officielle aux commentaires américains, a dit que la Chine continuait d'étudier la déclaration. Le Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin a réaffirmé qu'une guerre était "la dernière des extrémités" et qu'il fallait "tout tenter pour l'éviter". Il a ajouté que la France voulait "d'abord évaluer l'éventualité de l'accumulation massive d'armes de destruction mais aussi, au-delà de cette évaluation, mettre tout en oeuvre pour que, s'il doit y avoir des armes, elles soient détruites et qu'on puisse éviter la guerre".

Des délégués des six pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) se sont séparés à Doha, le 22 décembre 2002, sur un accord visant à renforcer leurs liens commerciaux, mais sans avoir défini de position commune face à l'éventualité d'un conflit en Irak. L'Irak partage des frontières avec deux des pays du CCG et une intervention militaire contre le régime de Bagdad pourrait déstabiliser toute la région, où se trouve près de la moitié des réserves pétrolières mondiales et où subsiste une hostilité tenace à l'égard des USA. Dans le communiqué final lu au terme de deux jours de pourparlers, le Conseil salue le retour en Irak des inspecteurs en armement après quatre ans d'absence mais évite de faire allusion à une possible intervention militaire américaine contre le président irakien Saddam Hussein, accusé par Washington de fabriquer des armes de destruction massive. "Le Conseil a rappelé la nécessité de respecter l'indépendance de l'Irak (...) et instamment demandé à la communauté internationale d'aider l'Irak et les inspecteurs internationaux à achever leur mission aussitôt que possible", est-il écrit dans le communiqué lu par le secrétaire général du CCG, Abdul-Rahman al Attiyah. La lourdeur du chapitre politique a conduit les participants au sommet à se concentrer sur un sujet plus consensuel, l'union douanière, qui verra le jour le 1er janvier. L'accord conclu fixe un taux unique de 5% sur les importations et supprime les droits de douane pour tous les produits fabriqués dans la région.
       Washington estime que l'Irak est en "violation patente" de la résolution 1441 de l'Onu portant sur son désarmement parce qu'il n'a pas détaillé suffisamment le contenu de ses programmes d'armement. La résolution menace Bagdad de "graves conséquences" en cas de refus d'obtempérer. L'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Koweït, le Qatar, Bahreïn et Oman, les membres du CCG, sont des alliés des USA, qu'ils avaient soutenus lors de la guerre du Golfe de 1990-91 ayant mis fin à l'occupation du Koweït par l'Irak. Si tous se sont publiquement opposés à une guerre contre Bagdad, la plupart abritent des infrastructures militaires occidentales et pourraient servir de base pour le lancement d'une intervention contre Bagdad. L'armée américaine compte actuellement quelque 60.000 hommes dans le Golfe, et elle a appelé cette semaine 50.000 autres à se tenir prêts à venir les rejoindre. Malgré leur soutien affiché à Bagdad, les membres de la CCG ont condamné le discours prononcé ce mois-ci par Saddam Hussein, dans lequel le président irakien appelle les Koweïtiens à se soulever contre les Américains. "Le Conseil appelle le gouvernement irakien à appliquer complètement les résolutions arabes et internationales pertinentes (...) et à cesser des pratiques qui laissent la région dans un état de tension et d'instabilité", indiquent les participants au sommet de Doha. Outre la crise irakienne, les dissensions internes et notamment le froid qataro-saoudien ont jeté une ombre sur le sommet annuel du CCG. Le dirigeant de fait de l'Arabie saoudite, le prince héritier Abdallah, n'y a pas participé en raison des divergences avec Doha sur l'Irak, sur la liberté de ton de la chaîne arabe par satellite Al Djazira et sur le maintien par le Qatar de relations avec Israël. L'Arabie saoudite, l'un des principaux alliés des Américains durant la guerre du Golfe, n'a pas autorisé pour l'instant Washington à utiliser son territoire à des fins militaires, à la différence du Qatar qui a proposé ses bases aux Américains.

Drapeau des États Unis d'Amériques (USA)
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Plus de 2.000 militants islamistes ou des droits de l'homme ont manifesté pacifiquement à Istanbul le 29 décembre 2002, contre les préparatifs de guerre contre l'Irak en brûlant des drapeaux américains, britanniques et israéliens. Bien que dirigée par un gouvernement islamiste et vulnérable à une déstabilisation de la région provoquée par un conflit en Irak, le gouvernement d'Ankara devrait se trouver contraint, en tant qu'allié militaire des USA, à leur offrir certaines facilités lors d'une éventuelle intervention contre le régime de Bagdad. La présidence grecque de l'UE a annoncé le 8 janvier 2003, qu'elle dépêcherait une mission communautaire dirigée par son ministre des Affaires étrangères George Papandreou dans sept pays arabes début février pour tenter d'éviter une guerre avec l'Irak. La mission diplomatique européenne se rendra dans ces "pays arabes modérés" tentera d'éviter le conflit qui s'annonce entre les USA et l'Irak, car "tous les espoirs d'un règlement pacifique de la crise irakienne n'ont pas été épuisés", déclare-t-on au ministère grec des Affaires étrangères. De même source, on ne précise pas quels sont les sept pays concernés, mais il y a fort à parier qu'ils comprennent l'Arabie saoudite qui, comme l'UE, a rappelé qu'elle n'épargnerait aucun effort de paix "jusqu'à la dernière minute". La déclaration de 12.000 pages publiée par l'Irak sur ses armements laisse "de très nombreuses questions" sans réponse, a estimé le 9 janvier dernier, le chef des inspecteurs de l'Onu Hans Blix, tout en précisant que les inspecteurs sur place n'avaient rien découvert de suspect et ce, avant de présenter devant le Conseil de sécurité un premier rapport d'étape sur la mission des inspecteurs des Nations unies en Irak. Le diplomate suédois ( la neutralité politique historique de la Suède justifie le choix de Blix) a ajouté qu'en sept semaines d'inspections, les experts n'avaient "trouvé aucun armement suspect". Il a précisé que ses équipes commenceraient à interroger des scientifiques et d'autres experts irakiens dans une semaine au plus tard. Il n'a pas précisé si l'Onu exigerait de les interroger à l'étranger ou sur place en Irak.

L'UE a exprimé le 10 janvier, un scepticisme grandissant quant au bien-fondé d'une intervention militaire en Irak, estimant qu'on ne peut déclencher une guerre sans preuve. G.W. Bush continue de mobiliser ses forces et a rencontré des dirigeants de l'opposition irakienne pour discuter de l'Irak d'après-guerre. Mais le chef du principal groupe d'opposition irakienne chiite s'est insurgé contre une éventuelle intervention militaire américaine en Irak et a prévenu qu'une présence étrangère de longue durée engendrerait une résistance violente dans le pays. "Nous rejetons l'idée d'une invasion et d'une occupation du territoire irakien", a déclaré l'Ayatollah Mohammad Baker al-Hakim, au journal arabe al-Hayat. En Europe, les réticences sont vives. "Sans preuves, il sera très difficile de déclencher une guerre. La légitimité d'une éventuelle guerre sera donnée par le Conseil de sécurité" des Nations unies, déclare le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, dans une interview au quotidien Le Monde. J. Solana qualifie par ailleurs de "nuancées" les déclarations du chef des experts en désarmement de l'Onu, H.Blix. Ce dernier a déclaré au Conseil de sécurité qu'il n'avait découvert aucune preuve flagrante de la possession par l'Irak d'armes nucléaires, chimiques ou biologiques. Mais Washington a réaffirmé que l'Irak possédait des armes de destruction massive.

Drapeau irakien
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Une guerre avec l'Irak n'est pas inévitable et l'UE doit s'unir pour rechercher une solution pacifique à la crise, a déclaré pour sa part le président de la Commission européenne, Romano Prodi. A Paris, J.P.Raffarin a réaffirmé la détermination de la France contre la guerre et souligné que Paris agissait "pour la paix" sur la scène internationale. "Nous restons déterminés pour être opposés à la guerre, nous savons bien que la guerre c'est ce qui reste quand toute autre initiative a été essayée. Nous resterons sur cette position", a dit le Premier ministre lors de ses voeux à la presse, en faisant allusion implicitement à la crise irakienne. Pendant ce temps, les USA se préparaient à doubler leurs effectifs dans le Golfe, qui s'établissent actuellement à 60.000 hommes. Le Pentagone a demandé à 7.000 Marines de Camp Lejeune, en Caroline du Nord, de se préparer au départ, ont rapporté des responsables des Marines. En Turquie, membre de l'Otan, le Premier ministre Abdullah Gül a adressé à l'Irak une lettre l'exhortant à se plier aux résolutions de l'ONU. La Turquie redoute les conséquences d'une guerre livrée à son voisin irakien et elle renâcle à soutenir Washington. Gül a néanmoins autorisé les USA à inspecter les bases aériennes et navales turques en prévision d'une intervention militaire contre l'Irak. L'Australie, autre allié des USA, a annoncé qu'elle pourrait envoyer des troupes au Proche-Orient dans les prochaines semaines.

Les inspecteurs de l'Onu en Irak ont livré un premier bilan mitigé de leur mission, fournissant des arguments tant pour les tenants d'une intervention contre Bagdad que pour ses opposants. Le chef des experts en armement de l'ONU H.Blix a déclaré que ses équipes n'avaient trouvé aucune preuve de l'existence d'armements prohibés en Irak mais a dans le même temps jugé que de "nombreuses questions" restaient en suspens. Il a averti l'Irak devant le Conseil de sécurité des Nations unies que le fait que ses inspecteurs n'aient trouvé aucune trace d'armes de destruction massive ne signifiait pas qu'il n'y en ait aucune, un discours qui fournit davantage d'arguments à Washington pour éventuellement intervenir militairement en Irak. En même temps, l'absence de découvertes sensibles des experts risque d'augmenter les critiques de la communauté internationale en cas d'opération militaire américaine. Le Suédois Blix et l'Egyptien Mohamed ElBaradei remettaient à huis clos un rapport sur les 12.000 pages fournies le 7 décembre par Bagdad et censées révéler l'ensemble des programmes d'armement irakiens. Ils doivent rendre le 27 janvier prochain leurs conclusions définitives. "Nous sommes en Irak depuis près de deux mois et avons parcouru le pays par des fouilles qui n'ont jamais été aussi vastes, mais nous n'avons trouvé aucun pistolet fumant", a déclaré Blix. La Maison blanche a réagi en déclarant que "le problème des armes cachées, c'est qu'on ne peut justement pas voir la fumée". Selon H.Blix, "un accès rapide (aux sites suspects) n'est en aucun cas suffisant pour assurer que rien a été caché dans un grand pays qui a déjà souvent évité les révélations". "A cet égard, nous n'avons fait aucun progrès", a-t-il ajouté.

ElBaradei a lui aussi fait savoir qu'il avait besoin de davantage de preuves pour pouvoir formuler des conclusions. Il a également exhorté l'Irak à coopérer plus activement. Blix a estimé que la déclaration irakienne était imposante en volume mais pauvre en informations sur les armes et qu'elle ne contenait quasiment aucune nouvelle preuve à ce sujet. Il a notamment précisé qu'elle ne mentionnait pas les gaz innervants et l'importation de matériel pouvant servir à la production de combustible solide pour missile. Parallèlement, Londres, le plus proche allié de Washington, et Berlin, ont tenté de relativiser les commentaires selon lesquels les USA pourraient lancer une guerre en Irak après le 27 janvier, forts des conclusions des inspecteurs déjà présumées défavorables à Bagdad. Mais l'ambassadeur des USA auprès des Nations unies a réaffirmé que la balle était dans le camp irakien. Le régime de Saddam Hussein doit selon lui admettre qu'il a des programmes d'armes de destruction massive. Ne pas le faire serait ne pas coopérer "et constituerait une nouvelle violation patente", a-t-il déclaré, en employant la formule qui, dans le langage onusien, peut précipiter le lancement d'une guerre. Il a ajouté que les inspecteurs n'étaient pas à Bagdad pour "agir comme des détectives travaillant à passer outre à des mécanismes élaborés de dissimulation". La France, qui est appelée, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, à jouer un rôle majeur quant à la définition d'éventuelles violations irakiennes, a également exhorté Bagdad à coopérer. Son ambassadeur auprès de l'Onu, J.M. de la Sablière, a déclaré que l'Irak devait fournir aux inspecteurs "davantage d'informations (...) et lever les incertitudes". Son homologue britannique, Jeremy Greenstock, a estimé que les inspecteurs avaient besoin de plus de temps pour terminer leur travail mais qu'ils saisiraient le Conseil s'ils étaient témoins de violation grave. Semblant réfréner les USA, qui massent depuis plusieurs mois une importante puissance de feu dans le Golfe, il a ajouté: "Par définition, le 27 janvier n'entraînera pas nécessairement quelque chose de nouveau ou de dramatique. Mon conseil est donc: calmons le jeu". L'ambassadeur d'Allemagne Gunter Pleuger, porte-parole d'un des gouvernements les plus opposés à la guerre, a abondé dans le même sens. "Les inspections doivent se poursuivre, et pour cette raison, il n'y a aucun fondement à une intervention militaire", a-t-il dit à des journalistes. L'Allemagne occupe actuellement un siège de membre non-permanent du Conseil. A Bagdad, le général Hussam Mohammed Amin, plus haut responsable des relations entre les inspecteurs et les autorités irakiennes, a démenti toute absence dans la déclaration des armements alors que le quotidien officiel irakien Al Thaoura a rangé Washington et Londres dans un "Axe de la tromperie". Mais Blix a estimé qu'il appartenait à l'Irak, non à ses inspecteurs, de présenter des informations crédibles sur les armements. Toute "violation patente" devrait être étudiée par le Conseil de sécurité, selon les termes de la résolution 1441 adoptée en novembre. Mais ce dernier ne doit pas nécessairement donner son feu vert à une guerre, même si Paris et Londres notamment, le préféreraient. Une "violation patente" peut être déclarée en cas de fausse déclaration ou d'omission dans la liste des armements irakiens ou si Bagdad ne se soumet pas à la résolution ou ne coopère pas avec sa mise en application.

Le Royaume-Uni se réserve le droit d'intervenir militairement contre l'Irak sans une seconde résolution de l'Onu, ont indiqué le 14 janvier deux ministres du gouvernement de T.Blair. Le secrétaire britannique au Foreign office Jack Straw a rappelé sur les ondes de la BBC que le parlement britannique avait soutenu en novembre une motion qui donnait au royaume le droit de se saisir de la question sans résolution des Nations unies si la situation l'exigeait. Depuis, la position du gouvernement n'a pas changé, a-t-il ajouté. Faisant écho à ces propos, le chancelier de l'Echiquier Gordon Brown a estimé, dans un entretien à la chaîne de télévision GMTV, que Saddam ne devait pas rester "impuni" et qu'il y avait parfois "des circonstances" qui pouvaient rendre "nécessaire" une guerre avec l'Irak sans le soutien de l'Onu, même si les Britanniques souhaitent toujours passer par les Nations unies. J.Straw a lui aussi précisé que si le président irakien S.Hussein ne se conformait pas à la résolution des Nations unies sur le désarmement irakien, le Royaume-Uni souhaitait que le Conseil de sécurité des Nations unies vote une seconde résolution autorisant une action militaire. La préférence de Londres, a souligné Straw sur la BCC, "est que nous ayons une seconde résolution du Conseil de sécurité (...) (c'est) ce que nous voulons (...) Nous devions réserver nos droits si nous ne pouvons y parvenir". Le Royaume-Uni et les USA affirment que S.Hussein possède des armes de destruction massive et que si Bagdad ne désarme pas, il faudra désarmer le pays par la force. La résolution 1441 des Nations unies votée le 8 novembre dernier menace l'Irak de "graves conséquences" si le pays ne se conforme pas à la résolution et ne se débarrasse pas de toutes les armes de destruction massive qu'il est censé détenir. Le moment du lancement d'une éventuelle guerre contre l'Irak donne lieu pour l'instant à des signaux contradictoires, en dépit de l'acheminement ostensible de soldats américains et britanniques dans la région du Golfe. T.Blair s'est refusé à soumettre le travail des inspecteurs en désarmement à un "calendrier arbitraire". Straw a refusé de se prononcer à nouveau sur les chances d'une guerre - il avait dit la 6 jours plus tôt que les chances d'un conflit étaient à 60% contre et à 40% pour, ce qui lui avait valu certaines critiques - tout en insistant sur le fait qu'il y aurait une action militaire si Saddam ne désarmait pas ou ne coopérait pas de "façon active" avec les inspecteurs. "Si Saddam n'accepte pas le chemin pacifique du désarmement (...) fixé par la résolution des Nations unies, alors il faudra qu'il y ait une action militaire pour faire appliquer la volonté des Nations unies", a déclaré le ministre des Affaires étrangères. "Saddam doit coopérer activement. S'il le fait, les chances d'une action militaire seront réduites de beaucoup", a-t-il ajouté. H.Blix, le chef des inspecteurs de l'ONU en Irak, doit faire un rapport sur ses conclusions au Conseil de sécurité de l'Onu le 27 janvier après s'être rendu sur le terrain en Irak la semaine prochaine. Straw a indiqué que le gouvernement britannique souhaitait que la Chambre des Communes puisse se prononcer par un vote sur toute action militaire en Irak avant qu'elle ait lieu, sauf si cela devait mettre en péril la sécurité des soldats.

Washington et Londres ont accentué leurs pressions à l'égard de l'Irak, alors que l'UE cherche à cantonner toute future initiative dans le strict cadre de l'ONU, tout en éprouvant un grand mal à mettre au point une position commune. De leur côté, les inspecteurs de l'Onu ont poursuivi leurs visites de sites suspects et espèrent prolonger leur mission bien au-delà de l'échéance du 27 janvier à laquelle leurs chefs, H.Blix, pour les armes chimiques, balistiques et biologiques, et Mohamed ElBaradeï, pour les armes nucléaires, doivent remettre un rapport au Conseil de sécurité. Blix, attendu une semaine le 20 janvier à Bagdad, a déclaré agir selon son propre calendrier et non celui du déploiement militaire massif américain dans la région, où la Grande-Bretagne commence également à dépêcher une force d'appoint significative. Blix a l'intention de ne présenter que fin mars une liste des tâches restant à accomplir par l'Irak pour mener à bien son désarmement et dit espérer que "les Irakiens qui assistent à ce déploiement préféreront de loin un désarmement par l'inspection, et comprendront la gravité de la situation". Les inspecteurs, qui se réjouissent de bénéficier désormais d'une meilleure coopération de pays comme les USA et la Grande-Bretagne sur la localisation des armes interdites que leurs services secrets disent avoir repérées en Irak, pourraient rester des mois encore sur place, voire jusqu'à un an. Contrastant avec l'accumulation des forces alliées dans le Golfe, on assiste désormais à un quasi-consensus international pour accorder aux inspecteurs le temps qu'ils jugent nécessaire pour mener à bien leur mission.

La Grande-Bretagne, où T.Blair a du mal à convaincre son opinion du bien-fondé de son suivisme vis-à-vis de G.W.Bush, a donné le ton en estimant qu'il devaient disposer de tout le temps qu'ils réclament, la Maison blanche acquiesçant en estimant que le 27 janvier n'était pas une date-butoir. Ces prises de position ont pu donner l'impression générale que la guerre contre l'Irak, avec ou sans feu vert de l'ONU, pourrait ne plus être programmée pour février, ni même pour mars, alors qu'avril annonce l'arrivée des grosses chaleurs dans le désert. Washington a voulu corriger cette impression. Bush a dit qu'il en avait "assez" des manœuvres et la Maison blanche a fait savoir que, si "les inspecteurs ont plus de temps", "ce temps commence à manquer" pour le régime de Saddam Hussein. De son côté Londres a rappelé que, comme le Congrès l'a fait avec Bush, la Chambre des communes avait autorisé T.Blair à prendre une initiative unilatérale sans nouvelle résolution de l'ONU. C'est précisément là que le bât blesse pour la diplomatie européenne, qui s'efforce de contenir toute action dans les limites du droit international. Le président de la Commission, Romano Prodi, et le Premier ministre grec, Costas Simitis, qui assume la présidence tournante de l'UE, se sont déclarés résolus à trouver une position commune. "Il faut que nous soyons capables de nous défaire de nos vieilles habitudes voulant que les différents pays membres parlent de différentes manières avec des objectifs différents", a souligne Simitis devant le Parlement européen de Strasbourg. Les ministres des Affaires étrangères des Quinze, a-t-il poursuivi, s'efforceront de dégager une position commune à l'occasion de leur prochaine rencontre, le 27 janvier. "Le 27 janvier n'est pas une date-butoir, ce n'est pas la fin du processus (pour les inspecteurs de l'Onu)", a ajouté le chef du gouvernement grec lors d'une conférence de presse. "Il (le processus) peut être étendu. Nous avons besoin d'une ligne commune, de positions communes." Le Premier ministre suédois Goran Perssson, qui vient de lui transmettre la présidence de l'UE, estime que c'est là une tache impossible: "La vérité est que le tableau est à la division. Les Britanniques ont leur ligne politique, les Allemands en ont une autre et les Français une troisième."

Pour Prodi, qui s'adressait également à l'assemblée de Strasbourg, "les gouvernements européens ont peut-être eu ces derniers mois des points de vue différents, mais l'opinion publique en Europe est unie" et "se préoccupe essentiellement d'écarter le danger de guerre", a-t-il dit, s'appuyant sur les sondages d'opinion connus. Pour la plupart des Européens et de leurs dirigeants, la guerre ne doit être que le dernier recours, une fois toutes les autres options épuisées - et encore faudrait-il qu'elle soit autorisée par le Conseil de sécurité, dont la France a rappelé qu'il était à "la source du droit international". Personnellement hostile à toute intervention en Irak et à toute participation des troupes allemandes à une telle action, le chancelier G.Schröder a rappelé avant de se rendre à Paris pour rencontrer J.Chirac que, en tout état de cause, une seconde résolution de l'Onu serait nécessaire. Mais, surtout, il a fait clairement comprendre à Paris par une voix autorisée au ministère des Affaires étrangères que les déclarations d'amitié des deux pays perdraient tout leur sens si Paris se rangeait aux côtés de Washington et Londres lorsqu'il s'agira de se prononcer à l'Onu sur l'option militaire. A Paris, qui a envoyé le porte-avions Charles de Gaulle au Moyen-Orient et annoncé qu'il assumerait, le cas échéant, toutes ses responsabilités, ce haut fonctionnaire chargé des relations franco-allemande au ministère a conseillé de tenir compte des réticences de Berlin envers une action militaire. Si la France, qui assume ce mois-ci la présidence du Conseil de sécurité en janvier, et l'Allemagne, qui lui succédera le mois suivant, ne votent pas de la même manière sur cette question, "il sera difficile de mener une politique étrangère commune dans les années à venir", a prévenu ce haut fonctionnaire. J.P.Raffarin lui a apparemment répondu quelques heures plus tard devant l'Assemblée nationale en affirmant que la France ne se laisserait soumettre à aucune pression. De son côté, le patron du Quai d'Orsay, D.de Villepin, s'est voulu rassurant en affirmant que la guerre en Irak "n'était pas écrite". "Nous voulons faire aboutir ce processus de façon pacifique. Il n'y a pas de fatalité, et ici ou là, je vois trop de résignation", a-t-il ajouté. Les perspectives apparentes d'ajournement d'un conflit donné encore il y a peu comme presque sûr pour la fin janvier, ont donné l'occasion aux pacifistes du monde entier de commencer à s'organiser de leur côté du Canada à l'Australie, en passant par le Japon et les Etats-Unis. En Europe, le jour J sera le 15 février, avec des mobilisations simultanées à Londres, Paris, Berlin, Madrid, Berne et Amsterdam, où sont attendus des centaines de milliers de participants avec un mot d'ordre simple: "Pas de guerre contre l'Irak quel qu'en soit le prétexte, que l'ONU l'approuve ou non". Aux USA, des organisateurs attendent des dizaines de milliers de personnes le 18 janvier à Washington, qui a déjà été le théâtre de deux grandes manifestations depuis octobre.

Le chef des inspecteurs de l'Onu, jugeant la situation avec l'Irak dangereuse et très tendue, a demandé à Bagdad le 16 janvier de faire plus qu'il n'a fait jusqu'à présent, notamment en donnant des preuves crédibles qu'il n'a pas d'armes de destruction massive, et en laissant ses scientifiques s'exprimer librement, ce en leur permettant de se faire interroger à l'étranger. H.Blix doit se rendre à Bagdad la semaine prochaine en compagnie de Mohamed ElBaradei, directeur de l'AIEA. Leur visite interviendra peu avant la remise par les inspecteurs de l'Onu d'un rapport aux Nations unies, le 27 janvier, faisant le point sur leur mission en Irak. Blix a indiqué que du matériel militaire illégalement importé avait été découvert en Irak, mais qu'il restait à déterminer dans quelle mesure il était ou non lié aux présumés programmes d'armement de destruction massive. Blix, qui rencontrait à Bruxelles Javier Solana, chef de la diplomatie de l'UE, s'est dit d'autre part "pratiquement sûr" que le Conseil de sécurité réclamerait un nouveau rapport en février.

Les inspecteurs de l'Onu ont encore accentué leurs pressions sur l'Irak, en se montrant plus incisifs dans leur mission, ce qui leur a valu de nouvelles accusation d'espionnage. Mais un proche de S.Hussein a estimé que la prochaine visite de leurs responsables à Bagdad, permettrait de lever tous les malentendus. Entre-temps, le président irakien a donné une idée de son état d'esprit actuel en s'adressant à la Nation dans un discours fleuve disant que les USA couraient au suicide et ce, à l'occasion du 12e anniversaire de la guerre du Golfe de 1991, tandis que la Maison blanche a fait savoir qu'elle attendrait le rapport des inspecteurs au Conseil de sécurité, le 27 janvier, avant de prendre une quelconque décision. Pour la première fois depuis leur retour en Irak en novembre, des inspecteurs de l’AIEA ont perquisitionné aux domiciles de deux physiciens irakiens habitant dans le même immeuble de Bagdad et soupçonnés de participer à des programmes militaires nucléaires secrets. Visiblement hors de lui, l'un d'entre eux, Chaker Djabouri, a raconté que les inspecteurs ont mis son appartement "sens dessus-dessous", en "fouillant chaque recoin", y compris les matelas et le réfrigérateur, et "terrorisant" ses enfants par "leurs méthodes policières". "C'est un acte de provocation", s'est-il étranglé. Chez Faleh Hassan, responsable de la société d'Etat Al Razzi, fondée en 1997 par la Commission d'industrialisation militaire irakienne et visitée en décembre par les inspecteurs car elle emploie plusieurs "anciens" du programme nucléaire militaire du pays, la visite s'est à peine mieux passée. Des témoins rapportent que Hassan a refusé de remettre aux inspecteurs des documents qu'il détenait chez lui et que ce n'est qu'après une âpre discussion avec eux, qu'ils se sont tous rendus à la Direction nationale du contrôle des armements pour photocopier les papiers afin d'en fournir des copies aux inspecteurs. Emboîtant le pas à S.Hussein, le vice-président irakien Taha Yassine Ramadan a accusé les inspecteurs de se livrer à des activistes d'espionnage. Mais, à Tunis, le ministre irakien des Affaires étrangères Saïd Sahaf, a réaffirmé que l'Irak "n'avait rien à cacher" et continuerait à coopérer avec l'Onu. Faisant état de l'"impatience internationale", Mohamed ElBaradei, directeur de l'AIEA, a invité à Moscou les Irakiens à accroître leurs efforts pour permettre aux inspecteurs de lever les doutes sur l'existence d'armes de destruction massive, sinon "cela ne satisfera pas le Conseil de sécurité". Dans le même temps, rendant compte aux Quinze à Bruxelles, le chef des équipes d'inspecteurs de l'Onu en Irak, a aussi accusé Bagdad de ne pas coopérer suffisamment, faisant état d'interférences de responsables irakiens dans les entretiens menés par les inspecteurs. Le diplomate suédois a dit envisager de procéder à ces entretiens hors d'Irak pour éviter ces intimidations, mais, contrairement à ce que souhaitent les USA, il a exclu d'encourager les scientifiques irakiens à fuir leur pays: "L'Onu n'est pas une agence de rapt." Blix a reçu il y a deux jours à peine la visite de la conseillère de Bush à la sécurité nationale, Condoleeza Rice, et le ministre russe des Affaires étrangères Igor Ivanov et s'est publiquement inquiété des pressions exercées, selon lui, "par certains milieux" américains sur les inspecteurs de l'Onu.

Un proche conseiller de Saddam Hussein, Amir Saadi, a estimé que le retour de Blix permet de dissiper les malentendus et de résoudre les problèmes et "objections" soulevés "ici ou là" mais il a souligné que "tout va plutôt bien jusqu'à présent". Saadi a précisé que les dirigeants irakiens évoqueraient avec les deux hommes, qui doivent remettre une semaine plus tard au Conseil de sécurité un rapport sur le bilan des inspections jusqu'à présent, les lacunes qu'ils ont dit avoir repérées dans l'inventaire de l'arsenal irakien remis l'an dernier à l'Onu. Blix s'est dit "presque sûr" que le Conseil encouragerait les inspecteurs à prolonger leur mission et à remettre un autre rapport en février, la date du 27 janvier n'étant plus jugée par aucun pays membres du Conseil comme une date-butoir. "C'est une date importante", a reconnu le porte-parole de la Maison blanche, mais, "au-delà, les événements dicteront le calendrier", a-t-il ajouté en précisant que "le président n'a pas encore décidé s'il partirait en guerre ou non". "Cette décision sera prise en dernier ressort par S.Hussein dans la mesure où il commencera ou non à se conformer, (...) à la mission des inspecteurs", a dit Fleischer aux journalistes accompagnant G.Bush Jr en Pennsylvanie. "Nous allons attendre pour voir ce que ce rapport contient", a-t-il poursuivi, tout en prophétisant qu'il ne révèlera probablement rien, mais en confirmant que, comme il s'y était engagé, Bush consulterait alors les alliés. De source autorisée, on souligne que "ce petit jeu ne saura pour autant durer très longtemps". Aux yeux de Washington "il y a déjà des preuves évidentes" que l'Irak s'est mis "en infraction patente" de la résolution 1441 en refusant de reconnaître qu'il possédait des armes de destruction massive, dont Washington pourrait commencer à prouver l'existence après le 27 janvier. Prié de dire si "les preuves évidentes" que disent détenir les USA et leur plus proche allié britannique suffiraient à déclencher une guerre, auxquelles ils sont préparés en massant des dizaines de milliers de soldats dans la région du Golfe, Fleischer a répondu : "C'est une décision que seul Bush peut prendre".

Des experts en armements de l'Onu ont découvert le 16 janvier des ogives dépourvues de têtes chimiques en inspectant un entrepôt dans une fabrique de munitions en Irak. Bagdad s'est immédiatement employé à minimiser l'affaire en déclarant qu'elles n'étaient pas liées à des armes interdites. Un responsable américain a relativisé lui aussi la découverte de ces ogives dans la région de Oukhaider, à 120 km au sud de Bagdad, en déclarant qu'elles ne constituaient pas pour les USA une preuve formelle de la présence d'armes chimiques interdites. Dans l'état actuel des choses, rien ne permet en effet de savoir si les ogives ont jamais renfermé des charges chimiques. Les experts ont recueilli des échantillons à des fins d'analyse. Un porte-parole de l'Onu s'est contenté de déclarer que l'équipe avait "mis au jour onze obus chimiques de 122 mm vides ainsi qu'une ogive requérant des examens complémentaires". "Ces ogives étaient en excellent état et ressemblent à celles importées par l'Irak à la fin des années 80. Notre équipe a utilisé son matériel portatif de détection de rayons X pour effectuer des analyses préliminaires sur l'une des têtes et a recueilli des échantillons à des fins d'analyses chimiques". Dénonçant une "tempête dans un verre d'eau", le général Hussam Mohammad Amine, président du directorat national de surveillance irakien, a souligné l'absence "d'agents chimiques ou biologiques ou (...) liés à des armes de destruction massive". Il a mis les Nations unies au défi de contester ses propos. Les inspecteurs de l'Onu avaient auparavant accentué leurs pressions sur Bagdad en perquisitionnant pour la première fois chez des physiciens irakiens, ce qui leur a valu de nouvelles accusations d'espionnage. Un proche de S.Hussein a estimé que la prochaine visite de leurs responsables H.Blix et Mohamed ElBaradei à Bagdad permettrait de lever les malentendus.

La Maison blanche a fait savoir qu'elle attendrait le rapport des inspecteurs au Conseil de sécurité, le 27 janvier, avant de prendre une quelconque décision. Dans un discours prononcé à Scranton (Pennsylvanie), le président G.W. Bush a de nouveau déclaré que sa patience vis-à-vis de S.Hussein diminuait. "C'est à lui de choisir. C'est à S.Hussein de faire ce que le monde entier lui a demandé, a-t-il dit. Jusqu'ici, les preuves de son désarmement ne sont pas très solides. Et le temps presse. A un moment donné, les Etats-Unis seront à bout de patience." Evoquant lui aussi l'"impatience internationale", Mohamed ElBaradei, directeur de l'AIEA, a engagé les Irakiens à accroître leurs efforts pour permettre aux inspecteurs de lever les doutes sur l'existence d'armes de destruction massive, sinon "cela ne satisfera pas le Conseil de sécurité". De son côté, s'adressant aux Quinze à Bruxelles, le chef des experts de l'Onu, Hans Blix, a accusé Bagdad d'une coopération insuffisante, faisant état d'interférences de responsables irakiens dans les entretiens menés par les inspecteurs. Blix envisage de procéder à ces entretiens hors d'Irak pour éviter ces intimidations, mais, contrairement à ce que souhaite Washington, il exclut d'encourager les scientifiques irakiens à fuir leur pays: "L'Onu n'est pas une agence de rapt." Le diplomate suédois s'est dit "presque sûr" que le Conseil de sécurité encouragerait les inspecteurs à prolonger leur mission et à remettre un autre rapport en février, après celui attendu le 27 janvier. Le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, a cependant rapporté que Blix lui avait dit que le temps imparti aux inspections n'était "pas très long".

A New York, le Conseil de sécurité a infligé une demi-rebuffade aux USA en s'abstenant de toute nouvelle décision sur le calendrier des rapports des inspecteurs. Ces derniers opèrent en vertu de la résolution 1441, qui prévoit un rapport d'inspection le 27 janvier, mais aussi de la résolution 1284, qui requiert de Blix un rapport pour le 27 mars sur les tâches que doit encore remplir l'Irak en matière de désarmement. Aucune décision n'a été prise, la plupart des pays membres estimant que la résolution 1284 (adoptée en 1999) ne peut ni ne doit être modifiée ou annulée, alors que les USA souhaitent la voir éclipsée par la résolution 1441 du 8 novembre dernier pour éviter que les inspections traînent en longueur. Après avoir exposé son point de vue aux membres du Conseil à huis clos, l'ambassadeur américain à l'ONU, John Negroponte, a déclaré aux journalistes que Washington doutait fort que "le 27 mars soit le bon moment" pour exposer les mesures de désarmement encore attendues de l'Irak. Le ministre allemand de la Défense, Peter Struck, a déclaré à un journal qu'il ne pouvait imaginer son pays voter pour une guerre contre l'Irak au Conseil de sécurité de l'Onu, où il siège depuis janvier et qu'il présidera en février.

H.Blix et M.ElBaradeï, chefs des inspecteurs de l'ONU et de l'AIEA, ont entamé le 19 janvier 2003, à Bagdad deux jours d'entretiens cruciaux avec les autorités irakiennes pour exiger de leur part un supplément de transparence en matière de désarmement. Leurs premiers interlocuteurs étaient Amir el-Saadi, conseiller scientifique du président S.Hussein, et le général Hussam Mohamed Amin, haut responsable du ministère des Affaires étrangères. "Nous ne pensons pas que la guerre soit inévitable. Nous pensons que le processus d'inspection que nous menons en est l'alternative pacifique et celui-ci requiert une coopération très active de la part de l'Irak", a-t-il déclaré. Les deux diplomates ont indiqué que leurs entretiens ont été décisifs quant au contenu du rapport qu'ils remettront le 27 janvier au Conseil de sécurité. "Nous avons besoin d'informations supplémentaires", a quant à lui expliqué ElBaradei. "Nous allons souligner au camp irakien l'importance qu'il y a à fournir autant d'informations que possible", a ajouté le directeur de l'AIEA. Blix et ElBaradei ont quitté Bagdad le 20 janvier pour gagner Athènes où ils rendront compte de leurs entretiens aux autorités grecques qui assurent depuis janvier la présidence tournante de l'UE. H.Blix, chef des inspecteurs en désarmement de l'ONU, a déclaré à Nicosie que l'Irak n'avait pas offert de "véritable coopération" à ses inspecteurs et que ces derniers ne pouvaient encore se prononcer sur la possession ou non par Bagdad d'armes de destruction massive. Le diplomate suédois, à Chypre avant de s'envoler pour Bagdad, avait indiqué qu'il insisterait auprès de ses interlocuteurs irakiens sur la "gravité" de ce manque de coopération avec les experts des Nations unies. "Nous avons pu accéder rapidement (aux sites suspects). On a pu aller partout. C'est très bien", a-t-il souligné. "Mais sur le fond, le degré de coopération n'est pas suffisant. Il nous faut une coopération sincère et véritable". Lors de leur séjour à Bagdad, Blix et Mohamed ElBaradei, comptent demander des explications sur les "trous" béants dans la déclaration d'inventaire de 12.000 pages remise par l'Irak à l'Onu en décembre. "Cette visite fera le point de ce qui s'est passé depuis notre dernière visite (à la mi-novembre lors de la reprise des inspections), a dit Blix. "Nous discuterons de la déclaration (d'inventaire) qui ne répond pas selon nous aux questions soulevées dans le passé". Interrogé sur le temps nécessaire aux inspecteurs pour mener leur tâche à bien", Blix a répondu que si la coopération était "sincère et honnête", ce serait "rapide". "Douze ans après (la fin de la guerre du Golfe, en 1991) nous ne savons toujours pas s'ils ont ou non des armes de destruction massive", a noté le chef de la Commission de contrôle, de vérification et d'inspection de l'Onu (Cocovinu). "Il y a trop de failles (dans la déclaration irakienne) et le monde aimerait être sûr que l'Irak est débarrassé des armes de destruction massive. Et tant que les inspecteurs n'en sont pas convaincus, nous ne pouvons (en donner l'assurance) au Conseil de sécurité". La tension est palpable, ...le Monde électrique...


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