En 2015, François Hollande c'est 900 euros de dette publique supplémentaire par français !
Friday  22 November  2024
Bonne lecture !
 
3ème Chronique

Zainap Gashaeva, colombe tchétchène

Kritix, le Saturday 11 November 2006 - 4411 consultations - Commenter la chronique

1947: déportation des Tchétchènes au Kazakhstan. Cette terre d'exil vit naître Zaïnap Gashaeva. Issue d'une riche famille de propriétaires terriens, elle se forge par son inique condition. Ses parents la surnommèrent "Coca", colombe en tchétchène faisant le voeu d'un avenir pacifié. En 1968, elle rentre d'exil avec ses parents et ils s'établirent à Grozny sans recouvrer leurs titres de propriété. Le quotidien fut spartiate. En 1989, Zaina Gashaeva s'établit à Moscou avec ses enfants. En 1991, elle crée une entreprise de transport "Nashro91". Tout était pour le mieux. La capitale Grozny est bombardée en novembre 1994, son passé la rattrape. Le signe du Destin frappe à sa porte et la transporte aux confins de l'horreur, faisant de sa vie le transport mémoriel d'une justice en devenir. Elle prend immédiatement la mesure de sa tâche et se voue corps et âmes à cette mauvaise fortune. Sa patrie brûle! elle doit la panser.

Rêve de liberté en tchétchènie...
© kritix.com

Désormais, pour conjurer le Sort, elle ratisse sur le terrain les tourments de sa patrie. Le 8 mars 1995, elle met sur pied une marche pacifique où femmes russes et tchétchènes demandent l'arrêt des hostilités. Mais un tournant irrémédiable fauche Zainap Gashaeva. Le 8 avril 1995, alors qu'elle se trouvait par hasard et opportunément en la ville tchétchène de Samachki, elle assiste impuissante au massacre de 500 civils par l'armée russe. Ce traumatisme l'anoblit et c'est avec cet instinct de survie qu'elle fonde son ONG "Echo de la guerre" en 1997. Elle recevra en 2002, en Suisse, le prix de la Fondation pour la Liberté et les Droits de l’homme. En 2005, ses efforts contribuent à des résultats politiques tangibles avec une première historique: la cour européenne de justice de Strasbourg condamna la Russie pour ses crimes d'Etat en Tchétchénie.

En janvier 2006, Vladimir Poutine décrète la fin de la seconde guerre de Tchétchénie, sous le vocable diplomatique de "opération anti-terroriste". Mais les exactions perpétrées par Ramzan Kadyrov, premier ministre tchétchène aux ordres du Kremlin, perdurent dans l’indifférence de la communauté internationale. En Tchétchénie, le 21 avril 2003, Zohra Bétieva, l’une des membres les plus actives de l’ONG "écho de la guerre" fut supprimée avec tous les siens par l’explosion de sa maison. Après avoir été internée dans un centre de torture russe, elle avait eu le tort de déposer une plainte à la Cour européenne des Droits de l’homme (CEDJ). Depuis, Zaïna Gaeshaeva est sur écoute: le FSB a fouillé maintes fois ses domiciles, elle se sait menacée, ses proches craignent pour sa vie, après avoir été incarcérée. Coca mesure les périls. Elle sait désormais que les actions humanitaires n'occasionnent pas de réels dangers, à la différence des droits de l'homme qui font appel aux droits de la machine judiciaire internationale: l'aspect politique est redoutable pour les commanditaires qui doivent rendre des comptes devant l'Histoire.

Zaïnap Gashaeva, femme tchéchtchène engagée, présidente de l’ONG "Echo of War". Fait un travail de compilation sur les conflits en tchétchènie.
© kritix.com

En attendant, Zaïna Gashaeva vécut de nombreuses incursions en territoires tchétchènes avec la défunte journaliste Anna Politkovshaïa qui a ses yeux ne mesurait pas toujours les risques encourus. Elle assista à des exécutions sommaires, photographia des charniers par dizaines, filma des lynchages. La tragédie tchétchène sur une population de 1 million d'habitants environ c'est: 200 000 morts et 5000 disparus depuis la première guerre: les enlèvements de beaucoup d' hommes en âge de se battre sont le lot quotidien parmi les civils arrassés par le Sort et fatalistes devenus. L'arbitraire est la règle dans une indifférence apparente. Dans ce contexte, où tout semble si funeste, si fragile, Zaïna Gaesheva en tragédienne slave, espère avoir le temps nécessaire pour ordonner, classer tous les fonds médias, qu'elle accumule en Suisse pour le tribunal international.

Sachez que que l'on a pour vous un profond respect et une très grande admiration. L'une des membres de votre ONG a été assassinée à Grozny. Il nous semble que le châtiment fut choisi. Aussi pourrions-nous nous demander si pour votre protection, vous ayez pu avoir des soutiens politiques russes, tchétchènes et occidentaux ? Il semble que les relais politiques occidentaux aient été réduits à la portion congrue, aussi ténus que pourraient l'exiger certaines "bonnes consciences". Vous êtes formidable, madame. Formidable, à vous seule savez contenter la mémoire d'un peuple tout entier. Peu d'Hommes, madame, ont votre trempe. Voici comment des enfers de l'ignorance, la volonté et l'abnégation d'une seule femme sauva l'honneur d'un peuple. Coca, une femme de Vérité.
      


Pour commenter cette chronique, connectez-vous...
Pour s'inscrire, cliquez-ici.
Pseudonyme
Mot de passe
Mémoriser


Mot de passe oublié ?
 
Regrets éternels en langue de bois d'un Bourget
Sans dents et sans reproches
Élan patriotique pour un 11 janvier 2015 en « balles tragiques » à mille temps
Pragmatique
Phrygien d'airain
Gastronome en talonnette courte
PPP ou l'impuissance du Politique
Jean-Marc Ayrault, payeur de Notre-Dame-des-Landes
Lepage Corinne, courage Parménide
'Shame on you' américano-hollandais
Livre tournois de Valençay
Commandement normatif
Bilderberg, la pieuvre
Bipartisme défait
Lumières de Hollande

Être tenu informé des dernières chroniques publiées en s'abonnant à ce flux RSS

Follow kritix on Twitter