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4ème Chronique
Résistance iranienne : Shirin Ebadi, la voix de Londres
Kritix, le Saturday 23 January 2010 -
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Le 12 juin 2009, l'Iran vota pour la présidentielle. Puis, à l'issue du scrutin, les permanences des réformateurs furent saccagées, l'Internet coupé, Téhéran mit sous couvre-feu ! Le lendemain, Mahmoud Ahmadinejad s'autoproclama vainqueur avec 63 % des voix. La diligence, la précipitation obligea les réformateurs Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi à révéler au monde une fraude électorale massive, fomentée par le système Ahmadinejad... Précisons que tous ces protagonistes sont les fils spirituels de l'ayatollah Khomeiny que la France protégea du Shah d'Iran... La France protégeait les ferments de cette république islamique, tandis que les USA protégeaient le régime corrompu du Shah. Notons qu'en Afghanistan, il en fut tout autrement : les USA protégèrent les Talibans (Voir la chronique En OTAN Massoud, c'est Kaboul à zéro) en lutte contre l'URSS... La diplomatie occidentale n'est pas à quelques errements près...
Le maire de Poitiers Alain Claeys applaudit Shirin Ebadi, le 3 décembre 2008 à Poitiers.
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Le fondamentaliste Mahmoud Ahmadinejad pend haut et court son opposition ! Depuis le 14 juin 2009, cet obscurantiste torture, réprime, assassine ses opposants, y compris les partisans du régime des mollahs ! Juin 2009, c'est l'origine des soulèvements massifs, spontanés, opposés au système Ahmadinedjad : on décomptera entre 36 et 72 morts dans les rues de Téhéran et plus de 5 000 arrestations ! Le Guide suprême Ali Khamenei, officiellement arbitre politique, confirma complaisamment Mahmoud Ahmadinejad dans ses fonctions le 19 juin 2009. La branche radicale des gardiens de la république islamique d'Iran l'invitèrent à se conformer à la propagande Ahmadinedjad, lui rappelant la mort tragique au Pakistan voisin de la candidate Benazir Bhutto affiliée à l'Internationale socialiste, une réformatrice exterminée lors d'un attentat suicide le 27 décembre 2007... Il se trouve que la talibanisation est en marche dans cette région du monde. Le lendemain, le 20 juin 2009, Neda Agha-Soltan, une iranienne fusillée par les milices du système Ahmadinedjad durant des manifestations, devint le martyr de la résistance iranienne. En août 2009, près de 100 manifestants furent déférés devant le tribunal révolutionnaire, dont la scientifique française Clotilde Reiss (accusée d'espionnage), mise aux fers le 1er juillet. Depuis, elle fut libérée sous caution et assignée à résidence à l'ambassade de France. » Le peuple iranien met au pas le sanguinaire Mahmoud Ahmadinejad
Shirin Ebadi défendant ses convictions le 3 décembre 2008 à Poitiers.
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Le 8 septembre 2009, les réformateurs Moussavi et Karoubi sont mis aux fers. Le 18 septembre, des manifestations spontanées envahissent Téhéran : l'ex-président réformateur, Mohammad Khatami, est agressé par des mercenaires des services secrets. Arrestations et tortures se succèdent. Le 4 novembre 2009, date anniversaire de la prise de l'ambassade US en 1979, des manifestations spontanées courent les rues de Téhéran aux cris de « Mort au dictateur ! ». Le 7 décembre 2009, lors de nouvelles manifestations, les arrestations sont toujours plus nombreuses. Le lendemain, Mahmoud Ahmadinedjad, menace la vie de son opposant Mir Hossein Moussavi et frappa d'interdiction le journal réformateur Hayat e No. Huit jours passèrent et vint celui de la fête religieuse de l'Achoura, temps d'extrêmes violences dans la capitale iranienne et dans les villes de province. Ce qui est un blasphème, tant les fêtes religieuses doivent respecter la trêve entre belligérants. Le guide suprême, soucieux, appèlera au calme. Les miliciens bassidjis à la solde du pouvoir Ahmadinejad tirèrent sur la foule qui les pourchassa : jamais le peuple iranien n'avait encore combattu les milices gouvernementales. Officiellement on reconnaitra 8 morts dont le neveu de Mir Hossein Moussavi. Le sanguinaire Mahmoud Ahmadinejad venait d'émettre un avertissement dont lui seul a le secret... Les jours suivants, des arrestations de proches de Khatami et Moussavi se poursuivirent. » Malgré l'Iran islamique, la Perse demeure
Shirin Ebadi recevant l'interprétation d'une question du public, le 3 décembre 2008 à Poitiers.
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La patrie de l'antique Perse n'en finit pas de se torturer. L'Iran est, depuis l'instauration de la république islamique, la victime expiatoire de l'obscurantisme. Le régime des mollahs fondé par Rouhollah Mousavi Khomeyni (premier guide suprême de la révolution islamique ; exil en France en 1978 jusqu'au 1er février 1979), fut instauré après la chute du pouvoir tyrannique du Shah. La juriste et futur prix Nobel de la Paix (2003) Shirin Ebadi (Voir la chronique Poitiers reçut Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix 2003), proche du candidat réformateur Mehdi Karoubi, soutenait alors la république islamique, lors du renversement du Shah d'Iran... Au fil des ans, le régime islamique s'est durcit, radicalisé. Les modérés de la république islamique appelés réformateurs (l'électorat urbain) ne sont plus aux affaires. Pour être plus explicite : la majorité des campagnes (l'électorat rural) iraniennes votèrent pour la frange fondamentaliste de la république islamique. Entre temps, les USA ont attisé les ressentiments entre occidentaux et monde musulman... Malgré tout, les iraniens ont la sagesse de faire la part des choses. Les plus instruits d'entre eux commencent à s'élever contre une république islamique répressive, intolérante et va-t-en guerre ! C'est bien cela que Shirin Ebadi dénonce avec pugnacité, depuis son exil londonien (sa vie est menacée par les sbires du président iranien).
Drapeau irannien
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Mir Hossein Moussavi, esthète persan réputé dont la femme Zahra est diplômée en sciences politiques, est depuis les élections du 12 juin 2009, l'opposant déclaré au président Mahmoud Ahmadinedjad... Simplement il ne faut pas s'y tromper : cet homme veut préserver la république islamique d'Iran, ce qui explique son positionnement résolument modéré (au regard des commandements de la révolution islamique). Il voit dans la modération politique le seul moyen de pérenniser le régime des Ayatollahs. Pour éviter la guerre civile, Mir Hosein Moussavi proposa le 1er janvier 2010, un compromis : l'obligation pour Ahmadinedjad de rendre des comptes, la grâce des prisonniers politiques, le respect des libertés, en échange du retour à la paix civile.
Shirin Ebadi sait que l'Iran doit éviter à tout prix la catastrophe Ahmadinedjad. C'est pourquoi depuis Londres elle envoie à la Maison Blanche tout ce qu'elle peut pour sauver son peuple, emporté par le fondamentalisme. Shirin Ebadi veut éviter que les héritiers de l'antique Perse ne soient décimés au nom de l'obscurantisme. Le prix Nobel 2003 sera à coup sûr entendu par le prix Nobel 2009 Barack Obama... Pour cette éminente juriste, la résistance émane du peuple, sûrement pas de l'Occident : il n'est qu'à observer les manifestations spontanées réprimées dans le sang ces dernières semaines... » Temps maussade sur Téhéran Le président fondamentaliste Mahmoud Ahmadinedjad cherche à museler sa jeunesse, à museler les forces vives des héritiers du raffinement de la civilisation persane. La lauréate du prix Nobel de la paix 2003 est la cible toute désignée du despote Mahmoud Ahmadinedjad. Dans les rues de Téhéran, début janvier 2010, la rumeur se répand : un professeur en physique nucléaire a été assassiné par des services secrets... Les yeux se tournent vers Israël ; vers le Mossad.
Shirin Ebadi au pupitre lors de sa conférence au TAP de Poitiers le 3 décembre 2008
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Shirin Ebadi, fondatrice du centre des Droits de l'Homme de Téhéran, a permis à l'avocat Abdolfattah Soltani de défendre le bahaïsme (obédience de l'Islam persan, dissidente du Chiisme iranien dominant), qui compte une communauté de 350 000 membres en Iran, considérés comme des Infidèles par le régime de Téhéran. Le centre mondial de cette communauté musulmane se situe en Israël à Haifa. Téhéran considère cette communauté comme la « taupe » Israelienne... Or, pour Mahmoud Ahmadinedjad, Israël doit être rayé de la carte ; avec Haïfa l'impie ! Dans ce contexte de fin de régime, le programme nucléaire iranien n'est que le symptôme d'une grande nation radicalisée de force, par les gardiens de la révolution islamique.
ANNEXE
L'association Anahita organise un Prix national, nommé « Prix Shirin Ebadi », qui récompense votre engagement citoyen.
http://www.prixshirinebadi.fr/
Association Anahita
L'association Anahita organise un Prix national, nommé « Prix Shirin Ebadi », qui récompense votre engagement citoyen. Ce Prix est établi en partenariat avec l'Université de Poitiers, la Ville de Poitiers, le Crous de Poitiers et la Fondation Poitiers Université et soutenu par la Ligue des droits de l'Homme, la Ligue de l'enseignement et le réseau des associations étudiantes Animafac. |
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