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3ème Chronique
Poitiers reçut Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix 2003
Kritix, le Wednesday 10 December 2008 -
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Poitiers, les 2 et 3 décembre 2008 ; l'association Anahita, Poitiers Jeunes, en partenariat avec l'Université de Droit de Poitiers, la Ligue des Droits de l'Homme et la ville de Poitiers, accueillèrent l'avocate et professeur Shirin Ebadi, femme iranienne lauréate du prix Nobel de la paix 2003. Le 2 décembre à 14h, conférence sur l'Islam et les droits de la femme à la faculté de droit pour les étudiants. L'Université remit à Shirin Ebadi le titre et les insignes de docteur Honoris Causa (vidéos disponibles sur le site de l'Université). Shirin Ebadi eut une entrevue avec la présidente de région Ségolène Royal. « La plus grande de toutes les menaces, c'est notre peur », Ségolène Royal parlant du courage, tel celui de Shirin Ebadi
Entrevue entre Ségolène Royal et Shirin Ebadi, à l'Université de Poitiers, le 2 décembre 2008
© vidéo Désir d'avenir
C'est au beau milieu d'un agenda très fourni que la présidente de région Poitou-charentes s'est permise, lors de son entrevue, de saluer une personnalité aux résonances universelles. A l'adresse des médias, Ségolène Royal s'est réjouie du passage à Poitiers de Shirin Ebadi qui en retour lui en fut très reconnaissante (voir l'extrait vidéo). Poitiers est « honoré par la présence de cette grande figure des droits de l'Homme », Alain Claeys
Alain Claeys présente Shirin Ebadi aux Poitevins, le 3 décembre 2008.
© kritix.com
A 19h45, Shirin Ebadi fut l'invitée d'honneur d'une soirée-débat sur la situation des femmes et des Droits de l'Homme au Théâtre Auditorium de Poitiers, flambant neuf. Discrètement, elle fit son entrée comme le public, déjà assis et occupé à discourir des nouvelles infrastructures. Nul ne la vit ; quand elle vint à gravir les quelques marches la séparant de la scène, le public l'ovationna, debout. Suivie du maire de Poitiers Alain Claeys, du président de la ligue des Droits de l'Homme, de l'association Anahita et de l'interprète madame Mahssoumé Lahigi. Les Poitevins avaient pris place, la salle quasi comble. « L'égalité homme-femme en droit est un préalable à la démocratie », Shirin Ebadi
Shirin Ebadi au pupitre lors de sa conférence au TAP le 3 décembre 2008
© kritix.com
Au pupitre, pendant 45 minutes, elle fit conférence des Droits de l'Homme dans le monde, rapporté à la condition féminine qui selon elle, malgré de notables différences, n'est glorieuse ni chez les uns, ni chez les autres ! Cependant, bien que ce soit le cas dans certaines démocraties « L'égalité homme-femme en droit est un préalable à la démocratie ». Elle montre une pratique traditionnelle ancestrale, l'exemple de l'appellation dans la société musulmane: on appèle la mère ou par le nom de l'homme ou par celui de son propre fils, jamais le sien en propre ! La misogynie dans la pratique actuelle de l'Islam qu'elle constate, lui inspire les vertus de la laïcité qui veut la séparation du Temporel du Spirituel ; menant à une possible égalité des droits, tant chez les hommes que chez les femmes: une véritable démocratie juste devient possible ! La Ligue des Droits de l'Homme s'en félicita, la salle fébrile, enthousiaste, applaudissait. Rayonnante, elle s'installa à la table où siégeaint les personnalités et répondit une heure durant, aux questions fiévreuses d'une assistance poitevine très attentive... « la culture ne reconnait pas l'égalité entre les êtres humains. », Shirin Ebadi
(De droite à gauche) Ahssoumé lahigi, Shirin Ebadi et Alain Claeys, lors de la conférence au TAP du 3 décembre 2008
© kritix.com
Shirin Ebadi se félicita que la norme des Droits de l'Homme puisse structurer le vivre juste et mieux. Puis, elle aborda avec gravité la question « structure patriarcale », pilier de sa contribution. Pilier allant au-delà de la loi puisque culturel. L'exemple international de liberté culturelle dans les fréquentations hommes-femmes consenties ; On dira à sa fille « marie toi », tandis qu'à son fils « fais attention à la maternité » ! Cette anecdote souligne comment insidieusement les mentalités se fondent dans la tradition patriarcale. Ainsi, faut-il selon elle « connaître la culture pour pouvoir la combattre ». En effet, « la culture ne reconnaît pas l'égalité entre les êtres humains ». « les peuples ne doivent pas se décourager, se résigner » , Shirin Ebadi
Table des personnalités lors de la conférence de Shirin Ebadi du 3 décembre 2008 au TAP
© kritix.com
Shirin Ebadi se voulut optimiste, se basant sur l'Histoire plusieurs fois millénaire de l'Iran, sa terre. Elle insista sur la forte résistance des femmes en Iran ; ces femmes eurent historiquement un rôle d'influence politique : aujourd'hui toujours incontournable. On trouve davantage de femmes que d'hommes dans les études supérieures en Iran: on assiste trop souvent à des suicides de jeunes femmes ne voulant pas quitter leurs formations pour le mariage. Ce qui met souvent en difficulté les politiques parfois radicales de l'actuel régime iranien : la part féminine de l'Iran s'élevant contre certains excès de la part masculine. Les hommes sont poussés à faire des études courtes pour asseoir leur suprématie matérielle et aliéner de manière factuelle la femme, l'épouse. Aussi, insista-t-elle sur ce qu'un mémorable historien français dénomma le « temps long de l'Histoire », le lent processus de la mise en pratique des réformes: « les peuples ne doivent pas se décourager, se résigner » ! « lutter pour l'égalité des droits », Shirin Ebadi
Shirin Ebadi recevant l'interprétation d'une question du public, le 3 décembre 2008 à Poitiers.
© kritix.com
Shirin Ebadi s'exprima sur le sort des minorités en Iran. « La plupart du temps elles ne sont pas reconnues: elles n'ont donc pas de droits, comme celui d'aller à l'Université ! » Elle répondait à un membre dirigeant de la communauté Baha'is du département de la Vienne en France, présent dans l'assistance. « les parts féminines et masculines doivent pouvoir s'exprimer en chacun de nous ! EGALITE ! », Shirin Ebadi Shirin Ebadi revint sur la condition des femmes. Selon elle, la maternité est une préparation sociale, mentale et économique. « C'est à la mère, seule, de décider ou non d'enfanter. Une femme doit pouvoir avorter si elle ne se sent pas prète. Que dire d'un orphelin condamné aux malheurs ! En Iran, un garçon ne doit pas pleurer: sensibilité et fantaisie ne sont pas les attributs culturels de la virilité ! » Poursuivant son élan, Shirin Ebadi élève la voix et invoque une fois n'est pas coutume, justice pour les hommes: « hommes et femmes sont égaux en droit, les parts féminines et masculines doivent pouvoir s'exprimer en chacun de nous ! EGALITE ! » Tonnerre d'applaudissements ! Sur sa lancée, elle s'enflamma et rappela que la coutume du Nom n'est pas affaire de religion, mais de tradition: les femmes s'appelant par l'homme en Iran. « Tout ce qui mène à un abus porté à l'être humain devrait être interdit, tout comme l'exploitation, faire publicité du corps pour vendre. Ces abus mettent à mal la dignité humaine ! » « ...les mollahs n'ont pas tenus leurs engagements ...», Shirin Ebadi
Shirin Ebadi défendant ses convictions le 3 décembre 2008 à Poitiers.
© kritix.com
« Révolution blanche, puis islamique, que va-t-il advenir ? Si le peuple iranien se portait si bien sous le Shah, il n'y aurait pas eu de révolution. Le peuple s'élève quand il n'en peut plus. Quand le peuple n'est pas satisfait il s'insurge, sinon il ne bouge pas.» Aussi, doit-on bien se pencher sur les attentes des iraniens, avant de vouloir changer les choses. A son habitude, Shirin Ebadi mania le Verbe avec la prudence des pas feutrés d'un chat persan... tant par ses réponses que par ses prospectives. Sur la question palestinienne, elle pensa une lutte fratricide, ne pouvant se tourner vers la paix que si chacun va vers l'autre. « La bombe nucléaire ne doit pas exister au Moyen-Orient ! », Shirin Ebadi
« Si l'OTAN attaque l'Iran, le pouvoir du président Mahmoud Ahmadinejad se verra renforcé, alors qu'il est aujourd'hui affaibli politiquement par des querelles entre les différentes factions politiques du pays. » Critique à son égard, suppliques: « n'attaquez pas l'Iran, sa jeunesse sera sacrifiée tout comme la vôtre, cherchons les points d'accord pour ménager les conjonctures et parier sur l'avenir. L'Irak est pire après la guerre des USA que sous Saddam Hussein ! La bombe nucléaire ne doit pas exister au moyen orient ! »
Le maire de Poitiers Alain Claeys applaudit Shirin Ebadi, le 3 décembre 2008 à Poitiers.
© kritix.com
Shirin Ebadi dédicaça son livre « Iranienne et libre » sorti en 2006. Elle fut sensible aux témoignages de sympathie. Sa lutte l'isole beaucoup: l'accueil chaleureux fut estimé. N.B: Ayons une admirative pensée pour l'interprète madame Mahssoumé Lahigi qui souligna avec clarté sa traduction, son interprétation du discours, dans un français de choix !
ANNEXE
L'association Anahita organise un Prix national, nommé « Prix Shirin Ebadi », qui récompense votre engagement citoyen.
http://www.prixshirinebadi.fr/
Association Anahita
L'association Anahita organise un Prix national, nommé « Prix Shirin Ebadi », qui récompense votre engagement citoyen. Ce Prix est établi en partenariat avec l'Université de Poitiers, la Ville de Poitiers, le Crous de Poitiers et la Fondation Poitiers Université et soutenu par la Ligue des droits de l'Homme, la Ligue de l'enseignement et le réseau des associations étudiantes Animafac. Bonjour, Bonsoir Je tiens à saluer une fois encore votre organisation, Anahita, pour avoir élever le débat parmi tous les poitevins. Recevoir une personnalité telle Shirin Ebadi, n'est pas chose commune et nous grandie tous. Vous avez exprimé le souhait d'utiliser quelques uns de mes clichés ; je me permets donc de vous les envoyer avec plaisir au courriel fourni lors de votre inscription, en sachant que vous en ferez bel usage pour cette juste Cause. Kritix. Bonsoir Kritix, Je vous remercie pour vos clichés. Je note à citer la source (kritix.com) chaque fois que j'en utilise un. Pour votre information j'ajoute que l'intervention de Mme Ebadi à l'Université est filmée et mise en ligne sur le UPtv par l'Université: http://uptv.univ-poitiers.fr/web/canal/62/theme/30/manif/203/index.html Cordialement, Anahita Bonsoir, Merci pour votre attention et votre information : cette conférence à la faculté de droit était en effet réservée au public universitaire. Kritix Bonjour Kritix, Merci pour ces renseignements. Nous pensons effectivement nous y rendre... Pour s'inscrire, cliquez-ici. Mot de passe oublié ? |
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