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4ème Chronique

Les Papous en chasse contre l'impérialisme chinois

Kritix, le Saturday 20 June 2009 - 4922 consultations - Commenter la chronique

Le discours fielleux des autorités chinoises n'impressionne en rien le peuple Papou, vieux de 4 000 ans, bien indifférent aux règles macro-économiques de l'Océanie, en ces terres mélanésiennes, en ce pays des plus déshérité au Monde...

Armoiries, Sir Paulias Matane (Gouverneur général) et Michael Somare (Premier ministre) de Papouasie-Nouvelle-Guinée, en 2008.
Wikimedia Commons

Les Papous sont les parents pauvres de la mondialisation. D'un côté, l'Indonésie, avec Djakarta, colonisent la partie occidentale des terres papouasiennes (ancienne colonie hollandaise, aujourd'hui appelée Province de Papouasie). De l'autre côté le Commonwealth et la Chine colonisent la partie orientale (anciennes colonies allemandes, anglaises et australiennes) des terres papouasiennes. Cette seconde moitié territoriale observe la dénomination de Papouasie-Nouvelle-Guinée (7 millions d'habitants). Son appellation est discutable et pour certains impropre. Le terme de Papou correspond à une description raciale : en malais, seule langue connu des colons, il se traduit par crépu. Bien que la dénomination Papou soit aujourd'hui admise et reconnue, il n'en reste pas moins que l'ignorance des colons sur le patrimoine linguistique des différentes ethnies du peuple Papou, ne saurait présumer du véritable nom de ce peuple. Le terme de Nouvelle-Guinée provient de l'analogie raciale que les colons occidentaux constatèrent entre l'aspect physique des peuples guinéens d'Afrique et celui de cette terre océanienne. En Indonésie, ces dernières décennies, la province de Papouasie fut témoin d'un massacre de près de 100 000 papous qui se rebellèrent contre le régime para-militaire de Djakarta. De 1988 à 1997, il y eut 20 000 morts sur l'île de Bougainville, territoire de Papouasie-Nouvelle-Guinée où la communauté mélanésienne majoritaire s'éleva contre l'allégeance faite aux britanniques, contre un gouvernement de Papouasie corrompu.

Drapeau de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Wikimedia Commons

En 1975, la Papouasie-Nouvelle-Guinée proclama son indépendance après des siècles de colonisations occidentales. Indépendance toute relative tant l'on sait les liens institutionnels qui lient ces terres à la couronne britannique et par voie de conséquence, à l'UE. La reine Elisabeth II, chef du Commonwealth, représentée par le gouverneur général Sir Paulias Matane dont la politique est mise en œuvre par le premier ministre Michael Somare, observe une orientation politique anglo-saxonne où l'économie de marché libérale répond des intérêts libre-échangistes de la Chine.

Le 8 mai 2009, des mineurs papous saccagèrent leur outil de travail : l'exploitation chinoise d'une mine de nickel ; quelques salariés chinois furent au nombre des blessés légers. Quelques jours plus tôt, à Port Moresby, capitale de Papouasie, des émeutiers protestaient contre l'afflux d'entrepreneurs chinois aux passeports douteux... Dans trois villes dont Lae, des Papous pillèrent 9 commerces qui réouvrirent quelques jours après, sans porter volontairement atteinte à l'intégrité physique des personnes : on déplorerait deux morts. A Mount Hagen, les forces de police dispersèrent les derniers émeutiers récalcitrants. Le chef de l'opposition papoue, Mekere Morauta, accabla les autorités d'incompétences, lesquelles constituent l'unilatéralisme des exploitations chinoises au détriment du peuple. Le pillage en règle des sols (minerais) et des entreprises par les privatisations répondant des désidératas chinois, conduit à l'asservissement des Papous pour le plus grand profit de la croissance économique chinoise.

Élisabeth II, reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne, d'Irlande-du-Nord et chef du Commonwealth.
Wikimedia Commons

Fébrile, le 18 mai 2009, la Chine demanda à la Papouasie-Nouvelle-Guinée de mieux protéger ses intérêts (investissements) après les heurts anti-chinois contre ses expatriés-investisseurs et de punir les insurgés coupables de pillages, responsables de la mise à sac des commerces chinois. L'ambassade de Chine exigea du gouvernement papouan-néo-guinéen des renforts policiers. Lequel gouvernement s'exécuta diligemment. Les ressortissants chinois ne virent que leurs biens matériels réduits à rien. Cependant, la Chine craint une propagation des insurrections, ce qui justifie ce pourquoi elle cherche à éteindre toute rébellion s'élevant contre son expansion colonialiste. La communauté des expatriés chinois, sorte de colons de l'économie de marché de l'Empire du Milieu, construit son expansion économique par une spéculation à la hausse des denrées ; lesquelles, dispendieuses, réduisent les marchés conquis à la disette !

Ainsi, les Papous veulent-ils évincer la logique chinoise et les expatriés qui vont avec. Les Papous considèrent comme légitime de réinvestir leur commerce de proximité, de subsistance. L'archipel de Papouasie-Nouvelle-Guinée regorge de ressources naturelles (pétrole, cuivre, or, bois, terres arables) que son gouvernement privatise à tout-va ses ressources, sans consulter ses peuples !

L'appauvrissement des Papous sera durable, si rien n'est fait contre ce processus anglo-saxon ! Près d'un million de Papous vivraient dans le dénuement le plus total. La pauvreté, selon les critères onusiens, c’est vivre avec moins d’un dollar américain par jour. Or, 40% des Papous vivraient avec moins d’un dollar US par jour et, parfois, certains vivraient avec 37 dollars US par an ! La situation est d'autant plus abjecte que ce peuple, sorti tout droit de la nuit des temps, vit de troc et ignore tout des réalités marchandes de l'import et de l'export ; en d'autres termes, ce que firent les USA avec les indiens d'Amériques, la Chine compte bien le faire avec les Papous.

Partage ?
"Je sais tout", septembre 1907

En se battant ostensiblement pour la préférence nationale, l'actuel opposant papou Mekere Morauta, chef de gouvernement en 2001, réforma les modes de scrutins pour réduire l’instabilité politique et la corruption, avec le soutien de la Transparency International [FR] et l’UE. Les premières élections selon le nouveau système LPV eurent lieu en 2007. Ce peuple est aujourd'hui gouverné par une clique de corrompus bien en vue à Beijing (Pékin) par le 8ème président de la république populaire de Chine, Hu Jintao, avec la complaisance de la banque mondiale et du FMI gouverné actuellement par le socialiste français Dominique Strauss-Kahn.

Mekere Morauto rappelle au monde qu'au plus profond des âges, nos racines tribales gagnent en légitimité sur l'Homme civilisé... Le sauvage n'étant pas forcément celui que l'on croit...

[Consultez aussi le site Survival : le mouvement pour les peuples indigènes]


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