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4ème Chronique

Bouteflika, le secoué d’Algérie !

Kritix, le Monday 26 May 2003 - 5778 consultations - Commenter la chronique

Jacques Chirac a exprimé la solidarité de la France avec les Algériens, le 22 mai 2003, au lendemain d'un violent tremblement de terre qui a fait plus de 500 morts et près de 5.000 blessés dans la région d'Alger. "Je voudrais (...) exprimer la très forte émotion de la France et de chacun d'entre nous devant le malheur qui vient de frapper l'Algérie, victime hier soir d'un terrible tremblement de terre qui a fait, hélas, de très nombreuses victimes", a déclaré le président français en ouvrant à Paris la conférence internationale sur "les routes de la drogue". "Que les Algériennes et les Algériens soient assurés de la solidarité de la France, mais aussi de celle de tous les pays représentés ici, ainsi que de notre volonté de nous tenir à leurs côtés fraternellement dans la cruelle épreuve qui les frappe", a-t-il ajouté. J.Chirac a écrit par ailleurs au président algérien, Abdelaziz Bouteflika, pour lui exprimer sa "vive sympathie" et proposer à l'Algérie "toute l'assistance nécessaire". L'Élysée a annoncé en début de matinée que la France envoyait en Algérie deux équipes de la sécurité civile - 120 personnes au total avec du matériel et des chiens. "La France est en contact avec les autorités algériennes et examinera favorablement toute demande d'aide qui lui serait présentée", a déclaré la porte-parole de la présidence de la République, Catherine Colonna.

Le 24 mai, les espoirs s'amenuisaient de retrouver des survivants du séisme ayant frappé cette semaine la région de Boumerdès, tandis que la colère monte chez les habitants de la zone touchée. Des équipes de secouristes épaulées par des chiens et des appareils de détection passaient au crible les décombres des bâtiments détruits par le tremblement de terre, qui a fait plus de 8.000 blessés. Le président A.Bouteflika, venu rendre visite aux habitants des zones les plus sinistrées, a d'abord été accueilli par des cris de joie et les larmes d'un survivant venu se jeter à son cou. Mais les soldats ont ensuite dû le protéger de la colère de la foule où, fait rarissime en public en Algérie, des personnes se sont mises à crier "Pouvoir assassin !" Les forces de l'ordre ont établi un cordon de sécurité pour permettre au convoi présidentiel de fendre la foule, mais certains ont cherché à frapper et à lancer des projectiles contre la voiture du chef de l'État. Le soir vers 19h35, une coupure générale de courant a plongé dans le noir les quatre millions d'habitants d'Alger, où de nombreuses répliques se sont fait sentir depuis la secousse du 21 mai 2003.

Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a tenté de préparer son peuple à accepter qu'il n'y a peut-être plus de survivants. "La réalité est que le moment viendra où la recherche de survivants sera terminée", a-t-il déclaré sur la radio d'État. Mais les habitants des régions sinistrées ne semblent pas décidés à accepter ces nouvelles dans le calme: le quotidien Le Matin rapporte que Ouyahia a été chahuté alors qu'il visitait une ville touchée et que son ministre de l'Intérieur a été accueilli par des jets de pierre dans une autre localité. "L'armée est là, mais sans les équipements qui pourraient nous aider à sortir les gens [des décombres]", expliquait un homme à Zeemouri, une ville côtière proche de l'épicentre du séisme, au milieu des tas de couvertures, de vêtements et de nourriture offerts par des habitants de tout le pays. "Nous travaillons tous à l'unisson. Dieu sait que nous faisons de notre mieux. C'est le moins que nous puissions faire", ajoutait-il les larmes aux yeux. L'attention se porte désormais sur la prévention des épidémies qui pourraient se propager à partir des corps coincés sous les décombres, dont la décomposition est accélérée par une température de l'ordre de 30°C. Des responsables de la Protection civile ont demandé aux secouristes de porter des masques de protection, a rapporté la radio d'État. Un attaché de presse du ministère de la Santé a déclaré qu'un centre médical a été installé à Boumerdès afin de surveiller l'apparition de maladies, ajoutant que la situation était compliquée par la destruction de quatre hôpitaux de la ville. Des milliers de personnes ont dormi dans la rue cette nuit, craignant que des répliques du séisme ne portent un coup fatal à leurs habitations. Environ 300 habitants ont transformé en camping de fortune un parking de Boumerdès, dressant des tentes improvisées à l'aide de draps et de couvertures. Un hôtel des environs a servi aux sinistrés des baguettes de pain et du café. Les autorités, qui s'efforcent de rétablir les lignes téléphoniques endommagées ainsi que l'alimentation en eau et électricité, ont fait savoir qu'elles ordonneraient la destruction des bâtiments trop endommagés pour être habitables.

La colère des Algériens face à la gestion de la crise par les autorités n'a cessé d'enfler, certains estimant qu'elles ont permis la construction de bâtiments insuffisamment résistants dans cette région de la côte méditerranéenne sujette à une intense activité sismique. Le pouvoir a répondu en annonçant le versement d'une indemnisation de 700.000 dinars (9.000 dollars) aux familles de chacune des victimes. Les secouristes ont fait savoir qu'ils étaient peu susceptibles de retrouver des survivants dans les décombres. Le Premier ministre a déclaré que le bilan de cette "calamité naturelle" risquait de s'alourdir. Le chef du gouvernement a toutefois assuré que la situation serait maîtrisée d'ici quelques temps, annonçant que plusieurs camps seraient installés dans les trois jours à venir. Plusieurs centaines de secouristes, venus de 14 pays, européens pour la plupart d'entre eux, ont continué à arriver en Algérie. Sur place, à l'aide de chiens, de détecteurs de chaleur et de sons, ils continuent avec les équipes algériennes à chercher des signes de vie sous les débris d'immeubles dans lesquels ils s'enfoncent jusqu'aux genoux. Mais l'espoir est de plus en plus mince, même à Zeemouri, où une équipe de sauveteurs turcs et japonais ont sauvé un homme de 21 ans, enseveli durant 50 heures sous les décombres. "Peut-être qu'il y a encore des gens en vie, mais nous avions les chiens et l'équipement ici ce matin. Il n'y avait rien", déclarait le chef de l'équipe japonaise. Selon les autorités, la ville de Boumerdès, à l'est d'Alger, a été la plus touchée par ce tremblement de terre, le plus violent qu'ait connu le pays depuis 20 ans. Le séisme y a fait au moins 840 morts et plus de 1.200 personnes sont encore portées disparues. Dans la ville voisine de Reghaïa, on craint qu'environ 800 personnes n'aient été écrasées par l'effondrement d'un immeuble de dix étages dans un déluge de métal et de béton. "Des corps déformés ont été retirés (des décombres). Vous sentez comme moi l'odeur des cadavres en décomposition", a déclaré à Reghaïa Slimane Chabouni, 24 ans. A Alger, le nombre de victimes avérés s'élève à 638 personnes. La secousse a été particulièrement meurtrière parce qu'elle s'est produite à l'heure du dîner. Beaucoup d'Algériens étaient à table ou devant leur poste pour la retransmission de la finale de la coupe UEFA de football.

Le bilan du séisme en Algérie s'est encore alourdi le 26 mai 2003, franchissant le seuil des 2.200 morts et près de 9.000 blessés. Quatre jours ont passé et par une température de 30°C, les sauveteurs ne misent plus que sur des miracles. L'espoir de retrouver des survivants s'était focalisé tout au long de la journée sur le sort d'une fillette de onze ans coincée sous les débris d'un immeuble de quatre étages à Boudouaou, ville côtière dévastée par le tremblement de terre. Mais au crépuscule, après avoir lutté pendant des heures, une équipe de secouristes italiens s'est finalement résignée à l'inévitable, demandant de l'équipement lourd pour dégager les décombres. A Boumerdès, autre ville de l'Algérois frappée par ce séisme de 6,7 sur l'échelle de Richter, un chirurgien polonais épuisé constate: "C'est tout simplement impossible de trouver des gens vivants. Seulement des morts. C'est trop tard." Les secouristes ont laissé la place aux bulldozers et aux grues qui mettent au jour des cadavres boursouflés ou noircis, alors que flotte dans l'air une odeur tenace de désinfectant. Habituées à intervenir sur des séismes majeurs, de l'Inde à la Turquie, les équipes internationales s'attendent pourtant encore à retrouver au bout de plusieurs jours une poignée de rescapés sauvés par une poche d'air ou un point d'eau.

Le 25 mai au soir, les autorités ont annoncé que le bilan des victimes s'élevait à 2.162 morts et 8.965 blessés. Mais le millier de disparus fait craindre un bilan définitif de plus de 3.000 morts. Le séisme a privé de toit quelque 15.000 habitants. Le gouvernement a dit porter désormais son attention sur la prévention des épidémies qui pourraient se propager à partir des corps coincés sous les décombres et en raison de la pénurie de toilettes et d'eau potable. Les autorités s'efforcent également de rétablir les lignes téléphoniques endommagées, ainsi que l'alimentation en eau et en électricité. Mais la tristesse a laissé la place à la colère chez les Algériens, qui accusent le pouvoir d'avoir fermé les yeux sur la construction de bâtiments de mauvaise qualité dans une région où les séismes sont fréquents, et d'être resté inactif alors que le bilan ne cessait de s'alourdir. Certains ont déversé cette colère sur le président Abdelaziz Bouteflika lors de sa visite le 24 mai dernier dans les zones les plus durement touchées. Il a été accueilli par des jets de pierre sur sa voiture et la foule l'a traité d'"assassin". "Démissionnez Monsieur Bouteflika", titrait dimanche le quotidien Le Matin, qui affirme qu'aucun président algérien n'a été insulté de la sorte par son peuple depuis l'indépendance en 1962.


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