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2ème Chronique
Tchétchénie de Poutine : Anna Politkovskaya assassinée, Zaïnap Gashaeva persévère !
Kritix, le Sunday 29 October 2006 -
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Voici contées les tragédies que la Russie ne dénombre plus. Anna Politkovskaya, journaliste russe de "Novaïa Gazeta" , fut assassinée le 7 octobre 2006 à l'entrée de son domicile moscovite. La communauté internationale s'est émue du coup porté à la liberté d'expression ; aux droits de l'Homme.
Anna Politkovskaya, journaliste et dissidente russe assassinée le 7 octobre 2006, suite ses publications engagées sur le conflit tchétchène.
© kritix.com
Les Russes n'y furent pas indifférents ; un malaise, une vive émotion a transi Moscou et la Tchétchénie. On se serait cru aux pires heures du régime stalinien ou le crime politique était la règle du genre soviétique. Après un silence assourdissant, le président russe Vladimir Poutine s'est exprimé avec sa froideur légendaire deux jours plus tard à Berlin lors d'une visite officielle: il voulut que toute la lumière fut faite sur ce crime, tout en signifiant que selon lui cette victime n'avait pas l'importance que les médias occidentaux ont bien voulut lui prêter et qu'elle était politiquement insignifiante. Son hôte, la chancelière allemande Angela Merckel, ne commenta pas les mots du président russe, après avoir rendu hommage à Anna Politkovskaya et s'être inquiétée sur le respect de la liberté d'expression en Russie. La Russie et l'Allemagne étaient en négociations sur des contrats gaziers via la société d'exploitation russe "Gazprom" qui obéit en tout point aux desiderata de Vladimir Poutine. Courageuse et intègre, Anna Politkovskaya couvrait les exactions russes en Tchétchénie. La Russie de Poutine sévit avec la plus grande des fatalités autour de la seconde guerre Tchétchène déclarée il y a 8 ans. L'origine du conflit tient essentiellement en ce que des indépendantistes ont fait valoir leur émancipation de l'ancien empire soviétique: rouleau compresseur versus velléité d'indépendance terroriste. Or, cette zone riche en ressources naturelles est surtout une zone géostratégique de premier ordre pour la fédération de Russie. Le président Russe ne peut pas, pour raison d'état, priver les intérêts russes de cette porte sur l'Orient. Ce conflit est surtout officiellement considéré par la communauté internationale comme une affaire intérieure (interne à la fédération de Russie); d'où l'inaction de l'ONU sur la question tchétchène. La situation est désormais des plus périlleuse pour couvrir en toute indépendance du Kremlin, la vie des civils tchétchènes. Désormais affaibli, le relais de l'information passe essentiellement par Zaïnap Gashaeva, amie tchtéchène de la défunte journaliste, qui prend tous les risques pour défendre son peuple. Elle est la seule personne permettant aux journalistes occidentaux de filmer clandestinement la réalité du quotidien des civils tchétchènes, toujours victimes d'exactions russes ignorées par le régime de Poutine. C'est pourquoi elle se sent moralement investie par le devoir de mémoire que tout en Russie semble effacer.
Rêve de liberté en tchétchènie...
© kritix.com
Aussi Zaïnap Gashaeva a-t-elle fondée une ONG pacifique de réconciliation entre russes et tchétchènes "Écho de la guerre", pour d'une part aider les familles à retrouver trace des disparus (le plus souvent exécutés sommairement) et d'autre part témoigner par ses photographies et ses films clandestins de la situation, en espérant qu'un jour les crimes de guerre, ces crimes contre l'Humanité, puissent être jugés au tribunal international de la Haye en Hollande. Ces preuves sont cachées en Suisse, en espérant qu'elles puissent instruire un procès à l'avenir. Aujourd'hui, les tchétchènes veulent vivre et normaliser la situation : las et épuisés, tenaillés par la désillusion face à l'indifférence de la communauté internationale, qui par lâcheté voudrait croire à une sorte de simple "maintien de l'ordre".
Zaïnap Gashaeva, femme tchéchtchène engagée, présidente de l’ONG "Echo of War". Fait un travail de compilation sur les conflits en tchétchènie.
© kritix.com
Toujours plus menacée de mort, Zaïnap Gashaeva poursuit l'oeuvre posthume de son amie russe Anna Politkovskaya. Résolue face à l'adversité, Zaïnap Gashaeva répète inlassablement que rien ne peut justifier les exactions tchtéchènes (comme en Russie à l'école Beslan, à l'instigation du défunt Bassaïev chef de la rébellion) ou celles de l'armée russe. En cette fin 2007, les enlèvements et disparitions funestes se poursuivent quotidiennement.
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