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1ère Chronique
Sri Lanka : la silencieuse extermination des Tigres du peuple Tamoul
Kritix, le Friday 5 June 2009 -
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C'est un suicide que d'aller là-bas... Tragédie d'une fin... Terroristes parce que dissidents... Les Tigres de Libération de l’Eelam Tamoul (LTTE) furent exterminés par l'armée sri-lankaise sous couvert du blanc-seing de la communauté internationale !
Zone revendiquée (en vert) par les Tigres tamouls et territoire contrôlé de fait (limites approximatives en jaune) au moment du lancement de l'offensive gouvernementale de 2008-2009
Wikipédia
Voilà près de 4000 ans, les dravidiens, peuples du sud de l'Inde, furent à l'origine du creuset de la civilisation Tamoul. Dradida, dramila ou damila signifie « Peuple occupant le sud ». Cette terminologie se traduit aujourd'hui par tamil signifiant « Qui est harmonieux ». Le terme de tamoul est la traduction occidentale de tamil. On peut trouver et l'un et l'autre terme pour parler du même peuple. Les dravidiens excellèrent dans la marine marchande et commercèrent avec le continent indien, la péninsule arabique, la Mésopotamie, le bassin méditerranéen, l'Empire romain. Les deux royaumes dravidiens exportèrent avec les marchandises tout un savoir, une culture, un art de vivre qui seront interprétés, adaptés par de nombreuses autres civilisations noir-africaines, méditerranéennes, mésopotamienne et indienne ! L'héritage de la langue dravidienne serait considérable : beaucoup de langues agglutinantes anciennes (égyptien ancien, sumérien) ou actuelles (wolof, serer, peul) auraient des points de correspondances par la linguistique dravidienne. Les trois premières langues écrites constitutives de l'Histoire de l'Humanité sont, en l'état actuel des connaissances, l'égyptienne, la sumérienne et la dravidienne ! Cette histoire séculaire, assez mal connue, ressurgit aujourd'hui par velléités séparatistes du sud indien et de l'île de Ceylan, voulant rompre avec le sri-lanka depuis la décolonisation anglaise du XXème siècle. Un idéologue, Periyar (ou E.V. Ramasami ou Thanthai Periyar ou Periyar Ramasami, 1879 – 1973) militant rationaliste, athée, figure indépendantiste de l'état indien du Tamil Nadu (province du sud-est de l'Inde ou pays des Tamouls ; 65 millions de Tamouls), élabora une diatribe anti-religieuse. Son œuvre contribuera à la radicalisation des brigades des tigres Tamouls, ces commandos para-militaires qui auront une détermination jusqu'au boutiste, en portant atteinte aux fondements sacrés de l'Inde par la terreur des attentats suicides. Il faut donc être nuancé, attentif ; et distinguer chacune des parties de ce même peuple, en gardant à l'esprit le lien indéfectible noué entre le peuple Tamoul (comptant une diaspora de près de 78 millions d'âmes) et le radicalisme politique et armé des tigres tamouls. Un conflit larvé qui durera 30 ans entre gouvernement Sri-Lankais et séparatistes Tamouls.
Drapeau du Sri Lanka depuis 1951.
Wikimedia Commons
En 1976, le parti séparatiste Tamil United Liberation Front et les Tamil New Tigers, qui deviendront les Liberation Tigers of Tamil Eelam (Tigres de libération de l'Eelam tamoul, LTTE), revendiqueront un État indépendant et laïque, l'Eelam (nom ancestral de l'île de Ceylan, c'est à dire du Sri-Lanka). En 1987, l'Inde garantit l'intégrité territoriale du Sri-Lanka en cherchant à rétablir l'ordre dans la partie tamoul. En 1990, l'Inde se retire du Sri-Lanka après l'échec d'une mission pacifique d'inter-position. Le LTTE n'acceptera jamais la conciliation et assassinera le premier ministre Rajiv Gandhi en 1991. Désormais, le LTTE va se radicaliser en attaquant l'armée sri-lankaise et en visant des lieux civils cultuels sous l'autorité de la capitale Colombo. Ainsi, le LTTE va être inscrit par les USA et l'Angleterre dans la liste des organisations terroristes et interdit par l'ancien ami, l'Inde, victime expiatoire. Dés lors, le LTTE rejètera toute autonomie partielle, pour exiger un état indépendant, souverain.
Version actuelle du blason du Sri Lanka, adoptée en 1972.
Wikimedia Commons
Les Cinghalais sont bouddhistes, les tamouls hinduistes, une minorité de Sri-Lankais est musulmane et une autre chrétienne. Beaucoup de tamouls du Tamil Nadu proviennent de la caste des Intouchables, ce qui crée des tensions entre les différentes terres tamouls. Anglophones, les Sri-Lankais vont être en guerre civile en raison de la constitution de 1972 : la majorité bouddhiste imposant unilatéralement sa domination par sa culture. Les tamouls seront mis au ban du développement économique, malgré le discret soutien de l'Inde. De 1979 à 2009, la course à l'autodétermination sera emmenée par les très charismatiques Anton Balasingham (1938-2006) et Velupillai Prabhakaran (en tamil : வேலுப்பிள்ளை பிரபாகரன் ; né en 1954, assassiné le 18 mai 2009). Ce dernier aurait été trahi par un haut gradé tamoul qui ne supportait plus l'autoritarisme de son chef suprême qui aura fait tuer tous les tamouls modérés, neutralisant ainsi tout espoir de paix. Les Tigres de libération de l'Eelam (ou Îlam) lutteront pendant plus de 30 ans, de 1976 à mai 2009 pour l'indépendance et la création d'un état Tamoule au Sri Lanka. Depuis 1983, la Guerre civile du Sri Lanka est très meurtrière pour les civils, tant en raison de sa durée que de la détermination des deux opposants (gouvernement Sri Lankais et rebelles Tamouls) : 80 000 à 100 000 cinghalais ont périt dans ce conflit larvé ! A ce jour, la guerre d'anéantissement Sri-Lankaise causa un nombre de morts que l'ONU n'arrive pas à décompter, malgré la compétence du HCR : le déplacement des réfugiés serait de 240 000 âmes et les morts partout !
Velupillai Prabhakaran (en tamil: வேலுப்பிள்ளை பிரபாகரன்) né le 26 novembre 1954 à Valveddithurai et mort le 18 mai 2009.
© eelamwallpapers.com
Interpol et la communauté internationale chercheront à neutraliser les tigres Tamouls en les faisant passer pour terroristes : leur mode opérationnel étant la terreur. Notons que la nuance n'est ni d'un côté, ni de l'autre. Le conflit se terminera dans un bain de sang : en mai 2009, l'armée Sri-Lankaise passa à l'ultime offensive contre les indépendantistes. A l'issue d'une guerre totale, d'un pilonnage des populations civiles et des Tigres tamouls, la télévision officielle aura l'indécence contrainte de montrer au monde le cadavre du prétendument dernier chef séparatiste ; beaucoup ne croyant pas à sa mort. En France, la communauté Tamoul est très active. Le 12 mai 2009, 8 500 tamouls manifestèrent à Paris pour la paix au Sri lanka. Selon tamoulobs.com, « Le leader national des Tamouls, Velupillai Prabakaran, a toujours prôné la paix, au nom de la justice, de la vérité et de l'humanité. […] Les terribles événements qui ont eu lieu dans la province du Nord-Ouest du Sri Lanka m’amènent, au nom des anonymes, à élever la voix, à m’adresser à toutes les personnes de bonne volonté du Sri Lanka : Cinghalais, Tamouls ou Musulmans. [...] En Birmanie, les moines bouddhistes luttent contre un État militaire et contre la pauvreté. Au Sri Lanka, les moines bouddhistes prêchent pour l’épuration ethnique et la violence contre le peuple tamoul. Ils voudraient instituer un État cinghalais purement bouddhiste. » Il est à noter que le chef spirituel tibétain est en exil en Inde. (Lisez aussi l'admirable article du journaliste au quotidien Le Monde, Philippe Bolopion)
Velupillai Prabhakaran (en tamil: வேலுப்பிள்ளை பிரபாகரன்) rend hommage à des Tigres de libération de l'Eelam Tamoul, le 12 septembre 2008.
tamilnewsworld.com
Les Tigres Tamouls sont morts, le LTTE semble terrassé. Le peuple Tamoul demeure, exsangue, fourbu sous le tapis de bombe de l'armée Sri-Lankaise, avec la bénédiction, la complaisance passive de l'ONU. Officiellement, tout est rentré dans l'ordre : le Sri-Lanka est uni. Les populations civiles Tamouls restent au Sri Lanka (3 millions), cette île de Ceylan, mais aussi au sud de l'Inde dans le Tamil Nadu (61 millions), en Malaisie (1 million), à Singapour (112 000), au Canada (200 000) : diaspora oubliée de l'Occident. Dans les faits, la haine entre communautés et la haine inter-religieuse se sont exacerbées, ce qui augure des vengeances certaines et des troubles durables si le Sri-Lanka ne donne pas aux Tamouls des terres, des droits identiques à ceux de la majorité bouddhiste. Pacifier, c'est donner aux parties en conflit la dignité des droits de l'Homme : une terre et des droits semblables à l'autre partie ; pour ce peuple Tamoul à qui l'Humanité doit tant ! |
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